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/// PDV KILARI

Quelques minutes plus tard, nous ouvrions les yeux, couvertes de branches, de boue et de sang. Avec difficulté, je tentais de me relever, sans même me rendre compte de la forte douleur présente dans mon bras gauche sûrement atténuée par l'alcool.
Akari fit de même avant de pousser un cri strident et retomber immédiatement par terre.

« Ma jambe, j'ai beaucoup trop mal, hurla mon amie entre quelques sanglots, je ne peux même plus me tenir debout !

- Nous sommes tombées de haut, heureusement il ne nous est rien arrivé de plus grave.

Maintenant debout, je cherchais un moyen de remonter, les mains ensanglantées et les jambes tremblantes. Nous étions encerclées par de hauts murs qui ne laissaient aucune sortie possible. Prise par la panique, je tentais d'escalader le mur, je fus toutefois rattrapée par une vive douleur dans mon bras, ne me laissant d'autre choix que d'attendre une aide extérieure.
Après ce qu'il me semblait être deux heures, après des cris de désespoir et de peur, après des claquements de dents dûs à nos vêtements mouillés par la boue, nous abandonnions, encore hors de la réalité, avec comme seul responsable l'alcool.
Personne n'était venu nous chercher et il n'y avait autour que le vide et le silence.
Akari vint soudainement poser sa tête sur mon épaule en soupirant.

- Toi qui est une experte du camping, ce genre de situation ne t'est jamais arrivé ? raillais-je tout en déposant ma main encore valide sur la sienne.

- Étrangement non, d'habitude je ne m'amuse pas à boire comme pas possible avant de m'enfuir dans les bois et tout ça en étant habillée seulement d'une mini-jupe.

Soudain, elle se recula avant de me fixer avec sérieux.

- Dis moi Kilari, maintenant que nous n'avons rien à faire à part attendre, penses-tu que nous pouvons discuter d'un sujet qui me tient à coeur ? Nous avons tout notre temps.

- De quoi veux-tu parler ?

- La raison pour laquelle tu avais pleuré à l'hôpital. Je veux que tu me parles de ce mal qui te ronge, je veux être là pour t'aider.

- Tu t'en souviens encore, murmurais-je en détournant le regard.

- Kilari, je t'ai toujours voué une confiance aveugle, en te racontant tout de moi, même les choses les moins glorieuses car je savais que tu ne me jugerais jamais. Tu sais, tu n'as pas besoin de garder ce masque de fille parfaite avec moi, je te connais depuis assez longtemps pour me rendre compte que tu ne vas pas bien, j'étais simplement trop bête pour t'en parler avant.

- Un masque de fille parfaite ?

- Lorsque tu parles avec d'autres personnes, es-tu complètement toi-même ? Aimes-tu rendre tous ces services ? J'aime te regarder, ta façon de sourire chaleureusement même lorsque tu ne vas pas bien, j'aime être la seule à m'en rendre compte. Suis-je égoïste ou juste malade ? Je n'en sais rien. Mais je ne veux plus te voir souffrir et fermer les yeux, ce désir d'exclusivité est pervers et toxique.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, je suis moi-même en permanence.

- Sois honnête s'il te plaît, reprit Akari avec bienveillance, essayer de te convaincre que tout va bien ne va pas faire s'arranger les choses. Tu caches en toi un mal-être qui commence petit à petit à fissurer le masque que tu portes au quotidien. J'aimerais tant connaître la vraie Kilari, non pas celle qui est parfaite, mais celle qui est vulnérable, celle qui n'a pas peur de se confier, celle qui pour une fois se fait passer au premier plan.

- Et si ce qu'il y avait derrière le masque était en réalité sale et moche ?

- Alors je l'accepterai et je l'aimerais.

- Comment ça ?

- Nous avons tous une part sombre en nous, mais toi, tu rayonnes, par ton courage, ta détermination, ta bienveillance et tant d'autres choses. Tu es si brillante que n'importe quel défaut semblera minime à côté de ta bonté. Te montrer réellement à moi ne changera rien, j'apprendrais simplement à aimer d'autres facettes de toi. Si tu es aujourd'hui ma meilleure amie, ce n'est pas seulement car j'aime te parler, mais parce que tu as réussi à toucher directement mon coeur. Et puis, à quoi bon aimer quelqu'un qui n'a aucun défaut, j'aime les humains moi.

Je sentis ma respiration s'accélérer et mes yeux devenir humides. J'avais honte de paraître aussi pitoyable à ses yeux, jamais elle n'avait eu à me donner de véritables conseils sur moi-même, en temps normal c'était plus souvent le contraire. Encore trop gênée de lui parler de ce secret si important, je lui proposais un marché.

- Je vais le faire, mais à une seule condition.

- Laquelle ? »

𝑆𝑒𝑢𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑡𝑜𝑖... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant