42 ·  ·  · 𝑳𝒆 𝒄𝒉𝒐𝒄

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➠ 𝘉𝘳𝘺𝘢𝘯𝘯𝘢
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Je passe une longue journée éprouvante. Nico m'envoie à un entraînement qui va bien au-delà du physique, c'est mentalement épuisant. Il confronte directement mon passé et mes plus grandes peurs.

Au plus profond de moi, je parviens à lire et à comprendre ce qui me perturbe, ce qui a contribué à mon masochisme.

Après cela, je rentre enfin chez moi, espérant pouvoir souffler un peu. Je tourne dans la dernière rue avant la mienne et me gare en face. Je sais que Luka m'attend pour discuter.

En ce moment, je suis distante avec lui avec tout ce qu'il c'est passer, ou peut-être est-ce lui qui l'est avec moi ? J'ai l'impression qu'il n'est plus aussi intéressé. Peut-être que tout ce qui le rend comme ça, ce sont mes blocages et mon propre comportement. Mais aujourd'hui, ça va changer ! Je vais ouvrir mon cœur à Luka ! Il le mérite.

J'ouvre la porte, mais ce que je vois devant moi me fait douter de ma réalité. Je ne sais plus si je suis dans un cauchemar, si je suis encore devant cette machine qui explore mon cerveau. Mais une chose est sûre, je sens mon cœur se serrer, ma poitrine me fait mal. Je n'ai jamais ressenti quelque chose comme ça. Je n'ai pas l'habitude de pleurer, mais ce que je ressens n'est pas de la tristesse, mais de la colère.

Comment ont-ils pu me faire ça ? Une tignasse blonde, que je reconnaîtrais entre mille, est en train de chevaucher mon mec. Ce qui me fait mal, ce n'est pas lui, c'est un homme, je m'en fiche. Mais ma sœur ? Ils ne m'ont même pas remarquée, trop préoccupés à leur propre plaisir. Peut-être que je l'ai blessée, mais pourquoi se venger comme ça, bordel ?

J'attrape la première chose qui me tombe sous la main et la lance sur eux avec rage.

Bon, j'ai visé à côté en réalité, mais je veux juste qu'ils fassent attention à moi.

Celestia sursaute et s'écarte en se couvrant, et Luka m'observe avec un regard indescriptible. J'ai juste envie de vomir.

— C'est quoi ce putain de bordel !!!

— Bryanna...

— Oui, Bryanna ! Je suis chez moi, pauvre pute !

Les mots sortent seuls. Quand je suis en colère, je peux être blessante. On me l'a souvent reproché.

— Parle-lui autrement !

— Alors, toi, la ferme, espèce de connard.

Je ressens une rage intense, mais ma voix reste calme, bien trop calme. Je veux les tuer. Ouais, je pourrais attraper mon flingue et leur tirer dessus, de sang-froid. Après tout, il y a déjà un cimetière dans le salon. Mes mains tremblent. Je devrais les tuer.

Ma sœur se rapproche de moi. Ouais, ma sœur. Devrais-je encore l'appeler comme ça ? Son regard est perdu, comme si elle-même ne comprenait pas ce qui se passe.

— Pourquoi réagis-tu comme ça... murmure-t-elle presque.

— Tu oses vraiment me le demander ?!

Je lui colle une gifle presque instinctivement. Je sais que je vais regretter mon geste, d'ailleurs, je suis déjà choquée autant qu'elle.

Je me dirige vers la cuisine, attrape une bouteille d'alcool au hasard et sors. C'est lui que j'aurais dû tuer, oui. Le problème, c'est que c'est elle que j'aime.

Je monte dans la voiture et démarre, roulant sans but, buvant la bouteille comme si c'était autorisé. Quand on m'a mise face à ma peur, tout est devenu plus évident.

J'ai peur. Je ne veux plus jamais ressentir ce que j'ai ressenti dans cette cuisine. Et voilà que ça se reproduit, la même douleur à la poitrine, mais dans un contexte différent.

Je bois, cherchant à me libérer.

Je suis sortie de cette pièce en me disant que j'irais m'excuser auprès de ma sœur, que j'irais ouvrir mon cœur à Luka, que je serais sincère avec les gens au lieu de me cacher derrière une carapace. Mais c'était encore une putain d'erreur !

La musique "Si no Estàs" commence et je ricane, un rire que je ne saurais clarifier. La voix du chanteur ressemble beaucoup à celle d'Andrew. Ouais, c'est lui que j'ai envie de voir là maintenant. Va savoir pourquoi.

La bouteille glisse soudainement de ma main, heurtant le sol de manière assourdissante dans le silence oppressant de la nuit.

Dans un mouvement instinctif pour la récupérer, je tourne brusquement le volant, mais mes gestes maladroits se transforment en un élan fatal.

Mon regard se dilate d'horreur alors que je réalise que je viens de dévier de ma trajectoire et que je fonce droit vers une voiture qui semble surgir de nulle part, comme si le destin lui-même avait décidé de notre rencontre inéluctable.

Une collision imminente, une fraction de seconde suspendue dans le temps, où le hasard et la fatalité se conjuguent pour dessiner le tableau de ma possible fin. Et dans cet instant de pure terreur, je suis submergée par l'ironie cruelle de la situation : pour une fois, ce n'est pas moi qui tente de mettre fin à mes jours, mais la vie elle-même semble avoir décidé de me rappeler à sa manière brutale et impitoyable que la mort peut frapper à tout moment, sans prévenir, sans pitié.

J'appuie sur le frein et ferme les yeux. Quand je pense être dans l'autre monde, j'entends la voix de Sharp.

— Bryanna ?! Tu m'entends ?!

Je n'ose pas ouvrir les yeux, pas encore. Je n'ai pas envie que sa voix disparaisse.

— Bordel, réponds, ou je casse ta voiture !

Son ton de voix est paniqué. Pourquoi un homme comme lui aurait peur de me perdre ? J'ouvre les yeux doucement avant d'ouvrir la portière. Il se penche vers moi.

— Tu vas bien ?

— Non...

— Dis-moi où tu as mal ?!

— La...

Je signale ma poitrine, côté cœur, avant de m'effondrer en pleurs. Il m'observe quelques instants, perturbé, avant de se pencher vers moi et de me serrer dans ses bras.

— Tout va bien...

Il passe sa main dans mes cheveux délicatement.

— Il m'a trompée... avec ma sœur, en plus.

— C'est un connard... Je le savais.

Je n'avais jamais lâché de larmes de la sorte, et encore moins devant quelqu'un, mais sur le moment, ça me faisait un grand bien de le faire contre lui, en respirant son odeur agréable.

— Tu veux venir te reposer chez moi ?

Je hoche la tête. À vrai dire, je ne sais pas si Luka est resté chez moi, alors je ne préfère pas rentrer pour le moment.

— Tu te sens capable de conduire ? Sinon, tu viens avec moi, et j'envoie quelqu'un chercher ta voiture.

— Mh, je crois que je préfère cette option...

— Ok, viens alors.

Je détache ma ceinture avant de rejoindre le côté passager de la voiture d'Andrew. Il a repris son air calme, il a l'air moins en colère. Pourtant, j'ai failli tuer sa voiture à cause de mes bêtises. Mais c'est comme s'il avait de la peine pour moi.

Je n'ai jamais aimé que quelqu'un se soucie de moi. Quand ma mère le faisait, ça m'énervait. Mais là, c'est réellement à ce moment-là que j'ai compris. J'ai compris que je ne pourrais jamais le tuer. Jamais. Parce qu'il vient de me soutenir dans le deuxième moment le plus difficile de ma vie, et qu'il m'a sauvé la vie l'autre fois.

— Merci...

Il affiche un sourire dans ma direction, continuant de conduire jusqu'à chez lui.

She Idealizes The Mafias  Where stories live. Discover now