Il s'appelait ... (Partie 1)

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En média Eric Clapton - Tears In Heaven


Six mois plus tard

Il ne fait pas encore tout à fait nuit, mais nous sommes déjà couchés. Allongés dans notre lit à  attendre demain sans impatience. Un demain qui va transformer notre vie, que nous pensions parfaite, à jamais. Un demain que nous aurions aimé n'avoir jamais à connaître. 

Je ferme les yeux mais je sais que le sommeil ne viendra pas. Je n'ai pas envie de dormir. Je n'ai pas envie de me reposer. Je ne veux rien. Juste revenir en arrière et oublier ce qui a été dit. Oublier ce rendez vous qui a tout fait basculer et qui a tout bouleversé, maintenant et pour toujours. Storm caresse doucement ma main sur laquelle il a posé la sienne. Lui non plus ne dort pas. Lui non plus n'y arrive pas. Sans se parler, nos pensées se rejoignent, unies dans cette même douleur. Notre douleur.

Je ne veux pas pleurer cette nuit. Je l'ai trop fait il y a quelques heures. Trop de larmes ont coulé, sans effacer malheureusement la douleur qui continue sa lente course interne. J'ai mal. Storm aussi. Et notre douleur, commune, ne fait que s'accentuer à mesure que les heures s'écoulent lentement. Demain, ça sera pire. 

Son bras se ressert autour de moi. Dans un ultime geste protecteur. Même s'il ne prononce pas un mot, je sais le mal qui l'étreint. Notre douleur est commune, liée à tout jamais. Et à partir de demain, notre vie changera définitivement. Sans que nous ayons pu faire quoi que ce soit pour l'éviter. Sans que l'on nous prépare à cela. 

Les derniers rayons du soleil commencent à disparaître et l'obscurité prend le relais, plongeant la chambre dans la pénombre. Les ombres de la nuit dansent sur les murs, projetant des formes aussi différentes les unes que les autres. Je les regarde, en suis le contour plusieurs fois puis détourne le regard. 

J'aimerai pouvoir remonter le temps, revenir en arrière et effacer la journée qui vient de s'écouler. Mais c'est impossible. Je ne peux pas. Nous ne pouvons pas. Il faut faire avec. Il faut accepter. Aussi difficile que cela puisse paraître, nous devons l'accepter.

- Tu n'arrives pas à dormir? murmure Storm d'une voix douce. Je ne réponds pas, me contentant tout simplement d'enlacer nos doigts. Il dépose un baiser dans mon cou, juste derrière mon oreille et frotte son nez contre ma peau. Je n'ai pas besoin de plus. C'est suffisant. Lui non plus n'arrivera pas à dormir cette nuit. Il se contentera de me garder dans ses bras et de tenter de nous faire oublier le présent, et demain. Même si l'on sait pertinemment que rien ni personne ne réussira à le faire.

Les mois précédents me reviennent en mémoire. Tout allait bien. Oui, tout était vraiment parfait dans notre vie. Un premier Noël avec notre fils Hayden, de la joie, des rires. Puis un Nouvel An tout aussi animé qui avait laissé des souvenirs gravés sur papier glacé. Des photos que je regardais de temps en temps, pour me souvenir de ces bons moments passés avec ma famille. Nos visages respiraient le bonheur, la joie de vivre. Aujourd'hui, c'est différent.

Janvier avait débuté avec la reprise des cours. Et la finalisation de nos recherches de stage. Puis les réponses étaient arrivées. Storm avait été accepté dans un cabinet d'avocats, celui qu'il convoitait à vrai dire depuis le départ. Quand à moi, deux associations avaient répondu positivement à mes demandes. Après deux entretiens avec les responsables de chacune d'elles, j'avais pris ma décision. Et donné mon accord à celle qui s'occupait de la défense des femmes et enfants victimes d'abus. Non sans oublier les paroles que Dexter avait eu : que les problèmes ne franchissent jamais la porte de la maison. 

C'est ce que j'ai fait. Enfin ce que j'ai essayé de faire. Car, mine de rien, ce fut difficile. Très difficile même. La première semaine, j'étais ce qu'on appelle en phase d'observation. Je ne devais pas intervenir pour quelle que raison que ce soit. J'assistais aux entrevues, assise dans un petit coin de la pièce, prenais des notes sur mon cahier, écoutais, analysais ce que j'entendais mais ne prononçais aucun mot. Un debriefing avait lieu après chaque rendez-vous. Je devais relater ce qui avait été dit, donner mon avis sur la meilleure façon d'aider la ou les personnes, et ensuite, trouver les conseils juridiques adaptés à la situation. Je n'ai pas honte de dire que les toutes premières fois, je me suis plantée. Je ne prenais pas assez de recul et l'analyse que je donnais ne convenait pas. Une fois. Deux fois. La troisième fut la bonne. Ne pas de décourager m'avait conseillé ma tutrice de stage. L'erreur permet d'avancer. Et c'est ce que j'ai fait. 

Black Angels Tome 2 (Version n°2 suite)Where stories live. Discover now