Chapitre 61

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Harry était toujours autant déterminé à protéger Drago, mais l'intervention calme de Narcissa l'avait surpris. Plus exactement, l'affirmation tranquille de cette femme habituellement glaciale qu'elle serait à ses côtés lui avait fait l'effet d'un uppercut.

Il hocha la tête en silence, un peu sonné, et l'esprit en ébullition. Drago lui jeta un regard moqueur, comme s'il devinait ce qui tournait dans sa tête, mais il ne fit pas le moindre commentaire, préférant demander, les sourcils froncés.

— Et pourquoi ne pas utiliser un poison foudroyant ?

Narcissa leva un sourcil, fixant son fils comme s'il avait dit quelque chose de stupide.

— Ce serait parfait pour quelqu'un ayant des envies suicidaires, Drago. Ses chiens de garde se feraient une joie de venger leur maître immédiatement ! D'autant plus qu'il a eu ce maudit serpent comme animal de compagnie et je suppose qu'il a... plus ou moins expérimenté avec son venin pour se prémunir de ce genre d'attaques. Les livres d'histoire regorgent d'empoisonnements et de trahisons, et c'est un homme particulièrement paranoïaque.

Harry fredonna distraitement, la mention du poison lui faisant penser à Rogue. Il se demanda s'il devait révéler ce secret à Narcissa également, puisqu'elle était si active dans la lutte contre Voldemort.

Il croisa le regard de Drago et celui-ci fronça légèrement les sourcils avant de secouer la tête en signe de négation, l'incitant à se taire.

Il haussa les épaules, mais il faisait confiance à Drago, aussi il intervint, rougissant légèrement quand l'attention de Narcissa se porta sur lui.

— Je devrais rentrer chez moi. Vous laisser en famille, je veux dire.

Narcissa sourit et elle approcha pour lui tapoter gentiment l'épaule.

— Tout va bien, monsieur Potter. Je devrais rentrer de toute façon et Drago préférera votre compagnie à la mienne. Je suis heureuse de vous avoir rencontré.

Harry hocha maladroitement la tête, mal à l'aise, évitant le regard de Narcissa.

— Je suis content de vous avoir parlé également. Et appelez-moi Harry, je vous en prie.

Narcissa gloussa en hochant la tête.

— Très bien, Harry. N'hésitez pas à faire appel à moi si vous avez besoin de quoi que ce soit, je ferais de mon mieux pour vous aider.

Harry hocha une fois encore la tête, mais Drago grogna.

— Tu n'as pas posé de questions au sujet de... ce qui m'est arrivé.

Narcissa leva le menton et elle croisa brièvement le regard de Harry. Puis elle soupira.

— Ce point a été réglé avec ton ami. Ne t'en fais pas, Drago.

Harry connaissait assez Drago pour savoir qu'il ne se contenterait pas de ce genre de réponse. Effectivement, après lui avoir lancé un regard agacé, Drago reporta son attention sur sa mère.

— Tu ne dois pas en parler à père. De ce qui s'est passé.

Narcissa renifla et une lueur dangereuse passa dans ses yeux.

— Bien sûr que si. Qu'imagines-tu, Drago ? Ton père sait que je viens te voir régulièrement. Il sait donc que je verrais à quel point tu es blessé et... il sait que je vais être furieuse de ses petits jeux malsains.

Harry intervint, soudain inquiet.

— Il pourrait vous blesser vous aussi ?

Narcissa laissa échapper un ricanement dur.

— Je ne pense pas, Harry. Voyez-vous, aussi folle soit ma sœur, il y a une chose qui reste ancrée dans son esprit : me protéger. Je suis la plus jeune et à une époque, être une famille avait une signification pour nous, les Black... S'il me touche, elle se fera un plaisir de le punir. Durement.

Harry cligna des yeux, un peu horrifié de cette dynamique familiale toxique. Drago voulut protester de nouveau, mais sa mère l'arrêta, avec un regard d'avertissement.

— Drago. Tu sais que Bellatrix se fera un plaisir de me raconter ce que ton père a fait et elle s'attendra à ce que je réagisse. Tu sais à quel point elle le méprise, n'est-ce pas ?

Harry fit un pas en arrière, refusant d'entendre parler de Bellatrix. Il ne voulait pas la voir comme une grande sœur protectrice, pas quand elle avait tué Sirius avec une joie évidente. Son propre cousin.

Il se passa la langue sur les lèvres et il s'excusa, le cœur battant.

— Je... suis désolé. J'ai besoin de prendre un peu l'air, je...

Drago fronça les sourcils et il s'approcha de lui, mais lorsqu'il tendit la main, Harry recula, en se frottant les bras nerveusement, ignorant l'expression blessée du jeune homme.

— Harry ?

Il leva les yeux vers Drago, un peu perdu, avant de souffler.

— Juste besoin d'un moment. Désolé.

Le froncement de sourcils de Drago s'approfondit et il sembla soudain comprendre, puisqu'il approcha Harry une fois de plus, mais il l'empêcha de fuir et il le prit dans ses bras fermement.

— Arrête de paniquer, Harry. Ne pense pas à elle...

Harry aurait aimé repousser Drago et aller se terrer dans un coin, mais le réconfort du jeune homme était agréable et il se laissa apaiser, soulagé que Drago le connaisse aussi bien. Il entendit Narcissa approcher, mais il resta prostré dans l'étreinte de Drago, toute son énergie consacrée à repousser les souvenirs de Bellatrix.

Bellatrix tuant Sirius, Bellatrix chantant sa victoire, Bellatrix se moquant de lui. Puis, Bellatrix torturant Hermione, voulant la marquer comme du bétail... L'image de l'Hermione d'autrefois se transformant rapidement en la nouvelle Hermione, portant la vie, qu'il avait retrouvée.

Il entendit la question de Narcissa, mais il n'osait pas lever les yeux vers elle.

— Quel est le problème ?

Drago le serra un peu plus fort et il cracha, avec un peu de colère.

— Ta sœur cinglée !

Presque malgré lui, Harry compléta les mots de Drago, d'un ton absent, encore piégé dans le passé.

— Elle a tué mon parrain. Ma dernière famille. Elle l'a tué et elle riait... Elle riait tellement...

Sa voix se brisa et il sentit Drago déposer un baiser sur sa tempe. Il s'accrocha à lui, comme un naufragé s'accrocherait à une bouée, incapable de le lâcher, avec l'impression que s'il s'éloignait, il deviendrait fou. Aussi fou que Bellatrix.

Narcissa hoqueta et elle murmura d'une voix brisée.

— Sirius... il était mon cousin, également. Je suis navrée, Harry. Tellement navrée.

Harry ferma les yeux un peu plus fort, craignant que Narcissa ne tente de trouver des excuses à sa sœur et Drago dût sentir son trouble puisqu'il intervint.

— Mère...

L'avertissement contenu dans son ton était évident, mais Narcissa l'ignora, approchant un peu plus pour poser une main sur l'épaule de Harry.

— Ma sœur est perdue depuis le jour où elle a été envoyée à Azkaban pour avoir torturé une famille innocente. Elle avait placé toute sa dévotion dans ce monstre et elle est elle-même devenue un monstre. J'ignore si... si elle aurait pu être sauvée à un moment donné, mais il est clair que c'est trop tard pour elle. Croyez-moi, Harry, je ne la laisserai pas vous faire du mal encore une fois...

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant