26 ·  ·  ·  𝑹𝒂𝒑𝒑𝒓𝒐𝒄𝒉𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝑻𝒓𝒐𝒖𝒃𝒍𝒆

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➠ 𝘈𝘯𝘥𝘳𝘦𝘸
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7 h 15, Colombie
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Ce matin, je me réveille avec un sentiment étrange de légèreté. La nuit passée chez mon meilleur ami m'a apporté un réconfort inattendu, rappelant des souvenirs chaleureux dans ce monde impitoyable.

Il est le seul à qui je me sens vraiment attaché dans cette vie marquée par les ténèbres. Lui, qui a su éviter avec aisance cet aspect sombre de notre existence, comprenait parfaitement ma douleur. Pourtant, contrairement à moi, il a réussi à s'en éloigner sans trop de difficulté, même si son lien avec ces ombres persiste, en tant que pourvoyeur occasionnel de jeunes femmes pour le réseau de prostitution.

Un message inattendu attire mon attention. Je lève les yeux au ciel, pensant que c'était Santiago, mais c'est Bryanna qui me surprend. Je me demande bien ce qu'elle peut vouloir à cette heure matinale, mais j'accepte de la rencontrer.

Peut-être est-ce un nouveau piège ?

Je réponds rapidement à son message et enfile les premiers vêtements à ma portée, ajoutant un peu de parfum avant de sortir précipitamment.

À mon arrivée, elle est déjà là, assise devant chez elle. Elle se lève dès qu'elle m'aperçoit, affichant un sourire qui me met mal à l'aise. Ça fait longtemps depuis notre dernière rencontre, mais je reste sur mes gardes. En sortant de la voiture, je referme la portière derrière moi, tentant de contenir un sourire. Quelque chose au fond de moi se réjouit de la revoir, mais je reste méfiant.

— Pourquoi cette demande soudaine ? demandé-je d'une voix brève, sans salutations inutiles.

Notre relation est tout sauf amicale, et je ne vais pas jouer l'hypocrite en agissant comme si nous avions tout oublié. Nous nous détestons, elle veut me tuer et je veux découvrir pourquoi pour ensuite la détruire.

Je pourrais la kidnapper comme elle l'a fait, la menacer, voire même la torturer jusqu'à ce qu'elle parle, mais je ne suis pas à l'aise avec de telles pratiques, surtout envers une femme.

Même si Santiago m'en donnait l'ordre, je ne sais pas si je pourrais le faire.

Pourquoi cette hésitation ?

Vous pourriez me reprocher... que je tue et affirmer que c'est pire... mais... je tue par nécessité, pas par plaisir. Je n'ai jamais choisi d'évoluer dans ce monde sombre, et même si ce n'était pas ma volonté, une fois que l'on est pris dans cet univers, il est impossible de faire marche arrière. J'ai été initié très jeune à l'art de manier une arme, c'est devenu presque une extension naturelle de ma main. Donc... je ne peux pas envisager de faire autre chose. Généralement, ceux qui tentent de s'en sortir le font pour protéger leur famille, mais moi, je n'ai rien de tout ça, alors pourquoi essayer ? Je me sens perdu... mon âme est en perdition... mais je suis convaincu qu'un jour je trouverai la rédemption... je le sais... je me battrai pour obtenir le pardon céleste.

Bryanna me dit que c'est pour me remercier, me sortant de mes pensées. Je me demande bien pourquoi elle veut me remercier. Je n'ai rien fait de particulier, à part peut-être lui avoir prêté main forte ?

C'est peut-être cela ?

Je ne suis pas à l'aise avec le fait qu'elle me remercie. On ne m'a jamais remercié pour avoir tué des gens. D'ailleurs, je trouve cela malsain. Pourquoi remercier la mort ? Il ne faudrait pas glorifier de telles atrocités, surtout celles liées à la perte de vies humaines. Mais comment y mettre fin ? Comment arrêter de tels actes lorsque des hommes comme moi existent pour les perpétrer ?

— Non non, ma vie était aussi en danger, c'est normal ! répliqué-je rapidement, tentant de minimiser ses remerciements.

— Je ne parle pas de ça... Je parle des corps que tu as retirés de la véranda.

Je suis surpris par sa déclaration. Je n'ai jamais retiré aucun corps. Aurais-je mal compris ou se trompe-t-elle ? Voyant mon silence, elle se met à se triturer les doigts, signe de stress. Je ne l'ai jamais vue dans un tel état. C'est comme si elle était perturbée.

— Je n'ai jamais rien retiré, Bryanna, affirmai-je, insistant sur l'utilisation de son vrai prénom pour souligner ma sincérité.

Elle essaye de formuler une phrase, mais semble incapable de la terminer. C'est étrange, je n'ai jamais vu cette facette d'elle. Mais moi-même, je me sens dépassé.

Malgré mes réticences, je décide de l'aider. Mais cela me rend complice et me place automatiquement en danger. Je dois être dans le viseur des Zarris, ce qui n'est pas bon pour moi.

Santiago est puissant, et c'est peut-être ce qui pourrait me sauver, mais leur chef, jaloux des territoires qu'il possède en Colombie, a déjà mon nom sur sa liste. Si en plus ils pensent que je suis avec Bryanna, ils vont sûrement essayer quelque chose.

Nous devons être sur nos gardes, énormément sur nos gardes.

J'aurais dû refuser, mais son visage... Il semblait si... innocent, si inexpérimenté. La voir ainsi se débattre avec ses démons intérieurs... ça me faisait du bien. Ça me rassurait. Elle semblait plus humaine, plus vulnérable.

Sa question est pertinente, mais même moi, je ne comprenais pas le fonctionnement de leur gang. Rien ne semblait suivre de logique, tout comme le comportement de Bryanna en fait...

Nous ramenons les corps en plusieurs allers-retours. Je manque de rire à sa question "qu'est-ce qu'on fou chez les cochons"...

J'avais appris une chose : les cochons bouffaient de tout. Une fois dans leur estomac, il n'y avait aucune chance pour que la police retrouve les corps. C'était ironique, mais au moins, je nourrissais les animaux.

Personnellement, j'ai l'air détaché de la situation, mais en réalité, la première fois où Santiago m'a ramené ici, j'avais eu une crise d'angoisse.

Maintenant, j'essaye de me convaincre qu'ils mangeant autre chose que de la chair humaine...

Je tourne mon regard vers elle, m'attendant à ce qu'elle paraisse aussi tranquille que ce que j'essayais de montrer, mais... je ne sais pas... elle tremble... Bryanna a peur, réellement peur. Je ne sais pas pourquoi, mais la voir de nouveau aussi vulnérable me fait du bien... ça me rassure... elle a l'air plus humaine.

Je m'approche d'elle et la serre contre moi. Je pourrais trouver comme excuse que je voulais simplement la rassurer parce qu'elle m'énervait, mais non. Elle n'était pas le genre de fille à crier et à montrer sa panique à tout le monde. Elle savait gérer sa peur correctement en général. Mais là, moi aussi, j'avais besoin de cette étreinte, de la sentir contre moi.
Elle m'a manqué... Son doux parfum me plaît beaucoup.

J'essaye de caler ma respiration sur la sienne, trouvant la mienne un peu trop rapide à présent. J'ai lâché sans même le vouloir...

— Je ne comprends vraiment pas ce que tu fais... à perdre ton temps...

Elle n'y a pas répondu, mais... je savais qu'elle y réfléchirait, c'était certain.

J'aimerais tellement la connaître un peu plus... elle était si mystérieuse... je ne connais presque rien d'elle.

Pendant un petit moment, nous avions le regard posé l'un sur l'autre... C'était comme si... ma vision envers elle changeait... J'en ai peur... je n'ai jamais été aussi proche d'une fille...

Je voulais l'accompagner, mais elle... je déduis qu'elle pensait comme moi... il faut qu'on s'éloigne... il ne faut pas rester proche... Je soupire doucement avant de rejoindre ma voiture...

Je ne voulais pas retourner voir Santiago, mais je devais le faire. Si quelqu'un vient lui dire que je suis en ville, je suis dans la merde. Je me dirige alors chez lui après être passé chez moi pour me doucher et me débarrasser de cette odeur de sang désagréable. Une fois terminé, je pars dans son empire...

— Je suis de retour ! dis-je d'un ton faussement enthousiaste.

— Parfait ! J'avais besoin de toi !

She Idealizes The Mafias  Where stories live. Discover now