Chapitre 32

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En voyant sa mère hésiter en se tordant les mains, Drago crut qu'il n'aurait pas de réponse. Finalement, sa mère haussa les épaules avec un rictus crispé.

— Je l'ai installée dans ton lit, je suis désolée. Mais je lui ai donné une potion pour dormir, je n'étais pas certaine des soins à apporter. C'est plutôt... mauvais.

Drago grimaça en comprenant que le prisonnier secouru devait avoir été torturé, probablement depuis l'instant de sa capture. Voldemort avait juste prévu de faire de sa mise à mort un spectacle pour tous ses Mangemorts. Il ne prit pas la peine de poser plus de questions, préférant attraper un petit sac empli de potions de premiers secours dans son laboratoire avant de se diriger vers sa chambre d'un pas lourd. Il était épuisé et il rêvait d'une nuit de sommeil, mais il semblerait que le repos devrait attendre.

À l'entrée de sa chambre, il s'immobilisa, incrédule. Il posa son sac à ses pieds, n'osant pas entrer, alors qu'il fixait le lit sans un mot.

Il lui fallut de longues secondes pour comprendre ce qu'il voyait et il chuchota, presque rageusement.

— C'est une plaisanterie ?

Sa mère se tendit et elle lui lança un regard sévère, visiblement contrariée.

— Quel est le problème ? Tu ne vas pas l'aider ? Je sais que vous n'étiez pas en bons termes à Poudlard, mais il me semblait que tu avais grandi depuis ! Ce n'est pas un jeu, Drago !

Drago réprima un hurlement de rage et il fit volte-face, vexé que sa mère puisse penser qu'il soit resté aussi détestable qu'à Poudlard ou même qu'il puisse penser à tourner le dos à quelqu'un de blessé, juste à cause d'anciennes querelles d'enfants. Il grogna, n'osant plus regarder son lit, préférant affronter le regard de sa mère.

— Le problème ? Elle ne devrait pas être ici ! Voilà le problème ! Elle était censée être en sécurité !

Il hésita brièvement, puis il jeta un regard en arrière, comme si Hermione Granger pouvait avoir disparu de sa chambre entre temps, avant de secouer la tête, épuisé.

— Rentre chez toi, mère. Nous nous verrons plus tard. Je dois... appeler quelqu'un pour m'aider. Elle ne me fera pas confiance, pas plus qu'à toi.

Narcissa posa la main sur son épaule et murmura, contrite.

— Je suis désolée. Je sais que tu n'es pas comme ça, mais la soirée a été éprouvante. J'aurais dû le savoir et ne pas douter de toi.

Drago hocha la tête, avec lassitude.

— Je sais que les choses ont été difficiles. Nous sommes probablement tous les deux épuisés et père va se demander où tu es, tu devrais rentrer rapidement. Il n'est pas nécessaire d'attirer son attention sur ton comportement, surtout pas maintenant. Je te tiendrais au courant, mais...

Sa mère pinça les lèvres et compléta sa phrase, sans sembler vexée outre mesure.

— Mais tu préfères que je reste à l'écart ?

Drago renifla et détourna la tête, sans répondre à la question de sa mère. Il préféra se montrer diplomate.

— Je dois trouver un endroit sûr où l'envoyer après l'avoir soignée. Sans compter cette maudite potion à brasser. Je vais être particulièrement occupé, mais je te promets que tu seras informée la première de ce qui se passe. Nous devons juste être particulièrement prudents et profiter du fait que personne ne nous soupçonne.

Narcissa l'attira dans ses bras et elle le serra brièvement contre elle avant de murmurer, avec affection et tendresse.

— Je suis fière de toi, mon dragon. Sois prudent surtout et ne t'en fais pas. Personne n'irait imaginer que tu es lié à cette histoire.

L'esprit déjà occupé à planifier la suite, Drago hocha distraitement la tête, ne faisant déjà plus attention lorsque sa mère entra dans la cheminée pour rentrer chez elle.

Drago approcha prudemment de son lit et il soupira en distinguant un peu plus la jeune femme étendue.

Son visage était paisible grâce à la potion de sommeil, mais il était marqué d'ecchymoses impressionnantes, preuve qu'elle s'était probablement beaucoup débattue. Les coupures aux bords inégaux sur son visage et ses bras lui indiquaient que sa tante Bellatrix avait « joué » avec la jeune femme, à la fois pour la blesser, mais très certainement pour lui soutirer des informations.

Plusieurs de ses doigts semblaient cassés, ses articulations étaient enflées et violacées.

Avec prudence, Drago prit délicatement l'un de ses poignets et fit pivoter son bras. Il ferma les yeux lorsque ses soupçons furent confirmés et il réprima une vague de nausée.

Il se souvenait parfaitement du jour où sa tante Bellatrix s'en était prise une première fois à Hermione Granger. Elle l'avait torturé au Manoir, utilisant un de ces couteaux qu'elle affectionnait tant, tentant de lui graver « sang-de-bourbe » sur le bras.

À l'époque, elle n'avait pas pu terminer, parce que Potter était parvenu à se libérer et l'avait interrompue. Drago lui-même n'avait pas lutté, laissant le Gryffondor le désarmer puis s'échapper...

Visiblement, Bellatrix n'avait pas oublié ce qu'elle avait prévu parce que cette fois, elle avait pris la peine de terminer de graver l'insulte dans la peau de la jeune femme.

Drago déglutit et il secoua la tête, maudissant la folie de cette femme ignoble. Qu'elle soit de son sang était pire que tout aux yeux du jeune homme, et ses cauchemars étaient souvent visités par le rire hystérique de sa tante.

Il prit quelques inspirations nerveuses et il baissa légèrement le drap pour continuer de lister les blessures de Granger, voulant être certain de ne manquer de rien au moment où il commencerait à la soigner.

La jeune femme semblait plus mince que la dernière fois qu'il l'avait vue en dehors du renflement évident de son abdomen. Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qu'elle était enceinte et il jura sourdement, maudissant son idiotie. Comment avait-elle pu se mettre en danger en revenant en Angleterre alors qu'elle portait la vie ?

Drago fit demi-tour et il retourna dans le salon. Il fit quelques allers-retours nerveux en espérant se calmer un peu, puis il secoua la tête, décidant qu'il ne pourrait pas le faire seul. Granger n'aurait aucune confiance en lui lorsqu'elle se réveillerait et si elle s'agitait, elle risquait d'aggraver ses blessures.

Il ne voulait pas prendre le moindre risque, surtout pas dans son état.

Il s'immobilisa devant sa cheminée et il lança un sort pour la verrouiller, s'assurant que cet accès était fermé. Puis il ferma les yeux et il jura une fois encore en secouant la tête, avant de transplaner.

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant