Chapitre 15

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Drago ignorait comment il avait pu rester immobile et silencieux aux pieds de Voldemort alors que la terreur le rendait presque fou. Le mage noir le laissa au sol pour vaquer à ses occupations, allant et venant dans la pièce sans faire attention à lui. Cependant, Drago savait que s'il bougeait avant d'en recevoir l'autorisation, il serait de nouveau puni et il n'était pas certain de supporter un nouveau doloris.

Il se retrancha dans son esprit, s'obligeant à penser à la potion qu'il devait brasser, listant les ingrédients qui pourraient redonner une apparence humaine au monstre près de lui. Ou au moins l'illusion d'une apparence humaine. Drago se moquait bien de ce à quoi ressemblerait le mage noir, il voulait juste survivre et protéger sa mère.

Il sursauta presque lorsque Voldemort se posta près de lui et le poussa du pied, sans douceur.

— Rentre chez toi. La prochaine fois que je t'appellerai, j'espère que tu auras mieux travaillé.

Drago hocha juste la tête, incapable de répondre verbalement, mais heureusement Voldemort sembla s'en contenter, se détournant comme s'il se désintéressait totalement du jeune homme au sol. Drago tituba en dehors de la pièce, ayant besoin de toute sa volonté pour ne pas tomber ou hurler. Chaque pas était une torture, ses jambes tremblant encore du doloris reçu et le chemin pour quitter cette antichambre de l'enfer ne lui avait jamais semblé aussi long.

Lorsqu'il arriva enfin à l'endroit où il pouvait transplaner, il marqua une pause, essuyant une fois de plus le sang qui coulait de la morsure qu'il s'était infligée à cause de la douleur. Puis, épuisé nerveusement, il songea qu'il voulait être en sécurité. Plus que tout.

Il transplana presque machinalement, inconscient des risques qu'il prenait. Compte tenu de son état, il n'avait aucune maîtrise de ses gestes ou de ses décisions, agissant juste par instinct. La seule chose qu'il avait en tête était de s'éloigner au plus vite de Voldemort.

Il atterrit brutalement sur un sol glacé et il songea vaguement qu'il était heureux de ne pas s'être désartibulé dans la manoeuvre. Cependant, il constata rapidement qu'il n'était pas chez lui, loin de là.

Depuis qu'il avait trouvé ce mot écrit de la main de Potter dans son bloc note, il ne cessait de penser au Gryffondor. Il espérait le trouver et obtenir son aide. Dans son esprit, il avait associé Harry Potter et le bar moldu où il avait ses habitudes, même s'il n'avait aucune preuve qu'il y venait régulièrement...

Lorsqu'il avait transplané en souhaitant être en sécurité, il était arrivé dans la ruelle à proximité du bar qu'il appréciait tant. Il préféra ne pas s'appesantir sur les raisons qui l'avaient fait arriver à cet endroit précis et il espéra que personne ne viendrait dans la ruelle déserte. Un moldu le conduirait inévitablement dans un de leurs hôpitaux et il aurait à répondre à beaucoup de questions... Il savait qu'il ne pouvait pas rester à cet endroit, mais il était épuisé et il souffrait. Il songea vaguement qu'il devrait s'appuyer contre le mur ou se réfugier dans un coin plus obscur, mais avant d'avoir pu se déplacer, Drago perdit connaissance.

Lorsque Drago ouvrit les yeux, il se sentit confus. Ses derniers souvenirs étaient flous, cependant, il savait qu'il avait été sévèrement puni par Voldemort puis qu'il avait transplané. Il se souvenait vaguement d'une ruelle sombre, mais il ignorait si c'était réel ou si c'était son imagination.

Cependant, il était certain qu'il ne connaissait pas la chambre où il se trouvait. Quelqu'un avait pris soin de le déshabiller, ne lui laissant que son sous-vêtement, et il n'avait plus sa baguette.

Il regarda autour de lui et malgré la lumière tamisée, il constata que c'était une chambre impersonnelle, meublée au minimum. Il y avait un lit une place dans lequel il était allongé, une chaise à proximité, et une petite table de nuit sur laquelle était posée un verre d'eau. Un peu plus loin, il y avait une petite armoire. Les murs étaient blancs et le sol recouvert d'un parquet clair, propre, mais usé. D'épais rideaux couvraient la fenêtre et l'empêchaient de deviner l'heure qu'il était ou le lieu où il se trouvait.

Il entendit du bruit dans la pièce d'à côté et il se tendit, effrayé, gémissant quand ses muscles protestèrent. Il tenta de se redresser, mais son corps ne coopérait pas vraiment et il finit par s'emmêler dans les draps à force de s'agiter.

Grognant d'agacement, il allait se laisser glisser au sol quand la porte s'ouvrit brusquement.

Drago plissa les yeux, distinguant une silhouette sombre qui se découpait à contre-jour. Il leva machinalement le bras pour protéger ses yeux de l'éblouissement à cause de la vive luminosité de la pièce voisine, sans pouvoir réprimer un mouvement de recul. Il se sentait terriblement vulnérable en cet instant, alors qu'il était dans un endroit inconnu, sans défense.

Puis, la silhouette avança et la porte se referma et Drago écarquilla les yeux, stupéfait.

— Potter.

Harry Potter n'avait pas vraiment changé. Il était peut-être un peu plus mince, mais il avait toujours cette masse de cheveux indisciplinés et ces impossibles yeux verts. Il le fixait avec curiosité, comme s'il évaluait lui aussi ce qui avait changé chez lui, et Drago se redressa presque malgré lui, craignant de paraître faible.

Le drap glissa, révélant sa poitrine pâle couverte d'ecchymoses et de coupures, et Drago sentit ses joues chauffer alors que la honte le submergeait.

Le Gryffondor resta silencieux, avançant jusqu'à l'unique chaise de la pièce, et il prit place, assez loin de Drago pour qu'il ne se sente pas menacé — même s'il n'avait jamais eu peur de Harry Potter.

Une fois installé, il finit par parler, surprenant légèrement Drago.

— Bonjour Malefoy. Comment te sens-tu ?

Drago baissa la tête, sans pouvoir empêcher la grimace d'amertume qui déforma ses traits. Il haussa doucement les épaules, prudemment, pour ménager son corps endolori.

— Je suppose que ça va. Tu sembles en forme pour un mort...

Ils échangèrent un regard presque complice et Potter ricana, une étincelle de malice passant dans ses yeux.

— Tu me connais... tu sais à quel point j'aime être imprévisible et semer le chaos...

Drago ne put s'empêcher de rire et une partie de ses peurs disparurent lorsque le rire de Potter se mêla au sien, comme si cette brève complicité probablement éphémère lui redonnait enfin espoir.

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant