Chapitre 2

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Drago s'étira de son mieux alors qu'il surveillait le chaudron bouillonnant devant lui. Il avait eu une somme incroyable de potions à brasser et il était satisfait d'avoir pu s'en charger sans incident. Leur qualité était peut-être légèrement inférieure à ce que Severus Rogue avait l'habitude de fournir, mais ce dernier était un maître des potions tandis que Drago n'avait pas encore le moindre diplôme.

Il doutait que Voldemort retienne cette excuse, cependant.

Le mage noir tant adulé par ses parents était totalement fou.

Le jeune homme avait entendu parler durant toute son enfance de ce sorcier exceptionnel, puissant et visionnaire, qui avait des projets pour le monde magique. Son père avait toujours décrit un homme charismatique et intelligent, prêt à prendre des risques pour changer les choses.

Longtemps, Drago avait cru cette version. Il avait pensé que les critiques au sujet de Voldemort n'existaient que pour le discréditer. Que la guerre tant commentée n'avait pas été si grave — quelques moldus tués n'avaient pas une grande importance, selon son père.

Ses parents avaient parlé des Potter en chuchotant, deux Aurors qui pourchassaient Voldemort et qui avaient été tués. Malheureusement, quelque chose s'était produit et le mage noir avait disparu brutalement.

Il avait entendu l'histoire du bébé miraculeux, bien sûr. Le jeune sauveur qui avait défait un mage noir puissant. Cependant, son père lui avait toujours recommandé de ne pas écouter ces histoires sans fondements, décrétant que sans aucune preuve formelle, il ne pouvait pas imaginer qu'un bambin puisse se battre contre un mage noir surentraîné. Après tout, le héros de Dumbledore pouvait aussi bien être un cracmol, puisqu'il avait soudainement disparu du monde magique.

Lorsque Drago avait atteint l'âge d'entrer à Poudlard, son père lui avait recommandé de ne jamais parler de leur réelle allégeance, puisque les proches du seigneur des Ténèbres étaient envoyés à Azkaban. Il lui avait appris à se méfier de Dumbledore, en lui assurant que l'homme était assez puissant pour manipuler la vérité.

Le jeune garçon de onze ans avait écouté soigneusement son père — mieux valait être attentif lorsque ce dernier parlait sous peine de recevoir un coup de canne ou deux — mais il n'avait pas réellement pris la mesure de la situation. La guerre des sorciers évoquée s'était terminée alors qu'il était bébé et le monde magique était en paix. Sans oublier que Drago était un jeune sang-pur privilégié issu d'une famille fortunée et qu'il avait grandi dans un cocon, protégé de la vie réelle. Il avait juste copié le mépris de son père envers Dumbledore, n'aimait pas cet homme avant même de l'avoir rencontré.

Le Poudlard express avait à peine démarré qu'il entendait parler de ce célèbre Harry Potter, tous les élèves qu'il croisait le cherchaient en espérant pouvoir devenir amis avec lui.

Le garçon, terriblement jaloux que toute l'attention soit portée sur un autre que lui, avait sillonné les compartiments pour trouver le fameux Potter... et lui proposer une alliance. Il s'était pris à rêver qu'ils deviendraient puissants tous les deux et qu'ils imposeraient leurs lois aux autres élèves...

Harry Potter n'était rien de ce qu'il avait imaginé. Il ne correspondait même pas à la description de son père, qui le voyait comme un gosse choyé et capricieux, certain de sa supériorité et prêt à écraser de son dédain tous les Serpentard...

Potter était trop maigre avec des cheveux trop longs, mal fagoté et trop souriant. Surtout, il était à proximité d'un Weasley, les ennemis jurés des Malefoy...

Avec le recul — et probablement un peu plus de sagesse acquise à la dure — Drago se rendait compte que son approche avait été au mieux maladroite, mais le garçon de onze ans qu'il était alors avait été terriblement vexé du rejet. Assez pour faire de Harry Potter son rival, déterminé à ne pas lui laisser le moindre répit.

Son père avait semblé ravi de son initiative et il l'avait encouragé à s'en prendre à l'enfant chéri du monde magique, alimentant sa jalousie enfantine en lui rappelant à quel point Dumbledore le favorisait.

L'enfant qu'il était autrefois était ravi du soutien indéfectible de son père, prenant ça pour de l'amour. Le jeune homme qu'il était devenu était bien plus lucide, comprenant que son père l'avait utilisé pour atteindre l'ennemi de son maître.

Drago cligna des yeux en revenant au présent et il coupa le feu brûlant sous son chaudron. La potion avait une couleur parfaite et il hocha la tête de satisfaction en se retournant pour préparer des fioles, prévoyant déjà sa soirée dans son esprit.

Il n'avait pas encore eu l'occasion de s'éloigner du monde magique durant la semaine passée et d'aller dans ce bar moldu où il se sentait en sécurité, et il en avait désespérément besoin. Cependant, avant même qu'il ne puisse s'éloigner de son chaudron, la marque sur son bras le brûla et il grimaça.

Drago détestait cette marque qui le liait à Voldemort. Il n'avait pas vraiment eu le choix, même s'il avait prétendu le contraire. Il ne supportait pas de devoir obéir aux moindres caprices du mage noir, être appelé comme l'esclave qu'il était devenu.

Depuis la bataille de Poudlard, depuis la mort de Potter, Drago cherchait avec la plus grande discrétion un moyen de s'en débarrasser. Il savait parfaitement ce qu'il risquait si ses petites recherches étaient découvertes et il n'était pas subitement devenu courageux. Il voulait juste être libre et avoir l'occasion de vivre sans craindre un doloris pour avoir répondu trop lentement ou pour avoir donné une réponse qui ne convenait pas à Voldemort.

C'était assez ironique de se dire qu'il avait eu confiance en Potter pour gagner la guerre. Sans sa disparition brutale, il n'aurait jamais osé les petits gestes de rébellion comme s'évader dans le monde moldu ou chercher comment ôter la marque des ténèbres de son bras.

Drago prit le risque de remplir une fiole avec la potion encore chaude avant de transplaner, espérant que cette offrande serait suffisante pour mettre le mage noir dans de bonnes dispositions à son égard. Puis, il disparut dans un nuage de fumée noire, pour réapparaître dans l'endroit le plus lugubre qui soit.

Malgré sa victoire, Voldemort avait gardé son quartier général à Little Hangleton, dans un manoir presque en ruines, alors qu'il aurait pu choisir les meilleures adresses du monde magique. Drago suspectait que ce lieu avait une signification, mais il n'avait pas encore osé se pencher sur la question. S'intéresser de près au mage noir était puni de tortures ou de mort pour les plus chanceux...

Il entra dans la pièce où siégeait Voldemort, installé sur un fauteuil élimé, le dos droit et le regard sévère. Sans attendre, il s'agenouilla, masquant soigneusement son dégoût et son agacement, sans dire un mot, attendant que le mage noir ne daigne lui prêter attention.

Faux SemblantsWhere stories live. Discover now