Faux Semblants

Chapitre 25

Harry nota l'expression boudeuse de Malefoy à ses mots et il s'en amusa, le laissant prendre la lettre qu'il avait apportée et l'ouvrir sans dire un mot.

Il l'observa attentivement alors qu'il lisait les mots inscrits sur le parchemin épais. Il vit l'étonnement se peindre sur le visage du jeune homme et il put lire sans peine les questions qu'il se posait également.

Harry resta silencieux et il se demanda s'il pouvait faire totalement confiance au Serpentard au point de lui confier son dernier secret. Son instinct lui hurlait que Malefoy ne le trahirait pas, pas après leurs conversations et le fragile début d'amitié entre eux, cependant, il n'était pas le seul concerné et il s'était juré de se montrer prudent.

Il soupira alors que Malefoy se redressait en posant le parchemin qu'il avait en main sur la table devant lui et qu'il le fixait avec une expression illisible. Finalement, le jeune homme montra le papier d'un geste du menton en levant un sourcil moqueur.

— Depuis quand es-tu capable de te débrouiller en potions à ce point, Potter ? Surtout sans Granger pour te materner ?

Bien qu'il ait envie de protester, Harry devait reconnaître que son niveau en potions était loin d'égaler celui de Malefoy. S'il n'avait pas bénéficié d'une aide solide, il n'aurait pas été en mesure d'aider Malefoy.

Il haussa les épaules, avec un petit sourire.

— Disons que j'ai eu un peu d'aide.

Malefoy pinça les lèvres en le dévisageant, mais il ne posa pas la moindre question. Harry pouvait cependant voir la curiosité dans son regard gris et il soupira, avant de se rapprocher de lui et de baisser la voix.

— C'est un peu compliqué et...

Il fut interrompu par un bruit venant de l'autre pièce et Malefoy se tendit, les yeux écarquillés. Aussitôt, Harry reprit sa forme animagus et prit son envol, le corbeau se posant sur une étagère à distance, en hauteur, pour dominer la pièce et observer ce qui se passait.

Presque immédiatement, quelqu'un frappa à la porte du laboratoire et Malefoy lui jeta un coup d'œil nerveux, comme pour s'assurer que rien ne pourrait les trahir, avant d'aller ouvrir la porte avec un agacement à peine dissimulé.

Harry était prêt à reprendre sa forme humaine et à se battre, si jamais Malefoy était en danger. Ce dernier avait assuré que son appartement était un endroit sûr pour lui, que Voldemort n'y mettait jamais les pieds, pas plus que ses Mangemorts. Cependant, il pouvait voir à quel point le jeune homme était tendu et il n'aimait pas ça.

Harry ne savait pas pourquoi il se sentait autant concerné par la sécurité de Malefoy et il s'en moquait un peu. La seule chose qu'il savait était qu'ils formaient une bonne équipe tous les deux et qu'il se sentait bien moins seul depuis qu'ils coopéraient.

Cependant, il se détendit rapidement en découvrant que le visiteur n'était autre que Narcissa Malefoy. Il lissa machinalement ses plumes, comme un véritable oiseau le ferait, en restant sur son étagère, essayant de se faire le plus discret possible, mais curieux d'observer la scène.

Narcissa enlaça son fils, avant de le regarder d'un air inquiet.

— Tu es sûr que tu dors assez ? Tu es un peu pâle, non ?

Si un corbeau avait pu rire, Harry l'aurait très certainement fait en voyant l'expression presque traquée de Malefoy. Il repoussa sa mère gentiment et soupira en roulant des yeux.

— Je vais bien, mère. Tu avais besoin de moi ?

Narcissa pinça les lèvres, avec une lueur agacée et elle secoua la tête avant de répondre sèchement.

— Ai-je besoin d'une raison particulière pour venir voir mon fils unique ?

Malefoy grogna, visiblement habitué à l'inquiétude excessive de sa mère et Harry l'envia un peu. Il n'avait jamais connu ça, hormis lorsque Molly le maternait un peu trop, mais il était pratiquement certain que sa propre mère aurait été aussi inquiète à son sujet si elle avait vécu...

— Mère, j'ai du travail, tu le sais.

Le visage de Narcissa se ferma et elle caressa avec douceur la joue mutilée de Drago, la douleur clairement visible sur ses traits. Elle chuchota, avec un soupir résigné.

— Je suis tellement désolé, mon dragon. Je n'aurais jamais dû... intervenir pour te pousser à cette place.

Harry pencha la tête, se demandant de quoi parlait la mère de Malefoy. Cependant, ce dernier assouvit rapidement sa curiosité en tentant de la rassurer.

— Ne sois pas désolée, mère. Tu as bien fait, tu sais que je n'aurais jamais pu tuer des innocents. Mieux vaut quelques cicatrices que d'être tué pour mon manque de... motivation.

Narcissa hocha la tête et son regard se posa sur Harry. Elle leva un sourcil surpris et elle avança dans le laboratoire, fixant l'oiseau avec intérêt.

— Tu as un animal de compagnie, Drago ?

Harry croassa et battit des ailes, mal à l'aise d'être la cible de l'attention. Malefoy soupira en fusillant l'animal du regard.

— C'est un messager, mère. Je suppose que son propriétaire l'a dressé bien qu'il ait fait un travail déplorable puisque ce satané piaf a décidé de se reposer chez moi.

Harry croassa de nouveau, indigné. Narcissa eut un rire léger.

— Il semble être assez intelligent pour comprendre ce que tu viens de dire, non ?

Malefoy renifla et avança, levant le bras pour que Harry s'y installe. Après une brève hésitation, ce dernier prit son envol et il se posa sur le poignet de Malefoy. Ce dernier sourit et il caressa du doigt sa tête, lissant les plumes sombres.

Harry frissonna, un peu surpris de la douceur du jeune homme, mais il se laissa volontiers faire, appréciant les caresses légères. Puisqu'il était assez loin de sa mère pour pouvoir murmurer sans être entendu, il souffla, sans cesser de câliner Harry distraitement.

— Rentre chez toi, Potter. Je viendrais te voir dès que possible, dès que j'aurais testé la recette que tu m'as apportée.

Harry hésita et battit brièvement des ailes, sans pour autant quitter le bras de Malefoy. Il aurait aimé rester un peu plus longtemps, mais Malefoy avait raison : il ne pouvait pas se permettre d'être découvert.

Malefoy sembla deviner son hésitation puisqu'il roula des yeux.

— Par pitié, ma mère va rester un moment et s'assurer que je mange bien et que je suis capable de vivre seul. Crois-moi, tu ne veux pas voir ça. Et je t'assure que je ne veux définitivement pas que tu assistes à ce genre de moments gênants...

Harry hocha la tête et laissa échapper un croassement qu'il aurait aimé pouvoir faire sonner moqueur. Il s'envola finalement et il ne manqua pas le regard de Narcissa sur lui lorsqu'il passa près d'elle. Cependant, elle ne fit pas la moindre remarque ni n'eut le moindre geste pour l'arrêter et il passa la fenêtre que Drago ouvrit d'un geste de baguette vif, presque à contrecœur.

Il fit une pause sur le toit face à l'appartement de Malefoy, le temps que ce dernier ferme la fenêtre après son départ, puis il prit son envol une fois encore et prit la direction de son propre appartement, déterminé à revenir déranger Drago Malefoy chez lui dans un futur proche.