Chapitre 54

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A la fin du cours je retire mes chaussons et les autres filles font de même. Aujourd'hui j'ai réussi à suivre l'intégralité du cours du jeudi mais je suis totalement épuisée. Maëlys, que j'appelle désormais Mae, nous invite toutes pour les vacances chez elle afin de fêter son anniversaire.

C'est assez étrange d'être invité chez elle. En y repensant nous n'avons que quatre ans de différence mais à cette période de notre vie, cette différence est flagrante. Je me demande si j'arriverai à comprendre leur conversation en ayant été coupée du monde pendant si longtemps. Heureusement que nous avons au moins la danse classique en commun, sauf qu'on ne peut pas parler uniquement de danse.

Toutefois la question ne se pose pas pour ces vacances.

- Je ne pourrais pas, fais-je en réponse à son invitation.

- Oh, dommage, s'attriste Mae, pourquoi ?

- J'ai un truc de prévu avec ma famille, d'ailleurs je ne serai pas là non plus pour le cours de cette semaine-là.

C'était la vérité, Andrew profitait de ses vacances pour rentrer chez notre mère et je l'accompagnais. Nous passerons également chez Françoise et Denis et bien entendu sur la tombe de Maxime. Ce ne sera pas un voyage joyeux et dans un sens j'aurai préféré être confrontée à la soirée pyjama.

Parce que le 28 octobre, cela fera un an, un an qu'il nous a quitté.

- Ce sera à quelle heure ? demande Clara.

- Dès que mes parents seront partis à leur soirée, ils iront dormir à l'hôtel.

Mae donne d'autres informations, notamment son adresse pour celles qui ne sont jamais allées chez elle.

- Je ne voudrais pas interrompre une conversation qui m'a sans aucun doute l'air d'être captivante, nous coupe Nicolas, mais je dois fermer la salle les filles.

- Oh, oh, glisse Clara, on s'est fait rouspéter.

Nous sortons en riant et poursuivons la discussion devant la porte. Tout le monde commence à partir et il finit par ne rester que Clara, Mae et moi.

- Waouh ! s'exclame Mae en mordant ses lèvres, regardez ce mec !

Presque instinctivement nos regards se tournent dans la direction qu'elle nous indique. Je mets quelques secondes à remarquer qu'elle bave littéralement à la vue de mon frère marchant dans notre direction.

- Il vient vers nous, murmure Clara ébahie.

Je prends quelques secondes de plaisir quand il arrive jusqu'à moi, nous dit bonjour et me demande si je suis prête à partir.

- Tu ..., commence Mae surprise, vous vous connaissez ?

- Les filles, je vous présente Andrew, mon frère, avoué-je dans un sourire, Andrew je te présente Maëlys et Clara.

Il les gratifie de son sourire charmeur. Je suis sûre qu'il est inconscient de l'effet qu'il leur fait à toutes les deux.

- On se verra la semaine prochaine les filles ! lancé-je.

Andrew attrape mon sac de sport en même temps qu'il leur dit au revoir. Nous nous éloignons tous les deux et je m'appuie sur son bras comme lors de nos promenades à mon retour de l'hôpital.

Dans ma poche je consulte mon téléphone où je reçois un texto de Mae.

De Mae : Oh mon dieu !! Tu ne m'avais pas dit que tu avais un frère ! Plus petit ou plus grand ? Tu as tellement de chance, mon petit frère m'en fait voir de toutes les couleurs !!!!!

Je lui réponds rapidement en écrivant que nous sommes jumeaux et que cela explique notre relation fusionnelle.

De Mae : J'ai toujours rêvé d'avoir un jumeau !!!!!!! Quelle chance !

Je ne réponds pas, à la place je fixe mon regard sur Andrew qui guide mes pas. Oui, j'ai vraiment de la chance de l'avoir. Après tout ce que nous avons traversé, qu'il soit toujours à mes côtés me prouve que je suis effectivement chanceuse de l'avoir.

- J'ai appelé maman, pour la prévenir de notre passage. Elle ne l'a pas dit mais elle était ravie, je l'ai senti. J'ai aussi appelé Françoise, elle aussi était heureuse de savoir qu'on revenait pour quelques jours.

J'acquiesce à ce qu'il me dit, je n'ai pas besoin de commenter ses paroles. Au début je ne voulais pas séjourner chez notre mère mais Drew m'a fait une sorte de chantage. Si lui pouvait pardonner à papa et lui reparler, je pouvais, tout comme lui, pardonner à notre mère.

Tout est désormais prêt pour notre retour dans notre ville natale. Rien ne pourrait nous empêcher de faire ce voyage. Rien ne pourrait m'empêcher de retourner une nouvelle fois sur sa tombe et d'être confronté une dernière fois à lui.


Mon trou de mémoireWhere stories live. Discover now