La douleur

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En média U2 - With Or Without You

La douleur est intense. Elle vous coupe le souffle. Vous déchire le cœur. Vous ampute d'une partie de vous même. Et vous laisse croire qu'on ne peut pas s'en remettre. Qu'on n'arrivera jamais à se relever. Qu'on ne pourra plus jamais aimer de la même façon. Par peur que ça recommence. Par crainte d'être brisé à nouveau.

Cette douleur ne me quitte pas depuis hier soir. J'ai beau lutter contre, elle revient me frapper en plein fouet, comme un boomerang. Je voulais savoir. Je sais maintenant. Et c'est pire.

Pire de l'imaginer maintenant avec d'autres.

Pire de me dire que lui prends du bon temps alors que je pleure au fond de mon lit.

Pire de me dire que jamais je n'aurais du l'appeler pour éviter de connaître la vérité.

Pire de me dire que j'aurais du rester dans l'ignorance et faire comme si tout allait bien.

Oui c'est pire. Et c'est encore plus douloureux. Je le déteste et je me déteste de l'aimer.

Je relève la couette sur moi et ne laisse dépasser que le haut de ma tête. J'ai froid. Mes pieds sont gelés, mes doigts également.

Ma porte de chambre s'ouvre et se referme. Je reste immobile, bien cachée sous la couette. Les pas se rapprochent, puis doucement le matelas s'affaisse, et quelqu'un s'allonge à côté de moi. Je ne dis rien. Je ne prononce pas un mot. Peut être qu'il croira que je dors et s'en ira? Non.

Je laisse échapper un soupir malgré moi. Il bouge et sa main vient doucement retirer la couette de mon visage. Je ferme mes yeux aussi vite que je le peux pour lui faire croire que je ne suis pas réveillée.

"Je sais que tu ne dors pas" chuchote t'il en caressant ma joue à l'aide de son pouce

Je ne réponds pas. J'ai encore envie de pleurer.

"Forrest, je ne sais pas ce qu'il s'est passé hier soir après le repas, mais je ne t'ai jamais vu dans cet état. Pire encore que lorsque Damon est parti" continue t'il

Damon. A l'écoute de son prénom, j'ouvre automatiquement les yeux puis regarde le plafond de longues secondes avant d'ouvrir la bouche et de dire le plus sèchement possible :

"Storm, fais moi plaisir, ne prononce plus son nom devant moi"

Son pouce qui caressait ma joue s'arrête. Figé. Puis après une courte pause, continue de faire ces petits allers retours qui, malgré tout, me rassure. Je referme mes paupières et glisse lentement vers le sommeil. Je ne sais pas combien de temps il est resté à côté de moi mais quand je me réveille, bien plus tard, il n'est plus là.

Est ce que j'ai envie de me lever? Pas vraiment. Est ce que j'ai envie de faire comme si tout allait bien et me cacher encore une fois derrière une façade? Oui mais personne ne sera dupe. La comédie a assez durée. Ils vont vouloir des explications. Il va vouloir des explication. Je vais passer un sale quart d'heure il y a de fortes chances mais au moins les choses seront dites. Ces choses que je garde pour moi et qui ne demandent qu'à sortir.

Dans un véritable effort surhumain, je soulève ma couette et pose mes deux pieds au sol. Je me sens faible. Vraiment faible. J'attends un peu avant de me lever puis me redresse. J'arrive à rester debout. C'est déjà une bonne chose. Mon sac est là, posé sur le bureau. Je l'ouvre puis prends ce dont j'ai besoin. La douche me fait un bien fou. Je reste longtemps sous l'eau chaude, mon visage sous le jet, laissant les larmes se mêler à l'eau qui coule. Je pleure encore, ça fait un mal de chien.

Dans le miroir, je le vois. Ce tatouage. Don't Cry. J'ai envie de l'effacer. D'en effacer une partie et de ne laisser que le dernier mot. Cry. Pleure. Oui pleure. Parce que ne pleure pas n'est plus approprié. Pleure. Encore et toujours.

Black Angels Tome 2 (Version n°2 suite)Where stories live. Discover now