Chapitre 41

654 99 7
                                    


Malefoy déverrouilla sa cheminée, avant de saluer sa mère et Hermione. Bien qu'ils ne soient pas amis tous les deux, il lui murmura de faire attention avec le bébé, et Harry lui en fut terriblement reconnaissant. C'était probablement ce qu'il aurait dit s'il était sous forme humaine. Hermione hocha la tête avec un léger sourire, mais son regard posé sur lui était plein de questions. Pour la plus grande satisfaction de Harry, elle ne prêta pas la moindre attention au corbeau perché sur son épaule.

Harry aurait pu reprendre forme humaine lorsque Hermione l'avait réclamé. Il avait noté le regard de Narcissa Malefoy sur lui et il était persuadé que la mère de Drago avait deviné que le corbeau installé dans l'appartement de son fils était un animagus. Elle avait pris des risques pour aider Hermione et elle était en contact avec Andromeda, ce qui était largement suffisant pour lui faire confiance, de son point de vue.

Il aurait du reprendre forme humaine pour réconforter sa meilleure amie, celle qu'il voyait comme une sœur, et la rassurer. Il aurait probablement pu essayer de la convaincre de rester loin de lui et lui assurer qu'il était en sécurité.

Cependant, il était un lâche.

Harry n'était pas prêt à faire face une fois encore à Hermione, à voir son regard déçu, ses larmes et sa colère. Il ne voulait pas entendre à quel point il leur avait manqué, à quel point ils s'étaient inquiétés pour lui.

Harry ne voulait pas savoir tous les moments qu'il avait perdus, parce que leur vie avait avancé pendant qu'il se cachait. Il n'avait pas osé demander à son amie si Ron allait bien et s'il était le père de son enfant.

Il savait que la repousser était la meilleure chose à faire, pour sa propre sécurité. Elle était enceinte, elle méritait d'être en sécurité et heureuse.

Surtout, il ne pouvait pas se permettre de la garder près de lui, même si c'était familier et rassurant. Il ne pourrait pas la perdre elle aussi, dans une guerre cruelle, pas alors que Voldemort avait fait de lui sa cible prioritaire.

L'annonce de sa mort lui avait offert un répit, assez pour prendre du repos après sa fuite effrénée à travers l'Angleterre et la bataille de Poudlard, mais il avait également pu se préparer, planifier une façon d'approcher Voldemort et de mettre fin à son règne de terreur.

Il avait également pris le temps d'apprendre à devenir animagus, afin de mieux passer inaperçu. C'était ainsi qu'il l'avait justifié, cependant ça avait été un moyen de se sentir plus proche de son père et de son parrain. Puisque la pierre de résurrection était encore en sa possession, il avait passé du temps avec ses proches, et ça avait été une façon de commencer à faire son deuil.

Harry avait dû apprendre la patience. Il avait dû comprendre que se précipiter n'amènerait rien de bon, hormis le mettre en danger et donner à Voldemort l'occasion de le blesser ou de le tuer.

Le comportement amical de Malefoy l'aidait, l'empêchait de trop se sentir mal. S'il devait être honnête, jusqu'à le retrouver, il avait perdu espoir. Découvrir que son rival de toujours n'était pas un laquais obéissant de Voldemort lui avait insufflé une nouvelle énergie.

Alors qu'il était convaincu qu'il n'avait aucune chance, Harry commençait à entrevoir la possibilité d'un avenir. Malefoy était comme un joker qui redistribuait les cartes, donnant à Harry une meilleure main.

Toujours sous sa forme de corbeau, perché sur l'épaule de Malefoy, Harry observa Narcissa Malefoy escorter une Hermione affaiblie, mais déterminée, à l'intérieur de l'âtre de la cheminée et la soutenir avant de jeter une poignée de poudre de cheminette.

Il ne fit pas attention à la destination — il ne voulait pas vraiment savoir, pour ne pas avoir un jour envie de s'y rendre pour s'excuser de son comportement, pas avant la fin de la guerre tout du moins. Ensuite, s'il survivait, il laisserait à Hermione le choix de le pardonner ou non.

L'instant d'après, il était seul avec Malefoy. Harry repoussa toutes ses pensées sombres avec détermination, voulant se concentrer sur l'instant présent. Ils avaient une guerre à mener.

Malefoy verrouilla sa cheminée de nouveau, sans prononcer un mot, et Harry étendit ses ailes pour s'envoler, regrettant de devoir s'éloigner. Malefoy était une présence rassurante et surtout le premier contact humain qu'il avait depuis sa fuite de la bataille de Poudlard.

Harry avait dû supporter la solitude. Il avait cru que son enfance chez les Dursley l'aurait immunisé, mais il avait découvert à quel point il était pesant d'être seul en permanence, sans personne avec qui parler, sans contact physique.

Il était tellement avide d'une présence humaine qu'une simple caresse sur sa forme animagus avait suffi à le faire se sentir mieux, à le soulager d'un manque dont il n'avait pas eu conscience.

Il battit des ailes une seule fois et il reprit forme humaine, trébuchant légèrement en atterrissant sur le sol. Ce n'était pas étonnant qu'il soit un animagus oiseau, puisqu'il avait toujours été plus à l'aise sur un balai que sur la terre ferme.

Les moments où il pouvait voler librement étaient probablement les plus précieux qu'il avait depuis qu'il avait appris à se transformer, et le retour sous forme humaine était toujours un peu délicat, comme s'il n'arrivait pas à prendre la mesure de l'espace dont il avait besoin.

Il s'attendait à une remarque moqueuse sur son manque de grâce ou sur sa maladresse, mais Malefoy resta silencieux.

Il sentait son regard peser sur lui, mais le jeune homme le connaissait suffisamment pour savoir que ce n'était pas le moment idéal pour le pousser à parler de ce qui venait de se produire. Mal à l'aise, Harry se passa la main dans les cheveux et il soupira. Il espérait presque une diversion — une bonne dispute serait idéale —, mais il semblait qu'ils avaient mûri l'un et l'autre.

Harry était particulièrement nerveux et il ne parvenait pas à regarder Malefoy dans les yeux. Ce dernier ne bougeait pas, lui laissant tout le temps dont il avait besoin comme s'il sentait que le moment était important. Finalement, Harry soupira et il ferma les yeux, refusant de voir l'expression de Malefoy lorsqu'il prononcerait les mots qui lui brûlaient la langue.

— J'ai quelque chose à te dire, Malefoy. Je n'ai pas été tout à faire honnête avec toi...

Faux SemblantsWhere stories live. Discover now