Chapitre 18

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J'ignore de quelle manière je suis passée d'Arthur à Maxime, les deux relations sont assez rapprochées au niveau des dates. Je répète son nom dans mon esprit dans l'espoir de faire resurgir ce moment où je suis tombée amoureuse de lui. Maxime, Maxime, Maxime, Maxime, Maxime, Maxime.

Il y a un attroupement d'élèves et on peut entendre quelqu'un crier. Je me fraie un chemin dans la foule pour y découvrir en son centre Arthur et Maxime. Au moment où j'arrive, Maxime donne un énorme coup de poing dans la mâchoire d'Arthur et ce dernier tombe au sol.

- Plus jamais je ne veux la voir pleurer à cause de toi ! N'essaie même pas de l'approcher ! Je te jure que si tu lui fais encore du mal je reviendrai te voir !

- Maxime... murmuré-je tout bas.

Son regard se tourne vers moi et il me sourit tristement. Il me prend par la main et m'emmène loin de tout le monde, loin d'Arthur. On s'arrête au fond de la cour, personne ne peut nous voir ici.

- Tu n'étais pas obligé de faire ça Maxime, si... si jamais il va se plaindre à un professeur, tu seras puni et je ne veux pas que ce soit à cause de moi, tu ...

- Je m'en fiche d'être puni ! me coupe-t-il. Je n'allais pas le laisser s'en tirer comme ça. Tu... tu es une sœur pour moi, Andrew aurait fait la même chose qu'importe les conséquences.

Un sourire niais se forme sur mon visage, cette vie que je vois défiler devant mes yeux, ne semble pas m'appartenir. Je ne peux rien faire comme je le souhaite, c'est une autre moi qui parle à ma place. Je regarde un film, le film de ma vie. Je vois la suite de ce souvenir avant même de la lire sur mon journal.

Alors que je sors à peine des vestiaires, prête à m'entrainer seule quelques minutes avant que la professeure et les autres élèves n'arrivent, je vois arriver Maxime, le sourire aux lèvres.

- Max ? Qu'est-ce que tu fais au studio ?

- J'ai été renvoyé de l'équipe, annonce-t-il fièrement.

- Quoi ! Pour quelle raison ?

- Ma sanction pour m'être battu dans l'enceinte de l'école. Une radiation ferme et définitive de l'équipe de basket.

- Oh non... c'est ma faute, je suis tellement désolée !

- Je ne regrette pas, il parait qu'il a la mâchoire déboitée. Il méritait bien ça pour t'avoir fait pleurer.

Je le prends dans mes bras, un remerciement silencieux. Il répond à mon étreinte et prend une profonde inspiration dans le creux de mon cou.

- Du coup, je me suis dit que pour passer le temps j'allais venir te voir danser en attendant qu'on rentre tous les trois chez nous.

- Mais tu vas t'ennuyer !

- M'ennuyer ? En regardant une dizaine de jolies filles en tenue moulante ?

Il me regarde avec un regard suggestif et un petit sourire rêveur au coin des lèvres. Mes yeux se lèvent eux-mêmes vers le plafond à la vue de son comportement immature et exaspérant. Je le laisse se diriger vers les gradins où il pourra librement observer tout ce qu'il souhaitera. Au bout de vingt minutes d'entrainement intensif, je décide de me mettre au sol pour travailler mon grand écart et souffler un peu.

- Hey, Cathy ! lance Emy en s'asseyant à mes côtés, ton ami, le beau blond, il n'est pas censé être au basket ?

- Il a été renvoyé de l'équipe.

- Waouh, à cause de son romantique exploit ?

- Ça n'avait rien de romantique Emy, Andrew aurait fait la même chose.

- Sauf que c'est Max qui est intervenu, ce même Max qui, au lieu de baver sur les filles du studio, ne fait que te regarder.

Le souvenir s'arrête brusquement. Je suis frustrée de ne pouvoir connaître les sentiments que j'ai ressenti en découvrant que Maxime me regardait moi et pas une autre fille. Était-ce la première fois que Maxime me regardait de cette manière ? Pourquoi n'ai-je jamais remarqué la façon dont il m'observait ? Je repense au câlin où ses gestes reflétaient plus que de l'amitié, plus que le simple amour qu'un frère porterai à sa sœur. Mais, à ce moment-là, je ne le vois pas, du moins pas encore, je me comporte avec lui comme s'il s'agissait de mon vrai frère.

Je me lève de la position inconfortable dans laquelle je me trouve et marche un peu en cercle, autour des photos. Je les regarde comme des étrangères, des inconnues, pourtant il s'agit de moi, de ma vie, ce sont les réponses que je cherche depuis mon réveil.

Dans la cuisine, je me sers un verre d'eau, puis un deuxième. J'attrape un élastique pour m'accrocher les cheveux, j'ai chaud ou peut-être froid, je l'ignore. Tout semble différent, alors que rien n'a encore changé. Je prends une profonde inspiration et j'y retourne.


Mon trou de mémoireWhere stories live. Discover now