Black Angels Tome 2 (Version n°2 suite)

Prendre conscience

En média The Servant - Orchestra

- Bonjour Shirley, je vous en prie, asseyez vous.

Le docteur Clements m'invite, d'un geste de la main, à prendre place sur le confortable fauteuil qui se trouve face à son bureau. Mes doigts triturent les accoudoirs en tissu en attendant qu'il s'installe à son tour, après avoir fermé la porte.

- Comment allez vous depuis la dernière fois où nous nous sommes vus? demande t'il en posant ses coudes sur son bureau. Il est décontracté, à l'aise, alors que moi je ne le suis pas réellement.

La question est banale. Tellement banale que j'ai envie de lui répondre de manière précipitée mais je ne le fais pas. Je préfère réfléchir posément.

- Je n'en sais trop rien, avouais-je.

- C'est ce qu'on appelle une réponse intermédiaire. Un côté de vous penche pour le oui, et un autre côté pour le non. Vous vous situez au milieu, c'est bien cela?

- Euh...oui. Probablement. Enfin c'est vous le médecin pas vrai? ironisais-je doucement

Il sourit puis prends un stylo dans un petit pot en céramique posé près du téléphone. Il retire le capuchon puis griffonne quelque chose sur le bloc posé à plat devant lui. J'observe sa main qui bouge de gauche à droite, dans un mouvement régulier. Quand il a terminé, il relève ses yeux vers moi et me voit l'observer. 

- Vous vous demandez ce que j'écris? 

- Pas du tout, répondis-je brusquement, surprise d'être prise sur le fait. 

- Je vais vous le dire quand même : je note mes impressions, à votre sujet. Egalement des petites choses que vous me dites, qui peuvent vous paraître anodines mais qui pour mon travail avec vous, sont importantes. Cela me permet, après nos entretiens, d'analyser et de reprendre certains points. Points qui, bien évidemment, sont abordés lors des rendez-vous suivants, explique t'il en reposant son stylo sur le bloc.

Je hoche la tête. J'ai compris. 

- Nous nous sommes vus mardi, c'est bien cela? dit il en regardant son agenda. Oui, c'est bien ça. Il y a donc deux jours. Comment se sont passées ces dernières quarante huit heures?

Je déglutis, terriblement mal à l'aise. Pourquoi une question aussi simple peut elle me mettre autant mal à l'aise? La réponse fuse, immédiate.

- Animées! lâchais-je en baissant la tête. 

- Animées? questionne t'il d'un air amusé. C'est à dire? Donnez moi votre définition du mot animé Shirley puisque visiblement c'est un mot que vous venez de prononcez mais qui n'a pas l'air de vous enchanter.

Il se fout de moi?! Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire? S'il croit que je vais lui expliquer, il se fourre le doigt dans l'œil.

- Animées c'est tout! grommelais-je en croisant les bras sur ma poitrine. 

- Vous prenez la posture de quelqu'un sur la défensive. Pas de colère par contre, mais comme quelqu'un qui aurait quelque chose à se reprocher. N'ai-je pas raison? 

Putain! Je décroise aussitôt mes bras et repose mes mains sur les accoudoirs. Il est voyant? Où se trouve sa boule de cristal?

- On ne peut rien vous cacher, grinçais-je. Et pour répondre à votre question, je crois que j'ai fait une connerie.

Je soutiens son regard longuement et tente de percevoir dans celui ci quelque chose qui me rassurerais ou non. Je ne sais pas en fait. Je ne sais plus. Il ne cille pas. La machine dans son cerveau doit être en train d'analyser l'information que je viens de lui dévoiler.