Faux Semblants

Chapitre 52

Drago flottait dans une bulle de bien-être inhabituelle.

C'était étrange, puisque ses derniers souvenirs remontaient au moment où il avait répondu à la convocation de Voldemort.

Il se souvenait parfaitement de son inquiétude et de sa peur. Son père l'avait attendu, mais il avait finalement réussi à lui échapper.

Il ne se souvenait plus exactement du contenu de la réunion. Il n'avait pas été très attentif, mais tout était encore flou dans sa mémoire.

Un peu inquiet de ce blanc soudain dans ses souvenirs, Drago tenta de s'agiter, mais il était pris dans une étreinte solide, l'entourant dans un cocon de chaleur.

Il inspira profondément, mais en dehors d'avoir du mal à se réveiller complètement, il ne semblait pas blessé.

Ce constat débloqua son esprit et il se souvint soudain de la fin de la réunion. La trahison de son père — encore une fois — qui avait abouti à une des punitions les plus cruelles et douloureuses qu'il avait eu à endurer.

Il se souvint de Voldemort lui laissant quelques jours pour se remettre et exigeant des résultats à sa prochaine visite.

Drago avait réussi à rentrer chez lui par miracle, juste par la force de sa volonté. Il ne savait même pas comment il avait réussi à transplaner sans se désartibuler, ou comment il était arrivé au bon endroit.

En sentant une main passer sur son front, d'une touche légère, Drago se souvint que Potter était chez lui au moment où il était parti, et il l'avait attendu.

Lorsqu'il était arrivé, blessé et ensanglanté, Potter s'était occupé de lui. Il l'avait soigné et en dehors de sa mère, c'était la première personne à prendre soin de lui de cette façon. Il était le premier à s'inquiéter pour lui, à l'attendre de cette façon.

Drago s'agita, détestant la sensation de lourdeur qui l'empêchait de bouger comme il le voulait. La voix de Potter perça le brouillard qui embrumait son esprit et il se concentra, essayant de comprendre ses mots.

— Tout va bien, tu es de retour chez toi et je t'ai soigné. Tu es en sécurité.

Drago tourna la tête dans la direction de la voix et il sentit Potter prendre ses joues dans ses mains. Ce geste l'apaisa et il cessa de remuer, alors que Potter recommençait à parler.

— Je t'ai donné un peu de potion pour que tu dormes, c'est pour ça que tu dois te sentir un peu vaseux. Ça va passer, Malefoy.

Drago eut l'impression qu'il lui fallut des heures pour réussir à se réveiller complètement et il cligna longuement des yeux, le regard flou. Il se concentra sur les yeux verts qui le fixaient avec inquiétude et il chuchota, la voix rauque.

— Combien de temps ?

Sa gorge était douloureuse et il fut un instant perplexe, avant de comprendre que c'était la conséquence des cris qu'il n'avait pas pu retenir alors qu'il subissait la punition de son père.

Potter le comprit également, puisque ses yeux s'obscurcirent en l'entendant. Il lui répondit cependant avec douceur, sans le quitter des yeux.

— Quelques heures seulement, ne t'en fais pas.

Drago déglutit en grimaçant, la bouche pâteuse, et Potter lui présenta presque immédiatement un verre d'eau. Le jeune homme l'aida à se redresser et il s'appuya contre lui, sans même penser à rejeter son assistance. Il but avidement, avec l'impression que l'eau fraîche apaisait sa gorge et dissipait les dernières nappes de brouillard de son esprit.

Il cligna des yeux et soupira, laissant Potter le tenir contre lui, ce qui le faisait se sentir en sécurité pour la première fois depuis le retour de Voldemort.

Potter murmura, dans un souffle, en lui passant la main dans le dos.

— Que s'est-il passé ?

Drago laissa échapper un rire amer et il s'accrocha à Potter, essayant de puiser du courage dans son étreinte. Loin de l'éloigner, Potter le tint en retour, soulageant une partie des peurs de Drago. Il n'était plus seul et il avait confiance en Potter pour ne pas le repousser soudainement. Potter ne lui tournerait pas le dos, quoi qu'il arrive, et il ne le trahirait pas. Il le connaissait suffisamment pour savoir qu'il était à l'opposé de son père. Potter ne laisserait jamais quelqu'un être torturé à sa place... ce n'était simplement pas dans sa nature.

Potter ne le pressa pas, le tenant juste et attendant patiemment qu'il parle. Drago prit une inspiration tremblante et il avoua, sans cacher sa colère.

— Il était mécontent de mon père. Apparemment, mon père a été chargé de découvrir comment Granger a pu s'échapper et bien entendu il a échoué. J'ai appris que c'est lui qui l'a capturée et il a demandé en récompense d'échapper à toute punition... J'ai donc été désigné pour subir sa colère...

La voix de Drago se brisa et il ferma les yeux de toutes ses forces, jusqu'à ce que des points lumineux dansent derrière ses paupières. Bien qu'il reste silencieux, l'étreinte de Harry se resserra et Drago murmura, sans cacher son chagrin et sa colère.

— Il l'a regardé me torturer sans détourner les yeux, sans même sembler... désolé. Il était juste... satisfait d'avoir échappé à ça et... je suppose qu'il s'amusait également. Juste avant ça, il m'avait ordonné d'aller dîner au manoir et...

Drago haleta, incapable de continuer, et il laissa tomber son visage contre le torse de Potter, ne se souciant même pas de paraître faible. Ce dernier lui fit lever la tête avec douceur, jusqu'à pouvoir le fixer dans les yeux.

— Ne pense plus à lui. Ton père finira par pourrir à Azkaban.

Drago passa nerveusement la langue sur ses lèvres gercées, avant de murmurer.

— Méfie-toi de lui, il est dangereux. Bien plus que tu ne l'imagines.

Potter le dévisagea avec attention et il afficha un sourire malicieux, tout en haussant les épaules.

— Je l'ai déjà affronté et ça c'est mal terminé pour lui... Je n'ai pas peur de lui, même si je ne suis pas assez stupide pour le sous-estimer.

Drago allait protester, mais Potter plaqua un baiser rapide, mais tendre sur ses lèvres, pour le faire taire avant de le regarder avec sérieux.

— Je te promets qu'il paiera pour ce qu'il t'a fait. Peu importe le temps qu'il faudra, il regrettera ce moment...

Drago cligna des yeux, incrédule, incapable de détourner les yeux du jeune homme face à lui qui le couvait du regard. Les joues de Potter se colorèrent légèrement de rouge, mais il ne bougea pas, fronçant juste légèrement les sourcils.

— Ça va aller ?