Chapitre 65

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Quand j'arrive devant la loge du gardien pour récupérer les clés, celui-ci m'informe que la salle est déjà ouverte et qu'il s'y trouve déjà. Je l'aperçois assis près des miroirs, comme s'ils étaient deux dans la pièce. Il ne fait rien et je comprends immédiatement qu'il m'attend.

- Salut Nico, commencé-je en me glissant à ses côtés.

- Salut Cathy, sourit-il sans me regarder pour autant.

Je commence à triturer les lacets de mes chaussures ne sachant pas trop par où commencer.

- Je me suis demandé..., fait-il à ma place, si j'avais fait quelque chose de mal.

- Non, non surtout pas, ne pense pas ça, bégaie-je. C'est moi.

- Ah, d'accord... fait-il guère convaincu.

- Je t'assure que tu n'y es pour rien, développé-je, si vraiment je n'avais pas voulu que tu m'embrasse, je t'aurais repoussé avant même que tu ne le fasses.

- Alors pourquoi ? J'ai voulu venir te voir en sortant de la salle, mais tu étais déjà bien entourée, alors j'ai pensé que ce serait mieux d'attendre aujourd'hui.

- Tu as bien fait, conclue-je en souriant. Andrew et Mae ont été... de bon conseil, commenté-je. Ils ont réussi à me faire prendre conscience de certaines choses.

- Et de quoi t'es-tu rendue compte ? demande-t-il intrigué.

Je ne réponds pas tout de suite à cette question, préférant la garder pour plus tard. A la place j'observe son double dans le miroir.

- Tu te souviens quand je t'ai donné des conseils pour ta mère ? Je t'ai dit que j'avais aussi connu quelqu'un dans cette situation, mais que... cette personne était décédé ?

Il acquiesce, croisant mon regard par l'intermédiaire du miroir.

- C'était mon mari, expliqué-je en marquant une pause.

Il se tourne vers moi dans un regard compatissant.

- C'était il y a plus d'un an, poursuis-je.

Il ne répond rien et je ne lui laisse pas le temps de le faire. Il vaut mieux que je sois la seule à parler, lui n'a rien à se reprocher. J'ai eu du temps pour mettre des mots sur ce qu'il s'est passé. J'ai parlé toute la soirée avec Andrew et ça m'a travaillé une bonne partie de la nuit.

- Si je t'ai finalement repoussé, c'est parce que j'ai eu l'impression de le trahir, de le tromper. Mais mon frère dit que je ne devrais pas me sentir coupable de ressentir quelque chose pour toi, parce que ça ne veut pas dire que je l'oublie.

- Je n'aurai jamais pu imaginer ça, murmure-t-il légèrement confus. Ça n'a pas dû être facile pour toi, je suis désolé, si j'avais su je n'aurais rien tenté.

- Surtout pas ! m'exclamé-je sans doute un peu trop vivement.

Je rougis de ma réaction presque instinctive et plonge dans le silence. Je m'obstine à regarder le reflet de mes pieds.

- Est-ce que ça veut dire que tu ressens quelque chose pour moi ? s'interroge-t-il en retrouvant un air partiellement enjoué.

Il chatouille mon ventre, me faisant rire et se faisant se rapproche de moi. Il a un don pour me faire sourire.

- Je ne peux pas mettre de mot sur ça, tenté-je d'expliquer, c'est encore un peu tôt.

- On pourrait... aller doucement, propose-t-il.

- On pourrait...

On pourrait aller doucement, commencer à s'aimer, s'aimer plus que tout. Puis il pourrait mourir, avoir un accident, un cancer. Je pourrais encore perdre quelqu'un que j'aime.

Je me lève, légèrement confuse. Je n'avais encore jamais pensé à ça, à cette éventualité. Et si je m'attachais et que je finissais par le perdre lui aussi. Je ne peux pas revivre ça, je ne veux pas revivre ça. Je me dirige vers la sortie, sans un seul regard en arrière

- Cathy, clame-t-il amusé.

Je me fige à deux pas de la porte, je l'entends se rapprocher de moi. Il me contourne pour venir en face de moi et, dans un geste tendre, il me prend dans ses bras.

- Arrête de vouloir fuir, murmure-t-il contre mon oreille.

Je m'accroche à lui comme le pilier qui m'empêche de tomber. Non, je ne vais plus fuir, dorénavant j'affronterai tout en face. Je dépose ma tête contre son épaule et ses bras encerclent ma taille comme Maxime le faisait. Je plonge ma tête encore plus contre lui, mes yeux se ferment et Maxime me sourit. Est-ce qu'il approuverait ça ? Je crois que oui.

Nicolas me guide jusqu'au centre de la salle, sans me lâcher. Des gestes lents, tendres, affectueux. Sans que je ne le remarque il sort son téléphone de son sac et déclenche la musique de mon audition.

Comme hier, il me façonne comme une poupée et nous commençons la chorégraphie à deux, comme si elle avait toujours été créé pour être dansé en duo.

- Je t'autorise à fermer les yeux, souffle-t-il contre mon oreille.

Mais je n'ai pas attendu son autorisation.


Mon trou de mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant