Faux Semblants

Chapitre 67

Harry avait toujours eu le don de le surprendre dans les pires moments, et Drago s'obligea à se calmer avant de faire face au jeune homme pour savoir ce qui se passait dans sa tête.

Harry aurait dû se méfier de lui, de sa famille. Après tout, son père était mangemort depuis des années, un Mangemort actif et particulièrement cruel. Il avait réussi à échapper à Azkaban en versant de nombreux pots de vin et en mentant outrageusement, sans pour autant arrêter ses activités criminelles.

Son bref passage à Azkaban avait rendu son père encore plus déterminé et il était désormais prêt à tout pour ne jamais y retourner.

Drago lui-même portait la marque des ténèbres et il avait un lourd passif de disputes stériles avec Harry. Il s'était montré sous son pire jour à Poudlard, ce qui aurait dû faire fuir le jeune homme loin de lui, en sécurité.

Bien qu'il adorait sa mère et qu'il savait qu'elle l'aimait, Drago n'avait jamais cherché à en savoir plus sur ses réelles allégeances. Il craignait bien trop d'être déçu, comme il l'avait été avec son père.

Narcissa ne portait pas la marque, mais elle évoluait dans les milieux Mangemorts avec aisance. Sa propre sœur était après tout l'une des plus célèbres et des plus cruelles Mangemorts, la seule à ne jamais porter de masque, semant la mort avec fierté...

Même si sa mère le protégeait farouchement, il n'était pas rassuré qu'elle sache que Harry était vivant et près de lui. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elle pourrait livrer Harry pour protéger son fils, malgré toutes ses promesses...

Ses sentiments étaient bien trop confus à ce sujet pour qu'il puisse se détendre et dès qu'il eut nettoyé son plan de travail, il fit face à Harry, tout en essayant de cacher à quel point il était tendu.

— Comment peux-tu faire confiance à ma mère si facilement ? Elle pourrait tout dire à mon père ! Elle pourrait te livrer puisqu'elle côtoie tous ces Mangemorts !

Harry sembla surpris et il haussa les épaules, comme s'il allait énoncer une évidence.

— Ta mère t'aime, Drago. Elle ferait tout pour te protéger. Elle ne ferait rien qui puisse te blesser.

Drago laissa échapper un rire amer et il grogna, furieux.

— Justement ! Je sais qu'elle m'aime, bien sûr. Mais elle pourrait décider que te livrer me garderait à l'abri. Ou que livrer Rogue serait mieux pour moi !

Harry cligna des yeux, semblant sincèrement étonné. Puis il protesta, en désaccord avec Drago.

— Elle sait que tu ne seras jamais en sécurité près de... lui. Drago... elle est avec nous, tu te souviens ? Elle a tiré Hermione de ses griffes et elle aide Andromeda. Elle ne trahirait pas sa sœur et son fils !

Drago renifla avec mépris. Sa mère n'avait jamais parlé de sa sœur reniée, soupirant des années après la folle enfermée à Azkaban. Elle aurait dû lui parler de cette tante mystérieuse, si elle l'aimait tant... mais Drago avait appris son existence récemment et il avait du mal à accepter tous ces mensonges. Depuis qu'il était petit, sa mère lui avait appris encore et encore que chez les Black, il n'y avait rien de plus important que la famille, alors il ironisa, amer.

— Sa sœur... Celle qu'elle a laissée être reniée ou celle qu'elle laisse massacrer des innocents ? Celle qui a perdu sa fille pendant la guerre ou celle qui est enceinte de... de lui ?

Drago s'attendait à une explosion de colère de la part de Harry, puisqu'il connaissait bien son côté impulsif et sanguin. Cependant, il semblait s'être assagi puisqu'il resta parfaitement calme, examinant Drago avec inquiétude comme s'il le pensait fou.

Après quelques secondes, Harry reprit, patiemment.

— Drago. Je ne pense pas que ta mère te trahirait. Tu es son fils unique ! Ce n'est pas...

Drago l'interrompit, impatient.

— D'accord. Elle est ma mère. Mais, Harry... ce n'est pas parce que ta mère s'est sacrifiée pour toi que toutes les mères sont comme ça.

Harry le fixa longuement, jusqu'à ce que Drago baisse les yeux, honteux d'avoir évoqué la mère du jeune homme. Il savait à quel point le sujet était douloureux, même s'il n'avait pas voulu le blesser. Cependant, il n'y avait pas la moindre trace de reproche dans la voix de Harry lorsqu'il reprit la parole.

— Ta mère m'a protégé, Drago. Avant que nous ne soyons proches. Elle a menti pour moi, le jour de la bataille de Poudlard. Elle a prétendu que j'étais mort et je sais qu'elle m'a vu... lorsque j'ai déployé la cape d'invisibilité sur moi. Elle était la seule personne du monde magique à me savoir en vie et elle n'a jamais rien dit. Pourtant, elle aurait pu négocier cette information pour te protéger, n'est-ce pas ?

Drago hésita, une partie de lui voulant croire aux arguments de Harry. Comme s'il devinait à quel point il était proche de céder, Harry s'approcha de lui lentement et il l'enlaça.

— Elle sait déjà que je suis vivant et près de toi, Drago. Elle a sauvé Hermione. Si elle parle maintenant alors qu'elle savait, il la torturera jusqu'à la folie pour avoir gardé le secret si longtemps. Même si tu doutes d'elle, elle ne peut pas nous trahir sans en payer le prix.

Drago grogna, le visage enfoui dans son cou.

— Tu n'es pas rassurant, tu sais ? Rogue va être furieux...

Harry renifla, moqueur.

— Probablement. Mais si nous... sommes retenus ailleurs, ta mère pourra continuer de prendre soin de lui et il aura à se débrouiller pour mettre fin à... tout ça.

Drago leva la tête avec un grognement.

— Tu veux dire « si nous sommes tués » ? Ton sens de la métaphore est déplorable également. Pourquoi faire confiance à ma mère et renvoyer Granger loin de toi ? Ça n'a aucun sens ! Tu aurais dû lui parler et...

Le visage de Harry se ferma et il serra Drago un peu plus contre lui, l'interrompant avec brusquerie.

— Hermione est enceinte et elle... Si j'avais le choix, tu serais en sécurité avec elle, loin d'ici. Mais... ta mère et toi vous êtes déjà impliqués. Je... en restant près de toi, je peux te protéger au moins...

Drago capitula, la gorge serrée.

— Fais ce que tu penses le mieux, Harry. Je te fais confiance. Je ne sais pas ce que tu vois chez moi, mais...

Harry gloussa sans répondre, mais son regard était chaleureux, assez pour chasser les peurs de Drago. Il se laissa aller contre lui avec un soupir, en se demandant une fois de plus comment Harry pouvait être si confiant et si lumineux après avoir passé sa vie à se battre contre l'assassin de ses parents.