𝑆𝑒𝑢𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑡𝑜𝑖... [TERMINÉE]

ÉPILOGUE 2

« Disposer de temps est la plus précieuse de toutes les richesses du monde ».

Ces sept dernières années seraient suffisantes pour confirmer la véracité de cette citation.

Nos 17 ans s'étaient envolés aussi rapidement qu'ils étaient arrivés, laissant derrière eux des évènements enfantins menant à un apprentissage certain. La vie suivait son cours tandis que chacun empruntait son propre chemin. Le temps qui passe ne nous effrayait plus, il était même symbole de notre bonheur durable, une preuve d'une prise en maturité. Le lycée n'était maintenant qu'un souvenir doux-amer d'une période de transition entre l'enfance et la vie adulte, de découvertes de concepts abstraits en déceptions, de recherches d'identité en réponses à des questionnements.

« Ma chérie, aujourd'hui le café ouvre plus tôt, j'y vais, bonne journée et bon courage pour les révisions.

- Travaille bien, je t'aime.

Tandis qu'elle enfilait son manteau, elle se retourna avant de m'embrasser avec tendresse sur la joue.

- Je n'allais quand même pas partir sans embrasser ma femme, dit-elle en riant.

Elle se retourna une dernière fois, me lança un baiser et ferma définitivement la porte d'entrée de l'appartement.

"Ma femme", ce mot résonnait dans ma tête, ramenant avec lui le souvenir inoubliable de la demande en mariage de cette dernière, notre cérémonie tout en discrétion sur cette plage espagnole ainsi que notre voyage de noce sur l'île paradisiaque de Bora Bora.

Depuis qu'Akari était devenue propriétaire du café de sa tante, notre quotidien avait pris une tournure des plus différentes, son salaire nous permettait de vivre convenablement et me laissait la possibilité de poursuivre mes études. Ma dernière année se terminait par quelques examens, j'allais ainsi entrer dans le monde professionnel et exercer un métier me tenant à coeur, avocate spécialisée en droit de la famille. Notre vie allait réellement commencer, nos économies se rendraient utiles et nos objectifs deviendraient réalisables.
Il nous fallu beaucoup de temps après le lycée pour trouver notre véritable vocation, Akari comptait entreprendre des études de marketing quand soudain une triste nouvelle vint la frapper ainsi que lui offrir la possibilité de succéder à sa tante en ce qui concerne la gestion de son business.

Toutefois, nous n'étions pas les seules pour qui le vent avait été favorable, notre entourage entier expérimentait ce bonheur et n'hésitait pas à le distribuer.

Après son divorce avec mon ancien beau-père Toma et voulant se changer les idées, ma mère s'était inscrite à des ateliers créatifs dispensés trois fois par semaine. C'est là-bas qu'elle a fait la connaissance de Sune, un expatrié suédois, désormais son époux. Depuis, ils voyagent à travers le monde et jouissent d'un bonheur qu'ils n'auraient jamais cru atteignable.

Toma, quant à lui, n'était pas encore sorti de prison dû à son comportement déplorable. Après que les autres détenus aient appris la raison de sa condamnation, sa vie était devenue un réel enfer, le répis ne lui était plus permis et la violence était devenu partie intégrante de son quotidien. En voulant se défendre face à ses agressions, il aggravait son casier et repoussait sa date de sortie. Malgré de nombreux efforts, je n'arrivais pas à ressentir ne serait-ce qu'une once d'empathie pour son sort, sans doute que mon indifférence envers lui commençait à se montrer.

Misumi avait poursuivi sa carrière dans la restauration et travaillait désormais aux côtés de ma femme, espérant décrocher un jour le titre de sous-chef. Son sérieux à toutes épreuves et son altruisme lui avaient permis de se créer une solide réputation auprès des clients, faisant d'elle un des piliers de cette nouvelle génération du restaurant.

Mida, dès sa sortie du lycée, avait pris la décision de commencer des études de stylisme. Malgré son peu d'expérience dans le domaine, ses créations avaient très vite suscitées de l'intérêt auprès des grands noms de maisons célèbres. Afin de ne pas laisser Misumi seule à cause de ses déplacements, elle avait choisi le télétravail et les voyages d'affaires seulement lors de défilés importants, le dernier remontant à il y a un an lors de l'événement organisé par Christian Dior. Ces dernières étaient en pleine réflexion concernant l'organisation de leur mariage à venir. L'une désirait une cérémonie intime avec une dizaine d'invités seulement tandis que l'autre préférait organiser une immense fête afin d'exposer aux yeux du monde entier l'amour porté à sa partenaire. Malgré leur désir de prendre des décisions dans le calme, ces dernières ne parvenaient toutefois pas à entretenir une conversation complète sans quelques chamailleries sur des détails sans grande importance. Mon épouse et moi ne pouvions nous empêcher de les railler à longueur de journée tant leurs sujets de discorde étaient enfantins. Ainsi, cherchant quelque réconfort, Misumi, alors en plein service, discutait avec les habitués du restaurant afin d'obtenir une quelconque approbation quant à ses idées pour faire comprendre à sa copine la supériorité de ses choix.

- Comme quoi, elles n'ont réellement pas changées depuis le lycée, pensais-je avec amusement, c'est sans doute ce qui fait leur charme.

Soudain, un bruit court et presque inaudible se fit entendre sous mes piles de feuilles entassées sur la table, une notification d'un message venant d'un numéro inconnu.

""Bonjour, je suis Mme. Tsumiki, assistante du docteur Kujoh.
Nous avons reçu les résultats concernant votre demande de PMA.
Ceux-ci sont favorables à l'intervention du docteur.
Nous vous avons envoyé les documents à renvoyer signés ainsi que la date du prochain rendez-vous par mail.
N'hésitez pas à nous contacter si vous avez la moindre question.
Bonne journée.
Cordialement.
M. Tsumiki.""

Les larmes me montèrent aux yeux tandis que je m'habillais en vitesse d'une écharpe légère et d'une paire de chaussures choisie au hasard. Un sourire se gravait sur mon visage tandis que je courrais rejoindre ma bien-aimée afin de lui annoncer la nouvelle.

- Je réviserai plus tard, songeais-je en riant, Akari et moi allons enfin avoir un bébé, me concentrer aurait été impossible de toute façon. »

FIN.

À toutes les personnes responsables de mes sentiments.