L'envie d'y croire

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En média Guns N'Roses - November Rain

Comment ne pas s'effondrer lorsque l'on voit l'homme de sa vie, immobile sur un lit, le corps relié à toutes sortes de machines qui le maintienne en vie? Comment ne pas se dire que c'est un véritable cauchemar que nous vivons? Comment ne pas pleurer en voyant l'état dans lequel il est?

La chambre est plongée dans la pénombre comme si la lumière y était interdite, comme s'il fallait le laisser dans l'ombre. Il n'y a pas de fenêtre donnant sur l'extérieur. Seul une vitre communiquant avec le couloir est là, apportant un peu de vie à l'intérieur de la pièce. Mais ce n'est pas suffisant.

Les machines sont nombreuses, certaines émettent des bips réguliers, d'autres sont silencieuses et montrent des chiffres de couleur rouges ou verts, qui augmentent ou baissent de façon aléatoire.

Je ne vois que ça. Ces appareils. Tous ces appareils. Puis je le vois lui. Et fais abstraction un court instant de tout ce qu'il y a autour de son lit. On dirait qu'il dort, paisiblement. Mis à part les nombreux hématomes et autres plaies visibles, je continue de le regarder. Et de me dire que ce n'est pas possible. Que tout ça n'existe pas.

Mon père est toujours derrière moi, ses mains posées sur mes épaules. Il avance selon mon rythme. S'arrêtant lorsque je m'arrête. Avançant de nouveau lorsque je bouge. Il m'abandonne quelques instants, le temps d'attraper la chaise qui attend sagement dans un coin, puis la pose au plus près du lit, avant de revenir se positionner derrière moi.

"Est ce que tu veux t'asseoir?" propose t'il

Sa voix est douce. Très douce. Elle me caresse l'oreille puis s'immisce dans mon tympan comme du coton. Je hoche la tête puis le laisse me guider vers la chaise, qui attend que je vienne m'installer dessus.

Mon regard balaye son corps entier. De la tête aux pieds. Puis des pieds à la tête. Des bandages, un peu partout. Celui de sa tête, impressionnant, semble la rendre bien plus grosse qu'elle ne l'est. Et ces électrodes collés sur son torse. Et ces fils....

Je pleure à nouveau en posant mon front contre le matelas. C'est trop dur. La main de mon père se pose une nouvelle fois sur mon épaule, et la serre doucement, pour me montrer qu'il est là. Je relève ma tête et regarde Storm, tout en essuyant mes larmes du dos de la main. Je renifle bruyamment, sachant pertinemment que cela ne dérangera personne dans cette pièce, puis prend délicatement sa main. Un capteur est enfilé sur son doigt. Je fais attention et presse ma main autour de la sienne avant de la porter à mes lèvres. J'y dépose un baiser puis frotte ma joue ensuite dessus. Va t'il réagir à ce contact? Va t'il sentir ma peau sur la sienne?

J'observe ses yeux désespérément clos. Pas un mouvement, même minime. Rien.

"Je te laisse seule avec lui. Je serai dans le couloir si tu as besoin" m'informe mon père

"Merci" murmurais-je sans le regarder. J'entends la porte s'ouvrir puis se refermer doucement. Sa main toujours dans la mienne, je continue de l'observer durant de longues minutes.

"Je ne sais pas si tu m'entends mais à ce qu'il parait, parler aux gens lorsqu'ils sont dans le coma peut les aider. Alors c'est ce que je vais faire. Te parler" commençais-je doucement

Je frotte sa main contre ma joue encore une fois puis continue :

"Je regrette tellement que tu sois sorti pour aller m'acheter ce pot de Nutella. Si tu savais comme je m'en veux de ne pas t'avoir retenu, de ne pas avoir insisté quand tu m'as dit que tu voulais éviter que je te réveille en pleine nuit avec mes envies"

J'essuie une larme qui coule puis reprend :

"J'aimerai remonter le temps, bloquer cette porte, et t'empêcher de sortir. Te garder avec moi, chez nous. Tu irais bien. Oui tu irais bien. Tu ne serais pas ici, allongé sur ce lit, relié à toutes ces machines. Je ne pleurerai pas comme je pleure depuis hier. Tous les gars du club ne seraient pas là, dehors, à attendre que tu te réveilles"

Black Angels Tome 2 (Version n°2 suite)Where stories live. Discover now