28 - Détresse

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Mitsuya avait raison de se méfier. Le soir du festival de Musashi, le jour où aurait dû avoir lieu la bataille entre le Toman et le gang de Osanai, les anciens membres du Moebius tendirent un piège à Draken après avoir éloigné Mikey. Ils se firent aider par Peyan, furieux que Draken se soit opposé à l'idée de venir en aide à Pachin, mais aussi par Kiyomasa, un ancien membre du Toman expulsé du clan après avoir organisé des paris sur des combats entre des collégiens.

Lorsque Mitsuya l'apprit par un des membres de la troisième division, il se précipita sur-le-champ au sanctuaire Musashi où se trouvaient Draken et Emma – la sœur de Mikey – pour tenter d'arrêter Peyan. Mais il arriva trop tard, Draken était déjà au prise avec le gang de Moebius.

L'apparition de Mikey, suivi de près par le Toman au grand complet, donna le signal de la bataille générale.




Himeko descendit du train à la gare, non loin du collège. Dehors, le soleil cognait. Il n'y avait presque personne dans les rues. En dehors des clubs de sport, les élèves ne venaient pas pendant les vacances d'été. Elle pressa le pas sans se soucier de la chaleur.

La veille, elle avait appris par des rumeurs que le vice leader du Toman avait été poignardé durant l'affrontement qui avait eu lieu quelques jours plus tôt au sanctuaire Musashi. Draken s'en était tiré de justesse, mais il s'en était fallu de peu qu'il perde la vie. La bagarre entre gangs avait failli se transformer en bain de sang.

Dès qu'elle avait su la nouvelle, Himeko s'était précipitée chez les Mitsuya en essayant de joindre Takashi, mais elle n'y avait trouvé personne, pas plus qu'au parc où Takashi avait l'habitude de venir avec les filles, et ses messages étaient restés sans réponse. Elle avait essayé tous les endroits où il aurait pu être, avant de se souvenir du club de travaux domestiques.

Elle était certaine que Takashi était ici. Cette salle, c'était l'endroit où il se sentait le mieux, la pièce où il se réfugiait lorsque ça n'allait pas. C'était là qu'elle aurait dû venir en premier.



Une fois à l'intérieur, elle se débarrassa de ses chaussures dans son casier et elle grimpa quatre à quatre les marches menant au troisième étage.

Taka ne l'avait pas appelée quand c'était arrivé, mais Himeko n'avait pas besoin de se demander pourquoi. Draken était son meilleur ami. Il avait failli perdre son meilleur ami.

Elle repoussa la porte et s'aperçut, sans surprise, qu'elle n'était pas verrouillée. Assis à son bureau, derrière sa machine à coudre, Taka la regarda entrer, surpris.

– Hime ? Dit-il. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Il avait les traits tirés, plus encore que d'habitude, remarqua-t-elle, et le visage pâle.

Himeko referma la porte dans son dos.

– J'ai appris, dit-elle, pour Draken.

– Ah, dit-il en revenant à son ouvrage. Je ne te l'ai pas dit parce que je ne voulais pas t'inquiéter.

La machine à coudre se remit à crépiter et Himeko le rejoignit. Pendant un instant elle le regarda, penché sur son travail. Puis elle prit son visage entre ses mains et elle le tourna vers elle. Les yeux de Taka semblaient ailleurs, toute son expression était fermée. Himeko se pencha en avant et elle le prit dans ses bras. Durant une seconde, Takashi ne réagit pas. ensuite ses bras l'enserrèrent et Himeko sentit ses doigts se refermer sur le dos de son t-shirt. Il enfouit son visage dans son cou et des sanglots le secouèrent brutalement.

– Il a failli mourir Hime... dit-il.

Il se laissa tomber à genoux, entraînant Himeko avec lui, et il la serra avec tant de force qu'il lui fit presque mal. Himeko passa la main dans ses cheveux et elle le garda contre lui, sans un mot.




Assis par terre, contre le mur, derrière son bureau, Himeko avait conservé sa main dans la sienne et elle jouait avec ses doigts.

– Ça va mieux ? Souffla-t-elle.

– Oui, merci, dit-il.

Il demeura silencieux. Gêné.

– Taka... Commença-t-elle.

Il l'interrompit avec un pauvre rire.

– Désolé pour ça Hime. Je dois être un peu fatigué.

Himeko avait toujours sa main dans la sienne. Ses doigts s'immobilisèrent.

Elle allait devoir trouver les mots justes.

– Je ne veux pas être seulement ta petite amie, dit-elle. Je veux être une des personnes sur lesquelles tu t'appuieras quand ça n'ira pas. Je n'ai pas envie que tu aies honte d'aller mal. J'ai envie d'être la personne vers qui tu te tourneras quand ça ira mal. Je veux être là pour toi, Takashi Mitsuya, dans les bons, comme dans les mauvais moments, mais surtout dans les mauvais, parce que je t'aime.

À côté d'elle, il ne répondit pas. La main de Taka se referma sur la sienne. Il posa la tête sur son épaule.

– Merci Hime... Murmura-t-il. Alors je vais rester comme ça, juste une petite minute.

– Autant que tu voudras, répondit-elle.

Dehors, le soleil continuait à cogner au milieu des crissements des cigales et seul un souffle de brise soulevait de temps à autre les rideaux, au-dessus de leurs têtes.

– Comment tu as su que j'étais ici ? Lui demanda-t-il un instant plus tard.

– Si j'avais été plus futée, dit-elle en laissant échapper un petit rire, je l'aurais compris tout de suite.

Himeko tendit la main et caressa sa joue. Elle la trouva encore humide. Takashi prit ses doigts et il les porta à ses lèvres.

– Merci d'être venue Hime. Vraiment. La prochaine fois que ça n'ira pas, je t'appellerai, c'est promis.

– Et moi je viendrais, répondit-elle.




Lorsqu'ils sortirent, le ciel avait commencé à se teinter des nuances orangées du soir.

– Les filles n'étaient pas chez toi quand je suis passée tout à l'heure, dit-elle.

– Je sais, répondit Takashi. Elles et ma mère ont voulu aller à l'aquarium pendant son jour de congé. Je leur ai dit que j'avais du travail à finir.

– Je vois.

– Tu es passée chez moi ? S'étonna-t-il.

Himeko opina.

– Et à tous les endroits où je pensais te trouver, dit-elle. Je serais bien aller voir les membres du Tokyo Manji Kai un par un, si j'avais su où ils étaient. J'ai aussi pensé à l'hôpital, mais je ne savais pas dans quelle clinique il avait été admis.

– À l'hôpital central, répondit-il. Près de Shinsen.

Ils arrivèrent sur le quai de la gare et Himeko leva les yeux vers lui.

– Tu veux aller le voir ?

– Oui, dit-il. Et j'aimerais bien que tu viennes avec moi.

 Et j'aimerais bien que tu viennes avec moi

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Red Butterfly [Mitsuya x OC]Where stories live. Discover now