Chapitre 17

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La question plana entre eux quelques secondes, puis Potter murmura, en évitant toujours le regard de Drago, un peu mal à l'aise.

— Je ne suis pas vraiment seul, mais je ne pouvais pas continuer de mettre Hermione et Ron en danger. Sans compter l'ensemble de la famille Weasley.

Drago pencha la tête, curieux, mais il se doutait que Potter ne lui ferait pas confiance pour tout lui dire. Après tout, ils s'étaient durement battus toute leur scolarité et Drago n'avait jamais hésité lorsqu'il pouvait faire un coup bas au Gryffondor. Le comportement de Potter provoquait des milliers de questions dans sa tête, alors qu'il passait en revue les personnes qui pourraient avoir décidé de suivre Potter pour l'aider. Il ne parvenait pas à comprendre qui pourrait provoquer une telle réaction de gêne chez le jeune homme.

Malgré sa curiosité, il murmura, avec calme.

— Tu ne vas rien me dire de plus, n'est-ce pas ?

Potter le dévisagea un instant, avant de sourire malicieusement.

— Qui te dit qu'il y a plus à savoir ?

Drago haussa un sourcil avant de changer légèrement de sujet, ne voulant pas pousser le jeune homme.

— D'accord, tu es animagus. Mais tu n'as pas précisé quel animal tu étais. Je suppose que c'est petit et discret puisque je n'ai rien vu d'inhabituel à chacune de mes visites au bar. Est-ce que tu vas me le dire au moins ?

Potter resta silencieux si longtemps que Drago crut qu'il ne parlerait pas. Il ne pouvait pas blâmer le jeune homme de son manque de confiance, il regrettait juste qu'il y ait un tel fossé entre eux.

Cependant, s'il avait changé d'opinion au sujet du Gryffondor, passant d'une jalousie mesquine d'enfant à une sorte d'admiration cachée, Potter devait continuer de le voir comme à Poudlard. Après tout, Drago n'avait rien fait pour lui montrer qui il était réellement, sous l'apparence du Mangemort docile. La marque sur son bras était suffisante pour que Potter le renvoie à Voldemort après tout.

Drago sursauta presque quand Potter murmura, un peu hésitant.

— Je pense que je peux te le dire, après tout...

Il se mordilla la lèvre et Drago comprit les mots qu'il ne prononça pas, suspendus dans son hésitation. Potter espérait qu'il ne le trahirait pas.

Drago chuchota en retour un peu effrayé de ce qu'il osait prononcer à haute voix pour la toute première fois.

— Je ne voulais pas ça. Lui, au pouvoir. Cette marque. Je voulais juste protéger ma mère et elle... et bien elle aime mon père malgré tout. Si je le pouvais, je partirais, loin de cette vie, mais il tuera ma mère sans hésiter... Je refusais de croire à ta mort, mais je ne pouvais pas espérer trop, tu vois ? Alors je ne compte pas te trahir, malgré nos désaccords passés. Tu es mon seul espoir de sortir de cet enfer, même si je dois être jeté à Azkaban.

Potter semblait en état de choc alors qu'il le dévisageait, les yeux écarquillés. Il hocha lentement la tête, sans quitter Drago des yeux, puis il souffla, avec un bref sourire.

— On va le faire, toi et moi. Le mettre à terre. Et tu ne seras pas jeté à Azkaban... Je savais... que tu n'avais pas eu le choix et j'ai toujours regretté de ne pas t'avoir tendu la main à Poudlard. Pour te laisser une autre possibilité.

Drago ricana, essayant de faire disparaître la tension soudaine entre eux.

— Ne te sens pas coupable, Potter. Nous savons toi et moi que j'étais bien trop fier pour accepter ton aide. Je pensais... que ce ne serait pas si terrible. Je n'imaginais pas... Je n'avais pas compris à quel point il était fou et mortellement dangereux.

Après un haussement d'épaules, Drago avoua, honteux.

— Peut-être que j'avais besoin de le découvrir réellement pour ouvrir les yeux et... changer d'avis. Pour cesser d'être un idiot.

Il reçut un sourire cordial qui le toucha et il sourit en retour, plus réservé, mais soulagé d'un grand poids. Comme s'il avait eu besoin d'avouer tout ça à Potter, espérant être pardonné.

Potter se pencha vers lui, les yeux brillants et un petit sourire amusé aux lèvres.

— Mon animagus est un corbeau.

Drago leva un sourcil amusé, mais il ne montra pas la moindre réaction de surprise. Pour avoir grandi dans le monde magique, il avait eu l'occasion de lire beaucoup de livres sur le symbolisme des animaux, et il ne pouvait pas dire qu'il était surpris de l'animagus du jeune homme.

Certains auraient probablement imaginé un lion tout Gryffondorien ou tout autre animal majestueux, mais le corbeau était bien plus proche de la personnalité de Potter. C'était un animal intelligent et débrouillard, plein de sagesse et symbole de protection. Potter n'avait rien du lion paradant pour obtenir toute l'attention, loin de là.

Il laissa échapper un léger rire.

— Toi qui voulais passer inaperçu, personne ne regarde deux fois un corbeau en général... Et personne n'ira t'imaginer sous cette forme.

La moue boudeuse de Potter fit sourire Drago et il protesta, un éclat d'amusement dans le regard.

— Tu n'as pas eu l'air vraiment surpris, toi.

Ils se fixèrent un instant, avec une complicité qu'ils n'avaient jamais encore éprouvée en présence de l'autre.

Cependant, Drago eut une soudaine prise de conscience. Même s'il appréciait le moment, ils étaient piégés l'un et l'autre, et il ne pouvait pas se permettre d'oublier sa mission. Il n'estimait pas avoir droit au réconfort, pas après toutes les erreurs qu'il avait faites.

Il détourna le regard et se redressa, son visage figé en un masque neutre.

— Je devrais rentrer chez moi, Potter. Il ne faut pas que mon absence soit remarquée. Fais-moi savoir ce que tu veux que je fasse ou si tu as besoin de... renseignements.

Il ne manqua pas le regard de Potter sur lui, conscient de la déception du Gryffondor quant à son attitude. S'il y avait une issue à la guerre, s'il survivait à cette situation périlleuse, il viendrait s'excuser auprès de lui. Il ramperait même si nécessaire. En attendant, il préférait passer pour un connard arrogant plutôt que de laisser Voldemort découvrir que Harry Potter était encore en vie et prêt à le défier une fois encore. L'élément de surprise serait probablement déterminant et il ne serait pas celui qui pousserait Potter à l'échec. Quoiqu'il en coûte...

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