Mon trou de mémoire

Chapitre 29

Les préparatifs se sont faits rapidement, chaque seconde compte à présent. La cérémonie est si précipitée que mon père ne pourra être présent. Je ne me donne même pas la peine de prévenir ma mère, je ne veux que ceux qui compte à mes côtés. Le samedi de sa demande nous nous retrouvons à la mairie de notre ville accueillie chaleureusement par notre maire.

La salle de réception est réservée pour un « vrai » mariage qui aura lieu dès que le nôtre sera fini mais les invités s'y trouvent déjà. Nous devons nous contenter d'une petite pièce exiguë, en toute intimité.

Mon regard se pose rapidement sur les personnes qui peuplent la pièce. Le maire se tient derrière le bureau, les bras croisés derrière le dos. Sur la gauche, recroquevillés sur le mur, se tiennent Andrew et Susana, le sourire aux lèvres. A ma droite, appuyés contre l'autre mur, mes futurs beaux-parents. Françoise tamponne ses joues, humides de larmes de joie, à l'aide d'un mouchoir. Mon regard se pose ensuite sur ma main qui s'accroche aux bras de l'homme que j'aime. En le regardant je me rends compte qu'il n'a d'yeux que pour moi, que depuis le début ce n'est que moi qu'il regarde. Il me contemple des pieds jusqu'à la tête sans aucune vulgarité, c'est plutôt de l'admiration. Cette découverte me fait rougir et j'effectue une pression sur son bras. Il me répond par un sourire amoureux, les yeux brillants de notre amour.

Il porte un magnifique smoking noir. Les autres ont également opté pour des couleurs différentes de la mienne afin que je sois la seule en blanc.

Quand j'étais petite j'avais imaginé ce jour des milliers de fois, portée par le rêve des films de Disney où les princesses épousaient des princes. J'arrivais parfaitement à imaginer la somptueuse robe blanche, la grande cérémonie, mes amies et ma famille présents au complet. Je voyais même le prince, tantôt je m'imaginais épouser Éric, tantôt Philippe.

Aujourd'hui, ma robe n'est pas somptueuse, belle oui, mais elle n'a pas l'élégance des robes de mariée. Elle n'est même pas vraiment blanche, je n'ai pas les moyens de m'acheter une nouvelle tenue alors j'ai utilisé la même robe que lorsqu'il m'a fait sa demande.

On ne peut pas dire non plus que la cérémonie sera grandiose, nous avons prévu de nous retrouver dans un bar faisant office de restaurant. L'ambiance y est agréable mais ne ressemblera en rien à l'idée que je me faisais de mon mariage.

Le rêve de voir ma famille à nouveau réunie pour fêter mon bonheur doit lui aussi être oublié. Même si la présence d'Andrew me comble, j'aurai tout donné pour que mon père et ma mère puissent assister à un jour aussi important pour moi.

Néanmoins bien que tous mes rêves ne puissent se réaliser, il en reste un qui subsiste : le prince. Celui-ci n'a pas de couronne mais il n'en reste pas moins qu'à ses côtés je suis la plus comblée des princesses du monde entier. Mon futur époux, mon fiancé, mon prince, Maxime est le centre de mon monde, mon oxygène. L'homme de mes rêves.

Un seul pas me sépare de cet homme merveilleux. Un seul. Je le franchis sans aucune hésitation. Pendant un instant j'oublie tout : la maladie, la mort et même la vie. Je ne vois plus que lui, que nous. Je n'entends pas les paroles que prononce le maire, mais je sais ce que je dois dire, je sais ce que je veux dire.

- Oui, je le veux.

Mon époux m'embrasse, scellant notre promesse à jamais. Le temps de quelques signatures et nous voilà officiellement mariés. Je me jette dans les bras de l'homme de ma vie avide de ses baisers. En sortant nous recevons des pétales de roses, qui virevoltent au ralenti autour de nous. Main dans la main, nos deux noms qui ne font qu'un, nous avançons ensemble.

Non cette journée ne ressemble en rien au mariage que j'avais rêvé, elle est mille fois mieux que tout ce que je pouvais espérer. Désormais je suis unie à lui et lui à moi, à jamais, par les liens indéfectibles du mariage.