A voter !

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Gagnant(e) : @Poulpe-en-cul
Texte : 5


Bonjour à tous !

Pour rappel, tout le monde peut voter, les participants également ! Il ne faut simplement pas voter pour son propre texte ! Encouragez-vous, cela fait plaisir à chacun d'entre vous.

Voici les textes :


Texte 1 : @PetitePlume5

Elle, le soleil à deux faces

Elle était là, seule au monde, perchée en haut et en équilibre sur un poteau plantée sur une falaise. Elle dominait tout ce qui l'entourait de manière indubitable. Ce sentiment de supériorité qui émanait d'elle était si puissant qu'il faisait suffoquer tous ceux qui l'entouraient. Depuis son plus jeune âge, on l'avait placée sur cette falaise, un instrument, une marionnette qu'ils modifiaient à leur guise. Elle était là, telle une poupée de cire d'une exquise précision, figée dans un demi-sourire tant que le soleil l'effleurait d'au moins un de ses plus faibles rayons. Mais dès lors que sa caresse disparaissait, elle s'effondrait au sol comme privée de sa vie et le désespoir lié à sa situation l'envahissait et alors ce n'était plus de la supériorité qui émanait d'elle mais une rage et une peine inouïe. Elle ne possédait rien d'autre que ces deux émotions qui lui étaient propre. Tout le reste en elle était superficiel et artificiel : elle n'était que la création de ses bourreaux. Elle n'avait aucune liberté, aucun choix, aucune vie privée. Toute sa vie était millimétrée au grain de seconde de son sablier de temps. De l'injection des sentiments qu'elle devait avoir à 23 heures,46 minutes, 59 secondes et 3 millièmes de seconde précisément à sa toilette personnelle et ses repas.

On pourrait croire que tout cela lui procurait un cadre de vie stable, rassurant en dehors de toutes préoccupations et soucis dans un certain confort. D'autant plus qu'elle ne connaissait rien. Seulement son absence de liberté s'étendait jusque dans ses pensées qui étaient comme écoutées, espionnées car à chaque fois qu'une pensée malveillante durant la journée l'envahissait, elle recevait en plus d'une décharge électrique, la pire des punitions possible : on lui refusait son exutoire. Ce moment privilégié qui commençait dès que le soleil avait disparu de l'horizon. On lui retirait ce moment salvateur où elle se sentait enfin vivante en laissant transparaitre son désespoir et sa tristesse. Combiné à cela, elle était forcée de se montrer comme un soleil, chaleureuse envers les personnes qu'elle devait rencontrer. Elle ne pouvait pas laisser émaner la moindre bribe de son autre côté, létal et dangereux. Mais elle était brisée à un tel point que ses bourreaux n'avaient presque plus besoin de la punir : dès qu'elle sentait qu'elle n'avait pas respecté ou qu'elle avait dérogé à leurs exigences, elle se punissait elle-même croyant saisir là une opportunité de se racheter. Mais cela ne faisait que démontrer à tous à quel point elle était composée de fragments d'elle-même qui semblait disparaitre ou se casser encore plus lorsque cela arrivait.

Tout cela n'avait qu'un seul but, expérimental. Il leur fallait savoir s'il était possible de contrôler totalement quelqu'un et que cette personne soit admirée par quelqu'un . Ils tiraient une grande fierté de leur création, d'autant plus qu'elle se distinguait de leur autres essais, grâce à son avancée technologique : contrôle de ses émotions, de ses pensées. Tout avait été pensé et réussi. Elle était leur chef-d'œuvre qui leur permettait de se faire valoir auprès de cette foule de personnes qui curieuses venaient voir si ce que l'on disait était vrai. Et immanquablement, toutes repartaient subjuguées par ce sentiment de supériorité qui les avaient écrasés et laissés frissonnantes.

Et grâce à ce sentiment de supériorité qu'ils lui injectaient, ils étaient sûrs que quoi qu'ils lui fassent faire, tous la suivraient même s'il s'agissait d'un voyage sans retour, d'un saut libre au Canada dans les chutes du Niagara. Et plus de monde venait la voir, elle le prodige, elle l'anomalie, elle la poupée parfaite, elle la marionnette, plus ils prenaient le contrôle du monde sans violence, sans coup d'État, sans grande proclamation, insidieux, sans que personne ne s'en rende compte. Ce contrôle était d'autant plus mauvais qu'il passait par elle, ce soleil à deux faces. Elle la marionnette chaleureuse, joyeuse et pleine de couleurs. Elle la fille supérieure, froide, parfaite, létale et dangereuse. Elle était tel une flèche de glace si admirablement sculptée dont on ne peut qu'apprécier la finesse tout en sachant que si elle venait à être tirée, vous finiriez glacé, parfait pour ne faire qu'un avec la mort.

Concours D'écritureWhere stories live. Discover now