Chapitre 28

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Je rejoins Françoise dans la cuisine, ne pouvant supporter davantage le fait de regarder un passé qui n'existera plus. Elle boit son thé, tout comme son mari, et une troisième tasse patiente sur la table, à côté d'une petite boîte. Je m'empare de la tasse, impatiente de redécouvrir ce goût qui m'a tant manqué, un goût si familier. La première gorgée me brûle la langue mais j'en avale une deuxième, comme si la douleur me permettait de ne pas m'effondrer. Denis m'adresse un sourire lasse avant de plonger son regard dans sa tasse.

- Quand Andrew nous a appelé pour nous dire que tu avais eu un accident, nous sommes venus tous les jours à l'hôpital aussi longtemps que les visites nous le permettaient, commence Françoise.

Elle me fait signe de m'asseoir avec eux. Je m'exécute et elle poursuit comme si elle ne s'était jamais arrêtée.

- Puis, tu t'es miraculeusement réveillée et tu ne te souvenais plus de rien, c'est à ce moment qu'Andrew est venu nous demander de ne rien te dire à propos de Maxime. Naturellement, nous avons d'abord refusé mais il nous a expliqué que ce n'était pas un accident. Pour ton propre bien nous avons convenus de le faire disparaitre de ta vie pour qu'il ne se reproduise jamais plus un tel « accident ». Maintenant que tu retrouves la mémoire, je peux te dire tout ce que tu souhaites. De quoi te souviens-tu ?

- Avant que tu ne répondes, annonce le père de Maxime, qui n'avait pas parlé une seule fois depuis mon arrivée, j'aimerai que tu nous promettes de ne plus jamais avoir recours au suicide.

La main de sa femme rejoint la sienne. Sa voix se brise tandis qu'il continue.

- Maxime était notre fils unique. Cependant, et Françoise pense la même chose que moi, tu ne portes peut-être pas notre sang mais nous te considérons tous les deux comme notre fille. Nous avons cru que nous ne te reverrons jamais. En l'espace d'un mois, nous avons perdu nos deux enfants. Alors, promets nous de ne plus jamais tenter de te suicider.

Ma gorge se noue mais je parviens à articuler un oui silencieux en hochant vigoureusement la tête. J'ai honte de ce que j'ai fait, je ne comprends pas pourquoi je suis arrivée à cette conclusion, je sais que je l'aime mais je sais aussi que je lui ai promis de vivre pour lui.

- Je me souviens de lui mais cela revient par vague, c'est comme une impression de déjà vu puis, en une demi-seconde, c'est tout un film qui se joue dans ma tête. Je sais qu'il me manque des morceaux de lui. Je sais que beaucoup de détails m'échappent encore, je ne saurai pas dire comment je le sais, mais c'est vrai.

Elle hoche la tête pour me signifier qu'elle comprend et désigne la petite boîte sur la table.

- Et tu te souviens de cela ?

Je tourne négativement la tête. J'ai beau cherché au plus profond de moi, cette petite boîte ne me dit absolument rien. Je tends le bras pour la prendre dans ma main tout en cherchant la permission dans le regard de Françoise. En ouvrant l'écrin, j'y découvre un bijou ou plus précisément une bague. Une très belle bague.

Je fais mentalement la liste de tout ce qu'on a fait aujourd'hui, c'est décidément une journée parfaite. Cependant, elle n'est pas terminée, Maxime a encore une surprise pour moi et, à voir le sourire complice que me lancent ses parents, je suis la seule à ne pas être au courant. Pour cette occasion, j'ai dû mettre une belle robe. J'ai choisi celle qui tourne avec des froufrous, rose bien évidement, c'est sans aucun doute celle que je préfère de toutes.

Maxime me rejoint et me dit à qu'elle point je suis belle, à quel point il m'aime.

- Tu te souviens des photos, dans ma chambre ? Tu as pu les voir avant que tout ne soit terminé parce qu'en échange tu me devais une faveur.

Je fais oui de la tête. Il se glisse à côté de mon oreille et murmure doucement « n'importe quelle faveur ». A nouveau, j'acquiesce de la tête en rigolant face à ses manières.

- Tu es obligée d'accepter, promets-le, demande-t-il malicieusement.

- Oui, je te le promets !

Soudain, il se met devant moi et dépose un genou à terre, il sort un écrin de sa poche et je comprends immédiatement.

- Tu as promis, tu ne peux plus faire marche arrière. Cathy Marks, poursuit-il, voudrais-tu me faire l'immense honneur de devenir ma femme ?

J'acquiesce vigoureusement de la tête mais il ne se relève pas pour autant.

- J'attends une réponse claire et précise mademoiselle.

- Oui, soufflé-je, bien sûr que oui, idiot !

Il se redresse immédiatement et m'enlace le plus fort possible sans me faire mal. Je l'embrasse passionnément oubliant tout ce qui m'entoure et ne pensant qu'au bonheur qui m'assaille. J'aime cet homme, je l'aime tellement que je suis prête à faire tout ce qu'il voudrait.

J'oublie les raisons qui m'ont fait dire non lors de sa première demande. Cette fois-ci, je dis oui et j'aurai finit par le dire de toute façon. Il nous reste si peu de temps ensemble que je veux profiter de chaque instant dans leur intégralité. 

Je veux l'aimer dans la santé et dans la maladie, dans la richesse et dans la pauvreté. Jusqu'à ce que la mort nous sépare et même après. 

Mon trou de mémoireOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz