Chapitre 51

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Lorsqu'il entendit le « pop » de transplanage provenant du salon, Harry était encore dans la chambre, tournant en rond, terriblement nerveux. Il eut un moment d'hésitation, se demandant si c'était bien Malefoy, craignant de dévoiler sa présence en se précipitant.

Il décida d'abandonner la prudence, à la fois curieux et inquiet, et il sortit de la chambre, avant de s'immobiliser, choqué.

Malefoy était de retour.

Cependant, il était appuyé contre le canapé, pâle et ensanglanté, les yeux fermés et haletant, le visage déformé par une grimace de douleur.

Presque instinctivement, Harry se dirigea vers lui aussi vite que possible et il tendit la main, sans oser le toucher, craignant de le blesser un peu plus. Il repoussa sa colère et la panique qui menaçait de le submerger, et il effleura délicatement la joue de Malefoy avant de chuchoter, la gorge nouée.

— Je vais t'aider. Tiens bon.

Malefoy resta immobile, peinant à respirer, ne réagissant pas à sa présence, et la peur s'infiltra dans chaque cellule de Harry. Il se souvenait des parents de Neville, qui s'étaient perdus dans leur esprit après avoir été torturés, et il refusait de perdre Malefoy de cette façon.

Il s'éloigna à contrecœur du jeune homme pour se rendre dans son laboratoire et il fouilla rapidement parmi les potions, prenant ce dont il aurait besoin pour parer au plus pressé.

Lorsqu'il le rejoignit, il nota que Malefoy avait commencé à trembler et il se précipita, nauséeux et le cœur battant. Il l'enlaça avec précaution pour le soutenir et il força le goulot d'une fiole de potion antidouleur entre ses lèvres, l'encourageant à boire en chuchotant.

Il constata avec soulagement que Malefoy obéissait sans protester et à l'instant où il le sentit se détendre contre lui, il le prit dans ses bras.

Malefoy émit un grognement, mais Harry l'ignora pour le porter dans la chambre, essayant de ne pas le secouer. Il l'installa dans son lit avec précautions et il eut du mal à le lâcher. Avec un soupir, il s'éloigna le temps d'aller chercher une bassine d'eau et une serviette, pour nettoyer le sang qui le couvrait.

Il s'occupa du visage en premier, grimaçant en notant les longues estafilades probablement dues à un sort de découpe. Il hésita un instant, puis il sortit sa baguette et il fit disparaître la robe de Mangemort d'un « evanesco », dévoilant le torse pâle et tuméfié de Malefoy.

Il le nettoya avec soin, ignorant le regard gris fixé sur lui, puis il soupira et commença à soigner chaque contusion et chaque coupure avec patience.

Harry resta silencieux, mais ses yeux brûlaient de rage alors qu'il constatait une fois de plus la cruauté de Voldemort. Les pensées s'entrechoquaient dans son esprit, chaotique, mais il en revenait toujours à la même idée. Il devait mettre fin à cette situation au plus vite. Il avait assez attendu et il ne supportait pas de voir Malefoy brisé, souffrant à cause d'un mage noir totalement fou qui l'avait probablement torturé par simple caprice.

Lorsqu'il eut terminé de le soigner, Malefoy semblait moins crispé et presque somnolent. La potion antidouleur devait commencer à l'assommer légèrement et il allait probablement s'endormir rapidement.

Harry soupira et il repoussa avec douceur une mèche de cheveux blonds du front de Malefoy, s'assurant qu'il ne restait pas la moindre trace de la cruauté de Voldemort sur le visage du jeune homme.

Le regard de Harry suivit les cicatrices restantes qui barraient la joue de Malefoy, conséquence de ses échecs face aux exigences de Voldemort. Il murmura, la gorge nouée, en effleurant du doigt les marques sur le visage de Malefoy.

— Ça ne peut plus continuer, Malefoy. Il va finir par te tuer...

Leurs regards s'accrochèrent et le cœur de Harry se serra en lisant de la résignation dans les yeux gris de Malefoy. Il semblait avoir perdu tout espoir et Harry dut se faire violence pour ne pas le secouer, jusqu'à l'obliger à réagir.

Après un long moment, Malefoy marmonna, la voix pâteuse.

— Je vais bien.

Harry le fixa un instant, incrédule, avant de grogner, furieux.

— Non, tu ne vas pas bien ! Il t'a torturé, une fois encore. Combien de temps vas-tu pouvoir supporter ça, Malefoy ? Combien de doloris encore avant que tu gardes des séquelles ? Quelle quantité de douleur avant que ton esprit ne se brise ?

Malefoy ferma les yeux et Harry fouilla rageusement parmi les potions qu'il avait prises dans le stock du jeune homme jusqu'à trouver une potion de sommeil sans rêves.

Avec douceur, il passa la main dans les cheveux de Malefoy et il chuchota, le cœur serré.

— Allez, Malefoy, encore un effort.

Il l'aida à se redresser et lui fit boire la potion, avant de l'aider à se réinstaller, le gardant contre lui, avec l'impression qu'il pourrait disparaître s'il le lâchait.

Malefoy le fixait, le regard désormais vitreux, mais il ne semblait pas hostile. Il semblait plutôt intrigué du comportement de Harry, comme s'il ne comprenait pas qu'il puisse s'inquiéter pour lui.

Harry se pencha un peu plus, sans réfléchir à ce qu'il faisait, et il murmura, sans le quitter des yeux.

— Tu peux te reposer, je reste près de toi. Je ne bougerai pas jusqu'à ton réveil.

Malefoy cligna des yeux et Harry posa la main sur sa joue, caressant la peau tendrement. Puis, il déposa un baiser sur les lèvres de Malefoy, juste un appui ferme avant de reculer, ne cherchant pas à éviter le regard du jeune homme.

Harry resta immobile, demeurant proche de Malefoy sans cesser de lui caresser la joue, jusqu'à ce qu'il se détende et finisse par céder au sommeil.

Harry ne bougea pas immédiatement, surveillant la respiration désormais paisible de Malefoy, tout en ayant l'impression qu'il suffoquait.

Il prenait enfin conscience qu'il aurait pu perdre Malefoy, sans même pouvoir intervenir. Il aurait pu ne jamais rentrer, être tué sous un motif stupide par Voldemort et Harry ne l'aurait pas su immédiatement. Il aurait attendu dans son appartement, aveugle à tout ce qui se passait à l'extérieur, impuissant.

Harry prit une inspiration tremblante, incapable de lâcher Malefoy. Sentir sa peau chaude et sa respiration paisible l'aidait à se calmer et à apaiser ses peurs.

Il ne s'interrogea même pas sur son comportement, ses pensées étant trop chaotiques pour qu'il puisse réfléchir clairement. Plutôt que de lutter contre son instinct, il resta près de Malefoy, s'allongeant à ses côtés et le gardant contre lui, comptant chacune de ses respirations, s'assurant qu'il allait bien. Qu'il irait bien.

Faux SemblantsWhere stories live. Discover now