Chapitre 38

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En général, Drago était assez doué pour cacher ses émotions. C'était devenu essentiel pour faire face à Voldemort, puisqu'il n'hésitait pas à s'en servir.

Il accentuait la peur de ceux qui le craignaient et il provoquait la rage de ceux qui étaient déjà en colère, jusqu'à les pousser à faire une erreur stupide. Il se servait de l'amour pour manipuler ceux qui l'entouraient, comme il avait utilisé l'amour de Drago pour sa mère pour le pousser encore et encore à obéir à ses ordres.

C'était une capacité que Drago avait dû apprendre dans son enfance, pour faire face à son père. Bien qu'il soit moins effrayant que Voldemort, Lucius avait eu cette manie de retourner ses émotions d'enfant contre lui.

Il l'avait forcé à affronter chacune de ses peurs, insensible à ses pleurs ou à ses cauchemars. À chaque fois qu'il avait eu un regard d'envie pour quelque chose, Lucius s'était assuré de l'en déposséder jusqu'à ce que le petit Drago regarde autour de lui avec une expression blasée et indifférente.

Drago ne perdait le contrôle de ses émotions que face à Potter, comme si ce dernier avait le pouvoir de se glisser sous sa carapace pour l'exposer, et cette fois ne faisait pas exception à la règle.

Ainsi, il lui lança un regard furieux, après l'avoir morigéné sur sa cruauté envers sa meilleure amie. Potter semblait calme, mais il pouvait voir le tumulte de ses pensées dans son regard vert, qui semblait hanté en cet instant.

Potter haussa sèchement les épaules, avant de répondre dans un murmure.

— Je la connais, Malefoy. Si je lui laisse le moindre espoir, elle va s'y glisser et se mettre en danger. Elle a réussi à me convaincre qu'elle devait fuir avec moi, l'année où j'étais recherché. J'avais peur et je ne voulais pas être seul... et elle a été blessée par Bellatrix. Elle m'a convaincu qu'elle devait me suivre à Poudlard pour se battre à mes côtés et elle aurait pu être tuée !

Drago leva un sourcil moqueur.

— Elle est assez grande pour savoir ce qu'elle veut faire, Potter. Si elle choisit de se battre, tu ne peux pas le lui interdire.

Potter grogna.

— Je le sais. Mais je peux éviter qu'elle soit trop proche du danger en l'éloignant de moi. Et puis, ce n'est plus seulement elle, elle est enceinte, par Merlin ! À quoi pense-t-elle ?

Drago se passa la main sur le visage et il haussa les épaules, avec un soupir.

— Justement, elle pense peut-être à cet enfant et à la vie qu'il aura si les choses ne changent pas ! Voudrais-tu laisser ton enfant entre ses mains ? Parce qu'il se servira de Poudlard pour former la prochaine génération de Mangemort, tu peux en être sûr !

Potter déglutit et il hocha la tête, sans croiser le regard de Drago.

— Ça a du sens bien sûr. Mais... je veux qu'elle soit en sécurité.

Drago soupira et roula des yeux. Potter était une tête de mule bornée et il resterait campé sur ses positions, même s'il avait tort.

Laissant Potter tourner en rond dans son coin, Drago s'installa devant la cheminée et jeta une poignée de poudre de cheminette pour contacter sa mère.

Il voulait s'assurer qu'elle allait bien avant de prendre un peu de repos. Il savait qu'elle était matinale et il ne fut pas surpris quand elle apparut devant sa cheminée, parfaitement apprêtée.

— Mère ? Tu vas bien ?

Narcissa s'installa avec grâce dans un siège à proximité et elle se pencha pour lui répondre.

— Je vais bien.

Drago hésita, conscient qu'il était dangereux de parler ouvertement par ce moyen de communication, avant de se décider en restant volontairement vague.

— Tu devrais... appeler ta sœur pour la prévenir qu'elle pourrait avoir une invitée.

Narcissa regarda autour d'elle, avant de hocher la tête.

— Bien sûr. Je passerai t'apporter de quoi te nourrir convenablement. Comme tu as beaucoup de travail, je veux être sûre que tu prends soin de toi. Nous en parlerons à ce moment, d'accord ?

Drago ricana nerveusement, sans pouvoir retenir une bouffée d'affection envers sa mère.

— Je suis adulte, mère. Je suis apte à me nourrir seul.

Elle pinça les lèvres et laissa échapper un reniflement moqueur.

— Et bien, j'en serais seule juge. Ne t'en fais pas, je veillerais à apporter assez pour que tu aies de quoi manger plusieurs jours... Passe une bonne journée, mon dragon.

Drago la salua et se redressa avec un soupir. Potter était un peu à l'écart, devant la fenêtre, lui tournant le dos, probablement pour lui donner l'illusion d'un peu d'intimité alors qu'il avait très certainement entendu toute la conversation.

Il bâilla largement et s'étira, avant de s'adresser au jeune homme.

— Tu voulais me donner des instructions pour cette fichue potion, Potter ?

Potter se tourna, évitant son regard, et il haussa les épaules.

— Ça peut attendre un peu, je pense. Tu as surtout besoin de dormir, tu n'as pas...

Drago l'interrompit en roulant des yeux, refusant de laisser Potter le materner alors qu'il n'avait pas plus eu de repos que lui.

— Ce n'était pas ma première nuit blanche et ça ne sera certainement pas la dernière.

Ils se défièrent un instant du regard et Drago ne put s'empêcher de le taquiner légèrement, avec un rictus moqueur.

— Tu n'as pas plus dormi que moi, Potter, donc si tu suis ton propre raisonnement tu dois également te reposer.

Potter renifla avec une expression agacée, mais il n'insista pas. Drago lui fit signe de s'installer dans le canapé et il sortit du réfrigérateur moldu une bouteille de jus de fruits frais. D'un accio, il fit venir à eux deux verres et il les servit en silence.

Drago se laissa tomber près de Potter avec un soupir, la fatigue devenant écrasante et lui donnant l'impression que son corps pesait des tonnes. Il but en silence le liquide glacé, avant de murmurer.

— Tu vas vraiment laisser partir Granger sans avoir arrangé les choses entre vous ? Je veux dire, vous étiez si proches...

Potter se laissa aller en arrière et il ferma les yeux, ayant soudain l'air bien plus jeune que son âge et surtout vulnérable.

— Je ne pourrais pas supporter qu'elle soit blessée encore une fois par ma faute. C'est la seule chose que je puisse faire pour l'instant, en dehors de mettre fin à toute cette situation... alors même si elle doit me détester, je ne changerai pas d'avis. Tant qu'elle va bien, ça vaut le coup...

Faux SemblantsWhere stories live. Discover now