Faux Semblants

Chapitre 54

Drago fronça les sourcils, essayant de comprendre où Potter voulait en venir.

Il avait voulu savoir pour quelle raison Potter l'avait attendu, soigné et réconforté, pourquoi il l'avait embrassé même et pourquoi il semblait prendre son état tellement à cœur.

Il s'attendait plus ou moins à ce que le jeune homme esquive et tente de détourner son attention, mais certainement pas à cette étrange confession à cœur ouvert.

Apprendre qu'il avait eu autant d'importance dans la vie de Potter lui réchauffait le cœur, cependant il ne comprenait pas ce que Potter essayait de lui expliquer.

Il protesta, se retenant de ne pas rouler des yeux.

– Potter. Tu as failli mourir dès la première année et il t'a fallu tout ce temps pour comprendre que c'était réel ?

Loin de se vexer, Potter laissa échapper un petit rire moqueur.

— C'est étrange, non ? J'étais tellement... englué dans tout ça, que je pensais que c'était... normal. J'étais inquiet pour Hermione et Ron, bien entendu, mais ils n'arrêtaient pas de me dire qu'ils avaient choisi. Que c'était leur décision de me suivre et qu'ils acceptaient de se mettre en danger. Toi... tu n'avais pas ton mot à dire, n'est-ce pas ?

Drago soupira, prêt à objecter, mais Potter se replongea dans ses pensées. Il songeait qu'il n'aurait pas de réponse quand Potter murmura, le regard dans le vague.

— J'ai... laissé Ginny croire que j'étais intéressé par elle pour essayer de t'oublier. Je me disais que si mon attention était fixée sur elle, je n'aurais plus envie de te suivre partout, obsessionnellement.

Mal à l'aise, Drago remua. Il n'était pas certain de vouloir entendre Potter chanter les louanges de la belette femelle. Il cligna des yeux lorsque Potter laissa échapper un rire amer avant de continuer, en serrant Drago contre lui.

— Ça ne m'a pas arrêté, tu sais. Je te surveillais en permanence. Je cherchais toujours où tu étais, mais je... j'étais plus discret. Beaucoup plus discret. J'ai fait croire à Ginny que... j'étais distrait par tout ce qui se produisait, mais je lui mentais autant que je me mentais. Je sais qu'elle ne méritait pas ça, mais je ne pouvais pas vraiment lui avouer que je... que j'étais tellement obsédé par toi qu'il n'y avait plus de place dans ma vie pour elle.

Drago hoqueta et Potter rougit en détournant les yeux. Il soupira, avant de laisser échapper un ricanement triste.

— Tu sais maintenant pourquoi je ne pouvais pas te laisser brûler dans cette maudite pièce, à Poudlard. Je pensais que tu sortirais de ma vie après Poudlard. Qu'on ne se reverrait pas, quelle que soit l'issue de la guerre.

Malgré lui, Drago déglutit et il s'agita un peu, n'aimant pas l'idée de ne plus jamais revoir Potter. Il n'avait pas pu s'empêcher de penser régulièrement à lui alors qu'il le croyait mort. S'il voulait être honnête, il devait avouer qu'il n'avait jamais réellement cru à sa mort en premier lieu. Au fond de lui, il espérait toujours qu'il soit caché quelque part, bien en vie et surtout en sécurité.

Potter ne sembla pas se rendre compte de son malaise et il secoua la tête, avec un petit sourire en coin.

— Ce jour où je t'ai vu, par hasard, dans le monde moldu... je t'ai immédiatement suivi et... tu connais la suite.

Drago renifla en essayant de lui jeter un regard noir, mais il ne pouvait pas nier qu'il ne lui en voulait pas.

— Justement, non. Je ne comprends pas trop pourquoi tu sembles autant déterminé à m'aider.

Potter lui lança un coup d'œil affectueux et il haussa les épaules.

— Parce que je ne veux pas que tu sois blessé, idiot.

Drago leva un sourcil moqueur en le fixant et il dut se mordre la langue pour ne pas rire lorsque Potter rougit à nouveau. Ce dernier s'agita légèrement avant de souffler.

— Je te fais confiance, d'accord ?

Drago protesta immédiatement, même si cette simple déclaration l'avait empli d'une chaleur agréable.

— Mais nous nous sommes toujours battus !

Potter renifla, visiblement amusé.

— Bien sûr. Mais j'ai toujours eu confiance. Je veux dire... tu étais un idiot prétentieux, mais je savais que tu n'étais pas mauvais. Que tu n'étais pas du genre à faire du mal à quelqu'un volontairement.

Drago se tendit.

— Je l'ai fait. Lorsque j'essayais de tuer Dumbledore. J'ai blessé des gens.

Il repoussa fermement les souvenirs, refusant de repenser à cette période. Potter attira son attention en prenant ses joues entre ses paumes, et Drago cligna des yeux, surpris, en fixant son regard plein d'une étrange tendresse.

— Tu n'avais pas le choix. Tu ne les visais pas directement.

Drago déglutit et il murmura, la voix tremblante.

— Ne fais pas ça, Potter. Ne me fais pas croire que je suis meilleur que je ne le suis réellement.

Potter se contenta de sourire en continuant de le fixer, avec une telle intensité que Drago eut l'impression que sa peau prenait feu. Finalement, le jeune homme reprit.

— Tu m'as protégé lorsque j'ai été arrêté par les rafleurs. Tu aurais pu me dénoncer, je sais que tu m'as reconnu à la seconde où nous nous sommes retrouvés face à face. Tu aurais pu m'intercepter, le jour de la bataille, après le feudeymon. Tu as eu tellement d'occasions de me traîner à ses pieds depuis qu'on s'est retrouvés... J'ai confiance en toi, Drago Malefoy.

Cette fois, Drago haleta et écarquilla les yeux, incapable de détourner le regard, choqué de l'affirmation tranquille. Il savait que Potter disait la vérité, qu'il était pleinement sincère. Il pouvait le lire dans ses yeux verts si expressifs, ainsi que dans la façon dont il le tenait.

Pendant quelques secondes, ils se fixèrent, sans un mot, la tension entre eux grimpant légèrement. Puis, Potter sourit et il se rapprocha lentement, si lentement que Drago aurait pu s'éloigner s'il le voulait.

Sauf qu'il ne le voulait pas.

Il laissa échapper un bref soupir lorsque leurs lèvres se rencontrèrent et il ferma les yeux, se laissant aller.

C'était un baiser sage alors qu'ils se bécotaient gentiment, apprenant à se découvrir lentement, comme s'ils avaient l'éternité devant eux.

Drago aurait probablement dû repousser Potter, au moins tant que Voldemort était toujours une menace. Ni l'un ni l'autre ne pouvait se permettre d'être distrait, ils ne pouvaient pas perdre du temps à batifoler alors que leurs vies étaient en jeu.

Mais c'était Potter.

Il n'avait peut-être pas eu l'occasion de réfléchir à son sujet, mais Drago savait qu'il était heureux de l'avoir retrouvé et qu'il se sentait plus fort lorsqu'il était près de lui.

Prêt à accomplir l'impossible.