Chapitre 129.

572 52 60
                                    

Bouche bée, j'observe ma meilleure amie et mon copain en pleine discussion. Je n'aurais jamais cru voir ces deux-là parler ensemble. C'est impensable. Maurane déteste Hero, c'est à peine si elle supporte d'être dans la même pièce que lui alors je ne comprends pas. Je n'y comprends vraiment rien. Que peuvent-ils bien se raconter ?

Je fronce les sourcils en proie à un tumulte d'émotions. La perplexité, la curiosité et la paranoïa se disputent en moi. Ils ne font rien de mal, ils sont juste en train de parler, mais c'est trop bizarre. En les regardant attentivement, je me rends compte que c'est Maurane qui parle à Hero. Il l'écoute le regard méfiant, les lèvres pincés.

Je suis soulagée (je me sens un peu coupable aussi) de constater qu'il n'a pas l'air enchanté d'être en sa compagnie. Elle non plus d'ailleurs. Ce n'est peut-être pas une conversation amicale. Craignant qu'ils ne me voient, je m'éclipse discrètement pour aller à mon cours de littérature.

C'était quoi ça ?

...

Après les cours, je fais quelques courses et rentre à l'appartement tout de suite après. Quand je pénètre dans le salon,  je trouve Hero allongé sur le sofa. Il dort un bras posé sur son ventre, l'autre pend dans le vide. Des cahiers et des livres traînent sur la table basse ainsi qu'un paquet de cigarette. Il devait être en train de travailler avant de prendre sommeil. Depuis combien de temps est-il rentré? Je le regarde un moment avant d'aller déposer mon sac dans la chambre. Je me change rapidement pour aller préparer le diner. Je range les courses dans le frigo et prends ce dont j'ai besoin pour ce soir. Des pâtes aux lardons me semble bien.

Je suis en train de m'affairer dans la cuisine quand un bruit retentit. On dirait un souffle saccadé. Qu'est-ce que ? Je lève les yeux en direction du sofa mais Hero n'a pas bougé. Mon imagination ? Je l'observe pendant quelques minutes puis me replonge dans la préparation de mes pâtes. Mais le bruit se répète. Interloquée, je m'approche de lui d'un pas feutré pour ne pas le réveiller.

Sur la canapé, le corps d'Hero tressaille. Je regarde son visage endormi. Il est en plein rêve – ou plutôt en plein cauchemar. Son front est recouvert de sueur et ses paupières frémissent comme s'il est sur le point de les ouvrir d'une seconde à l'autre. J'entends son souffle devenir de plus en plus bruyant et irrégulier. On dirait qu'il étouffe.

Dormir est supposé être un moment de repos pour l'esprit et le corps - un moment d'apaisement, mais pour Hero il s'agit d'une lutte perpétuelle. Ça me fend le cœur. Ne supportant plus de le regarder les bras ballants, je lève la main pour le réveiller mais il se redresse brusquement me faisant sursauter.

-       NON !! Non !!

Il prend sa tête entre ses mains, paniqué et essoufflé. Je me précipite vers lui.

-       Hero, calme-toi "dis-je en posant mes mains sur ses épaules" Ce n'est qu'un rêve, je suis là.

Mais il continue de délirer.

-       Non, non non "gémit-il, haletant" Ce n'est pas vrai... je ne suis pas comme toi... C'est faux...

Ses yeux sont humides et il a l'air complètement désorienté. Je déglutis. De quoi rêvait-il, merde ? Ça me rend folle de ne pas le savoir. Je me sens tellement inutile. Il renifle, la tête toujours entre ses mains. Je m'assieds à côté de lui et entoure ses épaules de mes bras. Devant sa détresse, je sens ma colère contre lui décroître en flèche.

-       Calme-toi.... Je suis là Hero.

Nous restons enlacés je ne sais combien de temps jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits. Il s'écarte de moi et essuie ses yeux rageusement.

First, Reunion [ Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant