Chapitre 56

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- J'ai trouvé un club ! annonce-t-il au bout d'un kilomètre. Dès lundi je deviens l'entraineur des Panthers !

- Je connais, m'exclamé-je en reprenant mon souffle, j'y suis allée avec Mae la dernière fois quand j'étais chez elle. Son petit frère est dans ce club, d'après Mae c'est un endroit super.

- Tant mieux. En plus ce sera rémunéré, comme ça on pourra mettre un peu d'argent de côté !

Il fait un petit sprint avant de revenir vers moi. Il a toujours été meilleur que moi mais aujourd'hui je me débrouille plutôt pas mal. Pour une fois, j'ai l'impression d'avoir retrouvé ma forme d'antan. Comme si je n'avais jamais eu d'accident.

Nous continuons comme cela sur une dizaine de kilomètres, assez longtemps pour que mes vieilles douleurs refassent surfaces. Aujourd'hui, cela ne me fait pas peur d'avoir mal, je suis même heureuse de sentir mes muscles crier grâce. A quelques rues de chez nous, Andrew se retourne avec un sourire espiègle.

- Le dernier arrivé à l'appart fait la vaisselle ce soir ! s'exclame-t-il en partant en trombe.

- Eh, non ! Ce n'est pas juste ! crié-je en m'élançant à mon tour.

Evidemment, il arrive avant moi et avec une longueur d'avance. Il s'appuie nonchalamment sur le mur de l'immeuble, comme s'il m'attendait depuis plus d'une heure. Sauf que sa poitrine se soulève au rythme de sa course effrénée, trahissant ses efforts.

- Tu as triché, boudé-je comme une enfant, il est hors de question que je la fasse.

Il sourit de son regard taquin et fait une petite moue d'excuse. Dans une attitude de parfait gentleman, il m'ouvre la porte de l'immeuble. Comme à notre habitude et ce malgré la fatigue, nous prenons les escaliers.

Je prends directement ma douche en rentrant, tandis qu'Andrew téléphone à notre mère qui nous a appelé durant notre jogging. Je règle le robinet et je savoure l'eau chaude qui glisse sur ma peau. J'enveloppe soigneusement mes cheveux mouillés dans ma serviette et sort de la salle de bain une fois habillée chaudement. Les journées se font de plus en plus fraiche mais je ne ressens pas de changement par rapport à cet été. La seule différence est que je m'équipe à présent d'un parapluie en cas d'intempérie.

- Maman a trouvé le chargeur qu'on a oublié chez elle, annonce mon frère en me voyant.

- J'aurai juré l'avoir laissé chez Françoise, dis-je surprise.

- Faut dire qu'on ne peut pas vraiment compter sur ta mémoire.

- Très drôle.

- Je sais, je sais. J'ai toujours été plus amusant que toi, au cas où tu l'aurais oublié.

Il appuie sur « oublié » et me fixe ostensiblement pour voir si j'ai saisi le jeu de mot. Je lève les yeux au ciel mais ne peux m'empêcher de sourire.

- Je rentre dans moins de deux heures, clamé-je après avoir bu un verre d'eau.

- Et tu feras la vaisselle.

- Mais bien-sûr, ironisé-je.

- Si j'ai terminé le devoir que je dois rendre, reprend-il sérieusement, je te rejoindrai sur la route, sinon tu m'appelles d'accord ? Je n'aime pas que tu rentres toute seule, m'informe-t-il.

- Hum hum, acquiescé-je en sortant.

Je profite du trajet pour envoyer des messages à Mae, notamment pour la prévenir du prochain emploi de mon frère.

De Mae : Mon frangin va l'adorer, l'ancien coach était vraiment nul !

J'arrive assez rapidement devant le cabinet de Julien où je m'installe dans la salle d'attente. Il est encore occupé avec un patient mais je suis arrivée avec un peu d'avance.

De Mae : Tu viens toujours chez moi demain ?

A Mae : Bien-sûr !

La porte s'ouvre et laisse passer une femme d'âge mûr qui remercie chaleureusement son kinésithérapeute.

- Entre, Cathy ! m'invite-t-il une fois qu'elle est partie. Alors, comment te sens-tu ?

- Assez bien, affirmé-je, on vient d'aller courir avec Andrew, je n'ai presque rien senti !

- Ah ! s'exclame-t-il ravi, je t'avais bien dit qu'on arriverait à ce que tout redevienne comme avant. Je suis un faiseur de miracle !

Nous passons le reste de la séance plein de bonne humeur. Je suis enchantée à chaque fois qu'il constate de lui-même les changements positifs de mon corps. Tellement enchantée que ce n'est que trop tard que je remarque qu'il a mal interprété ma joie.

- On pourrait peut-être se voir pour fêter ça, propose-t-il à la fin de la séance.

- Se voir ? répété-je sans comprendre.

- Oui, fait-il confiant, se voir sans être des patients ou des médecins.

D'accord, me dis-je, mais cela ne me dit pas si ce serait en tant qu'ami ou en tant qu'autre chose. Dans le doute je préfère décliner son offre.

- J'ai beaucoup de chose de prévu en ce moment. Je ne suis pas sûr d'avoir le temps, entre mon travail et la danse, j'enchaine les cours tous les soirs, annoncé-je sans le regarder dans les yeux.

Après tout, c'était vrai, non ? Je veux me concentrer sur la danse. Redevenir une danseuse, goûter à nouveau au plaisir de virevolter dans les airs... c'est ce que j'ai toujours voulu. Je n'ai pas le temps de me lancer dans une relation, quelle qu'elle soit, avec Julien.

Puis, surtout je n'en ai pas la moindre envie, parce qu'il n'est pas Maxime.

Mon trou de mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant