Chapitre 105.

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Hero me regarde sans prendre la peine de cacher son étonnement. Il reste sans voix quelques secondes avant de parler d'une voix sèche.

- D'où ça sort ? Qu'est-ce qui te prend tout à coup ?

Je fronce les sourcils. Je ne m'attendais pas du tout à cette réaction. Ma décision ne semble pas lui faire plaisir alors que j'étais convaincu qu'il serait heureux d'apprendre que je me suis enfin décidée.

- Je pensais que ça te ferait plaisir.

Sa bouche se tord en un rictus sévère et il me fixe les yeux brûlants. Je sens qu'il a érigé un mur entre nous et qu'il s'est réfugié derrière. Il est clairement sur la défensive depuis tout à l'heure.

- Plaisir ? Tu te fous de moi ? Tu crois que je n'ai pas compris ce que tu es en train de faire ?

- De quoi parles-tu ? "balbutié-je"

- Arrête ton numéro "s'importe-t-il" On sait tous les deux que si je n'étais pas dans ce putain de lit d'hôpital comme un putain d'invalide, tu ne m'aurais jamais reparlé de cette histoire d'appartement. C'est l'unique raison pour laquelle tu m'as dit ça : parce que tu as pitié de moi.

Je l'observe en silence. Comment diable est-il arrivé à cette conclusion ?? Pourquoi faut-il qu'il interprète les choses ainsi ?

- C'est vraiment ce que tu penses ?

- Je le sais "réplique-t-il" Tu as pitié du pauvre Hero qui a tenté de se suicider, et qui s'est effondré à cause de toutes ces conneries. Et bien tu sais quoi ? Je n'ai pas besoin de ta putain de pitié, Jo.

Pourquoi suis-je étonnée par sa réaction ? Étant donné ce que je sais je ne devrais pas être surprise. C'est d'Hero dont il s'agit, monsieur compliqué en personne, sauf que maintenant je sais d'où vient la complexité de son tempérament versatile. Je vois très bien ce qu'il est en train de faire : il me repousse pour mieux se protéger. De moi ? Ou de sa propre souffrance ? Je ne sais pas mais ce que je sais, c'est qu'il souffre, pourtant il lutte contre ce sentiment qui le met dans une position de faiblesse. Mon cœur se serre. Tout ceci est parfaitement inutile, avec moi il n'a pas être autant sur ces gardes, quand le comprendra-t-il ?

- Hero, arrête s'il te plait, c'est ridicule. Je n'ai pas pitié de toi.

- Tu mens.

Il parle trop fort, nous sommes dans une chambre d'hôpital bon sang !

- Arrête de crier s'il te plait ! Hero il ne faut pas que tu te mettes dans cet état et j'en ai assez que tu tires ces conclusions hâtives. Tu sais quel est le problème ? Le problème c'est toi "dis-je fermement" Peut-être que tu devrais cesser de bomber le torse et d'admettre tes propres problèmes pour mieux les surmonter. Tu te comportes comme un lâche, être fort ne signifie pas que tu dois porter un masque en permanence. Être fort c'est aussi savoir se montrer vulnérable.

Ses yeux s'arrondissent mais il ne trouve rien à répliquer. Je ne veux pas me fâcher contre lui mais mes nerfs sont à vif et il ne fait rien pour m'aider à garder mon calme. Ce type a le don de m'enflammer aussi bien physiquement que moralement. Ses mains se crispent sur le drap du lit et il esquisse un rictus mauvais. Finalement, il sort de son mutisme et rétorque d'une voix acide :

- Qu'est-ce que tu veux Joséphine ? Que je t'applaudisse pour ton grand discours ? Arrête de me prendre de haut avec tes grands airs de madame je-sais-tout et tes leçons de moral, parce qu'il y a encore pas si longtemps, tu étais juste une petite collégienne pathétique et solitaire qui pleurnichait parce que son grand amour ne voulait pas d'elle. Tu as occulté ta colère et ta rancœur comme une gamine immature sans oser me dire la vérité pendant des mois, alors épargne-moi ton numéro parce que tu ne vaux pas mieux. Ne me provoque pas.

First, Reunion [ Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant