Chapitre 85

519 81 1
                                    


Drago somnolait, installé contre Harry, lorsque sa mère revint le voir. Il ouvrit les yeux et il se redressa, essayant de ne pas rougir de sa proximité avec Harry.

Il ne doutait pas de l'affection de sa mère, bien évidemment, mais Drago ne pouvait pas dire qu'ils étaient proches. Il y avait toujours eu beaucoup de secrets dans sa famille et Drago n'avait jamais imaginé se trouver ainsi dans cette position un jour.

Son père avait toujours affirmé haut et fort qu'il choisirait l'épouse de son fils pour le bien de leur famille — surtout pour augmenter sa fortune et sa puissance — mais même sans cela, c'était un peu étrange d'être dans les bras de son... petit ami ? — c'était probablement ce qui qualifiait le mieux Harry en cet instant — sans avoir à se cacher.

Il fit en sorte de repousser toute gêne en s'obligeant à se souvenir qu'il était majeur, qu'il était adulte et qu'il s'était affranchi de l'influence de ses parents en quittant le manoir familial.

— Mère ?

Narcissa sourit et approcha, avant de lui poser la main sur l'épaule. Elle jeta un bref coup d'œil en direction de Harry et elle lui passa la main dans les cheveux.

Durant un battement de cœur, Drago se sentit jaloux que sa propre mère soit plus à l'aise avec Harry qu'avec lui, son propre fils, puis il repoussa ce sentiment en se souvenant que Harry était quelqu'un de facile à aimer. C'était probablement cette facette de sa personnalité qui l'avait poussé à le défier encore et encore après que Harry ait repoussé sa demande d'amitié.

Drago cligna des yeux, observant sa mère, notant les signes évidents de fatigue. Ses traits étaient tirés et ses yeux cernés. Ses cheveux n'étaient pas aussi parfaitement coiffés qu'à son habitude et ses vêtements étaient froissés, ce qu'elle n'aurait jamais accepté avant.

Elle lui sourit, un sourire qui semblait plus naturel que ceux qu'il connaissait, comme si elle était enfin libérée du carcan d'obligations qui faisait d'elle une femme-trophée à la beauté glaciale.

— Je venais voir si vous alliez bien tous les deux.

Drago hocha prudemment la tête, sans la quitter des yeux.

— Bien sûr. Tout va bien, mère.

Narcissa hésita puis elle murmura, avec une fêlure dans la voix.

— J'ai cru que... j'allais te perdre, mon fils. Je pensais que...

Elle s'interrompit et elle secoua la tête, retrouvant toute sa maîtrise d'elle-même.

— Je dois beaucoup à Harry.

Drago garda le silence, mal à l'aise. Il avait l'impression d'avoir perdu tous ses repères et de se retrouver face à une inconnue. Sa mère n'avait pas cessé de le surprendre, au cours des dernières semaines, et il n'avait pas encore réussi à concilier l'image de la mère parfaite et discrète qu'il avait toujours connue avec cette femme prête à agir et à se rebeller qu'il avait découverte.

Face à son mutisme, Narcissa changea de sujet avec un soupir.

— Je pense que Severus pourrait être réveillé d'ici quelques jours.

Drago leva un sourcil, soudain curieux.

— Severus ?

Narcissa rosit légèrement, avant de s'expliquer, évitant le regard de Drago.

— Nous sommes... amis. Il est plus jeune que moi alors nous nous sommes à peine croisés à Poudlard, mais par la suite ton père me l'a présenté en espérant l'humilier... J'aimais beaucoup les potions à Poudlard alors, nous avons sympathisé en quelque sorte.

Drago écarquilla les yeux et il ne put s'empêcher de s'exclamer, choqué.

— Tu as couché avec lui ?

Narcissa sursauta et elle secoua vivement la tête, avec une expression mécontente.

— Quelle idée ! J'ai respecté mes vœux de mariage contrairement à ton père ! Je peux très bien avoir des amis sans que ça ne devienne une vulgaire histoire d'adultère !

Drago rougit et il baissa la tête, regrettant son éclat idiot.

— Je suis désolé, mère. Je... ne comprends pas pourquoi tu l'as caché si ce n'était pas...

Il y eut un silence, puis Narcissa soupira.

— Ton père n'a jamais accepté que je puisse avoir des amis. Je devais juste... me soumettre à ses ordres et garder le silence. Peu importe, ce n'est pas le sujet. Sache que Severus m'a aidé à te protéger, il a été jusqu'à faire un serment sorcier pour me promettre de te garder en vie.

Drago déglutit, impressionné. Le serment sorcier conclu par son professeur de potions aurait pu coûter la vie à l'homme et désormais, Drago comprenait mieux son insistance à vouloir l'aider... Il hocha la tête.

— D'accord.

Narcissa eut un sourire triste.

— Je n'aurais jamais dû exiger cette folie, mais j'avais tellement peur pour toi. Sans l'insistance de Bellatrix, je me serais contentée de la parole de Severus...

À la mention de sa tante, Drago se tendit brièvement alors qu'un souvenir lui revint en mémoire. Elle était présente lorsqu'il était arrivé devant Voldemort en compagnie de Harry. Il blêmit et bégaya, horrifié.

— Elle était là-bas, Bellatrix. Elle était présente.

Narcissa ne sembla pas s'en inquiéter, haussant juste les épaules.

— Elle a beaucoup d'ennemis. Sans son puissant protecteur, elle sera vulnérable, ne t'en fais pas.

Drago secoua la tête.

— Tu ne comprends pas, mère ! Elle va vouloir le venger ! Tout le monde sait qu'elle porte son héritier...

Narcissa ricana tristement.

— Elle ne porte aucun héritier, Drago. Je m'en suis assurée. Je lui ai donné une potion abortive. Peux-tu imaginer les dégâts qu'elle pourrait faire sur un nourrisson innocent ? La folie qui la ravage m'a pris ma grande sœur, il ne reste plus qu'un animal assoiffé de sang qu'il faut... éliminer.

Drago cligna des yeux, stupéfait. Narcissa soupira en voyant son expression et elle ajouta, avec calme.

— J'ai mis des semaines avant de... d'accepter. J'en ai beaucoup parlé avec Andromeda et nous avons longtemps cherché une façon de ramener la Bellatrix que nous connaissions. Avant qu'elle ne devienne cette... harpie avide de tuer et de torturer. Nous avons fait notre deuil et notre sœur est morte. Son esprit est mort et ne peut pas être ramené. Ça peut sembler cruel, mais elle a causé tant de souffrances qu'il est temps que ses victimes obtiennent un peu de repos.

Drago hocha la tête, dévisageant toujours sa mère avec surprise.

— Je ne vais pas te contredire sur ce point. Je ne pensais pas que tu verrais les choses de cette façon, c'est tout.

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant