Chapitre 58

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Lorsque sa mère était arrivée, Drago avait maudit sa malchance. Il ne se sentait pas assez fort, physiquement et psychologiquement, pour avoir à faire avec elle.

Il l'aimait de tout son cœur et il était prêt à sacrifier beaucoup de choses pour la protéger — il avait pris la marque uniquement pour la préserver — mais elle avait parfois une façon de s'immiscer dans sa vie qui lui donnait envie de fuir.

Il savait qu'elle n'avait pas de mauvaises intentions, elle voulait juste le protéger probablement, mais ça ne rendait pas la situation moins inconfortable.

Un regard sur le corbeau perché sur la bibliothèque l'avait aidé à se calmer et il se composa une expression qu'il espéra neutre avant de s'installer près d'elle.

Bien évidemment, sa mère s'inquiétait de l'absence de son père et Drago serra les dents, essayant de masquer son ressentiment. Il marmonna qu'il était rentré depuis des heures, refusant d'imaginer les raisons pour lesquelles son père était resté aux côtés de Voldemort.

La question sortit de la bouche de Drago si rapidement qu'il ne put la retenir et il demanda à sa mère si elle savait que c'était son père qui avait capturé Granger.

Il ne fut pas réellement surpris d'apprendre que sa mère ne le savait pas. Son père les avait toujours tenus à l'écart de sa vie, leur dissimulant tout ce qu'il faisait.

Ses parents n'avaient jamais été proches, restant deux inconnus réunis par un mariage organisé par leurs parents. Son père avait essentiellement traité sa mère comme une femme-objet, sans lui accorder la moindre attention.

Drago ne put empêcher le frisson de terreur qui le parcourut lorsque sa mère évoqua sa sœur aînée, puisqu'il avait toujours craint Bellatrix. Les histoires que son père n'avait pas manqué de lui raconter à son sujet depuis qu'il était tout petit avaient été le principal objet de ses cauchemars d'enfant... puis d'adolescent.

Il ne l'avait jamais vraiment avoué, mais tout le monde se montrait prudent en présence de cette femme démente.

Il se montra moins prudent qu'à son habitude n'arrivant pas à masquer complètement le malaise provoqué par la présence de sa mère, probablement parce qu'il souffrait et qu'il devait bouger sans cesse pour essayer de trouver une position plus confortable, puisque sa mère se pencha vers lui, les sourcils froncés, avec une expression inquiète.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Drago ?

Drago entendit Harry s'agiter, mais il s'obligea à ne pas regarder le corbeau au sommet de sa bibliothèque. Sa mère, cependant, détourna le regard pour l'observer pensivement, avant de reporter son attention sur lui.

Il savait qu'elle attendrait aussi longtemps que nécessaire pour obtenir une réponse satisfaisante, mais il haussa les épaules avec un soupir résigné, sans pouvoir réprimer une grimace de douleur.

— Rien d'important, ne t'en fais pas.

Bien évidemment, sa mère comprit immédiatement qu'il mentait. Depuis sa naissance, il n'avait jamais réussi à lui mentir sans se faire prendre et il semblait que c'était toujours la même chose. Elle plissa les yeux en le fixant, lui lançant le regard. Ce regard particulier qui lui faisait immédiatement tout avouer lorsqu'il était petit garçon.

Il se mordit la langue pour ne pas immédiatement tout avouer — tout ce que sa mère voudrait savoir — en s'agitant légèrement, essayant de ne pas trop grimacer, regrettant de ne pas avoir eu le temps de prendre une potion contre la douleur avant d'ouvrir la porte.

Narcissa pinça les lèvres, mécontente, sans cesser de le fixer, puis elle se redressa et elle lui adressa un sourire froid — signe qu'elle allait attaquer.

Son père l'avait probablement sous-estimée toute sa vie, puisqu'il la voyait comme une petite chose fragile et dépendante de lui. Or, Drago savait que sa mère était loin d'être dépourvue de ressources.

Elle était une manipulatrice née et Drago savait pertinemment que si elle avait suivi Voldemort, le camp d'en face aurait eu des soucis à se faire...

— Et si tu demandais à ton ami de reprendre forme humaine ? Peut-être serait-il plus enclin à dire la vérité que toi ? Lequel d'entre eux a réussi à devenir animagus ?

Les mots de sa mère le frappèrent avec la force d'un cognard et il eut l'impression que tout le sang quittait son visage, alors qu'il la fixait, affolé. Le mouvement brusque qu'il fit en réaction à ses mots le fit gémir de douleur et il se recroquevilla, essayant sans succès de trouver quelque chose à dire pour détourner l'attention de sa mère.

Il se demanda brièvement comment elle avait compris que le corbeau était un animagus et si elle se doutait de son identité réelle, mais il fut tiré de ses pensées lorsqu'elle se pencha vers lui, les sourcils froncés, inquiète.

— Drago ?

Il secoua la tête, incapable de parler, peinant à reprendre son souffle. Il pensa vaguement qu'il allait finalement offrir une magnifique diversion à sa mère en s'évanouissant, mais il n'eut pas cette chance... parce que Harry Potter reprit forme humaine, juste devant sa mère, affichant cette expression têtue et insolente que Drago connaissait par cœur.

Drago ne voyait pas la réaction de sa mère, mais lui fixait Harry, terrifié, priant pour que ce soit une illusion.

Harry se pencha vers lui et il nota l'inquiétude dans les prunelles vertes, mais avant que Drago ne puisse l'arrêter, il répondit à la question de sa mère brutalement.

— Drago a dû subir la punition destinée à votre mari et il n'est pas encore totalement remis.

Drago devrait probablement lui hurler dessus ou le secouer comme un prunier pour lui reprocher de s'immiscer dans sa famille. Ou alors, il devrait l'embrasser pour avoir eu le courage qu'il lui avait toujours manqué, celui d'avouer clairement que son père n'était pas un homme bon.

À la place, il restait figé, haletant désespérément, chacun de ses muscles crispés. Harry s'approcha plus près, ignorant sa mère et il sortit de sa poche une fiole de potion que Drago reconnut immédiatement. C'était un filtre de paix et il ne protesta même pas, puisqu'il était évident qu'il en aurait besoin pour recouvrer son calme.

Ignorant toujours sa mère, Harry sortit ensuite une fiole de potion antidouleur et Drago se demanda distraitement depuis quand le jeune homme avait ces potions sur lui. Après tout, Harry n'avait jamais été du genre prévoyant.

Plus calme grâce aux potions, la douleur disparaissant en arrière-plan de son esprit, Drago se laissa aller dans le canapé avec un léger soupir, clignant des yeux, le regard se perdant dans le vague alors que le filtre de paix le calmait. Harry le surveillait de près, mais il s'adressa à sa mère, poliment.

— Voudriez-vous quelque chose à boire, madame Malefoy ?

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant