Chapitre 51

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PDV Trinity

Je suis dans mon lit -celui de Rem? Je ne sais plus...- Je ne bouge pas, écoutant les bruits de pas de Sebastian qui témoigne de son énervement face à ses questions qui restent sans réponses. Je soupire. Je sens que je vais avoir un interrogatoire. Je remonte les couvertures au-dessus de ma tête, tout en essayant de cacher mon visage des premiers rayons du soleil qui se faufilent à travers les mini-rideaux qui couvrent la fenêtre.

Je n'ai pas réussi à dormir de la nuit. Comme d'habitude? Non, d'habitude c'est une nuit blanche si douce, qu'elle semble s'étaler devant soi comme un rêve qui me permettrait presque de réaliser mes souhaits les plus chers. Une vraie nuit blanche. Une nuit où tout semble si pur...  Cette fois, c'était plus définie par ce que j'appellerais «une nuit noire». Une nuit hantée par des spectres. Par Clayton. Par Abby.

Je me tourne sur le côté, à cette pensée ironique. Mais qu'est-ce que je raconte encore? Cela me fait penser à cette nuit justement, juste avant que je vienne m'installer dans ce lit. La nuit d'hier... La nuit où j'ai giflé Rem et non parce qu'il le méritait, mais parce que j'en avais envie. Je frissonne face à la colère que j'avais ressentie à cet instant. Comme si quelqu'un avait allumé un brasier qui reposait déjà au fond de moi, sous mon contrôle. Parfois, je me fais peur. Cela fait beaucoup de temps que j'étais resté insensible aux remarques extérieures et que j'avais l'impression de faire semblant de vivre. Je me mords le creux de ma joue pour réfléchir à ce que m'a dit Rem. Est-ce que je demeure insensible, comme avant, ou est-ce que je me rends délibérément faible en montrant toujours ce que je pense? Je soupire une nouvelle fois en repensant à ses arguments.

En une fraction de seconde, je tombe nez à nez avec des yeux bleus. Je ferme mes paupières face à la violence de la lumière qui est causée par cette personne en ouvrant les rideaux, le seul qui a ces yeux, comparé à ses frères. Emerson. Je m'enfonce la tête dans mon oreiller. Il s'agenouille sur le côté du lit et me caresse doucement les cheveux, comme pour me réveiller, même s'il sait que je ne suis pas endormie.

- Bien dormis?

Je ne réponds pas, mais je lève ma tête, qui était encore dans l'oreiller,  vers lui. Il comprend grâce à mon visage que je n'ai pas dormi. Il soupire. Je me relève pour me placer en indien sur le lit, tout en frottant mon visage de ma main. Comme il a quelques secousses presque imperceptibles dans le bus, je devine que nous sommes en mouvement.

- Quelle heure est-il?

Cette interrogation avait une autre question cachée: combien de temps j'essaye de dormir?

- 10h36.

Bon... Je me suis couché à 3h du matin -environs-, donc s'il est 10h36... à peu près 7h30? J'ai passé 7h30 à attendre de m'endormir? Je grimace. Comment ai-je pu attendre autant de temps sans rien faire?

***

« Vous voici en direct l'interrogatoire du commissariat de la plus grande criminelle échappée de prison, Trinity Clark, dirigé par le commissaire Sebastian Danzig Kropp.»

À cette pensée, je retiens un rire. Nous sommes en déplacement, donc aucune échappatoire pouvant me servir contre Sebastian et ses questions. Je me prends un verre d'eau et je m'assoie tout bonnement sur le canapé. Mon regard se dirige vers Seb qui essaye de ne pas montrer qu'il veut avoir à tout prix des réponses de ma part. Je lève les yeux au ciel avant de prendre une petite gorgée du liquide froid et de lancer:

- Dis-moi ce que tu veux savoir avant que tu deviennes bleu. Ou rouge. Ou n'importe quelle couleur qui témoigne de tes réflexions, comme le vert.

Live like we want to-Palaye Royal-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant