Chapitre 3

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Agenouillé sur le sol dur et glacial du repère de Voldemort, Drago prit soin de dissimuler ses pensées, construisant avec soin de solides barrières d'occlumentie. Si le mage noir jetait un œil dans son esprit et y lisait ses doutes, il ne vivrait pas très longtemps.

Il s'obligea à rester concentré, malgré la longue attente, récitant des recettes de potions pour occuper son esprit. Au début, juste après avoir pris la marque, Drago pensait que Voldemort les convoquait, puis il les faisait attendre uniquement pour montrer sa supériorité.

Au fil des mois cependant, son opinion avait légèrement changé. Il était désormais persuadé que le mage noir les laissait de côté jusqu'à ce qu'ils soient moins méfiants. Moins prudents. Puis, il pillait leurs esprits pour surprendre leurs secrets.

Lorsque son nom fut prononcé, Drago leva immédiatement les yeux, sans pour autant rencontrer le regard de Voldemort. Il resta silencieux, attendant les ordres, alors que le mage noir le dévisageait avec un petit rictus moqueur.

— Cher Drago... Ta mère a longuement plaidé pour que tu sois chargé de mes potions et je dois avouer que pour l'instant, tu t'en sors honorablement.

Drago baissa les yeux légèrement, mais il ne commit pas l'erreur de prendre la parole. Il savait qu'une réaction risquerait de lui attirer des ennuis et il préférait attendre que Voldemort lui pose directement une question.

Voldemort étira ses lèvres fines en un rictus cruel, puis il hocha la tête.

— J'ai une mission pour toi. Severus travaillait sur ce sujet, mais il n'a, hélas, pas eu le temps de terminer...

Voldemort marqua une pause, regardant dans le vide et Drago eut le sentiment qu'il pensait à la mort de Severus Rogue. Un frisson lui parcourut l'échine et il se força à retrouver son immobilité, inquiet. Puis Voldemort soupira et il fit un vague geste de la main.

— Mon apparence ne t'a pas échappé, je suppose. Il semblerait que mon rat de compagnie ait commis une erreur dans son rituel... ou sa fidélité n'était pas aussi solide que je le pensais... Quoi qu'il en soit, je veux retrouver une apparence humaine.

Drago écarquilla brièvement les yeux et déglutit, conscient qu'il n'avait pas les compétences pour y parvenir. Le regard de Voldemort se posa brusquement sur lui, les paupières étrécies.

— Aurais-tu quelque chose à ajouter ?

Drago se passa la langue sur les lèvres nerveusement, puis il inclina légèrement la tête.

— Je suis désolé, maître. Cependant, je ne suis pas certain d'être qualifié pour... vous donner satisfaction.

Drago attendit quelques secondes, le silence en réponse lui donnant la chair de poule. Puis Voldemort susurra, sans prendre la peine de cacher son amusement.

— Vraiment ? Ainsi donc, tu ne serais pas qualifié pour être potioniste ?

Drago déglutit et il secoua la tête, avant de répondre avec prudence.

— J'apprends aussi vite que je peux, Maître. Les notes du professeur Rogue me sont précieuses, mais il me reste beaucoup de choses à...

Voldemort le coupa d'un ricanement.

— Tu apprends. Ta mère aurait menti ? Elle disait que tu étais brillant ! Devrais-je la punir ?

Horrifié, Drago leva la tête, les yeux écarquillés, et sa réponse fusa sans contrôle.

— Non !

Immédiatement, le doloris fusa, et il hurla, tombant au sol et se tordant sous la douleur intense. Voldemort monologuait pendant qu'il le torturait, mais Drago ne comprenait pas les mots. Il devait mobiliser toute son énergie pour supporter l'atroce douleur, craignant de perdre connaissance.

La punition sembla durer des heures et lorsque Voldemort leva le sort, Drago resta au sol, tremblant, les larmes mouillant son visage. Il resta immobile et silencieux, craignant de subir de nouveau un doloris.

Il entendit Voldemort approcher et il s'obligea à se souvenir de la recette de la pimentine, conscient d'être terriblement vulnérable. Il eut l'impression de sentir un bref contact dans son esprit, mais il n'avait aucune certitude : ce pouvait être une illusion due à sa paranoïa.

Le mage noir ricana, ne cachant pas son amusement.

— J'espère que tu es décidé à me satisfaire, maintenant.

Drago roula pour se prosterner, oubliant toute fierté et cachant ses sanglots de son mieux. Il tremblait nerveusement, conséquence du doloris, et il eut l'impression de rester un temps infini au sol, attendant un signe du monstre au-dessus de lui.

Finalement, Voldemort grogna, avec une pointe d'agacement.

— Rentre chez toi, Mangemort. Et fais en sorte d'obéir. Si tu échoues, je devrais considérer que ta mère m'a menti... et tu connais la punition réservée à ceux qui me mentent ou me trahissent.

Drago ne fit que hocher la tête, réprimant de son mieux la bouffée de haine qui le submergea et il se redressa aussi vite que possible, terriblement pâle. La douleur ressentie tétanisait chacun de ses muscles et il devait se forcer à bouger, conscient que s'il mettait trop de temps à s'éloigner, il risquait un nouveau doloris.

Il s'éloigna enfin et dès qu'il sortit de la pièce — autrefois un salon richement décoré — où Voldemort attendait ses Mangemorts, il prit le risque de marquer une pause en se laissant aller contre le mur.

Prenant de profondes inspirations, Drago fouilla ses poches et il laissa échapper un ricanement amer en voyant la fiole qu'il avait préparée à la hâte et destinée à apaiser le fou qu'il servait... Finalement, il n'avait pas eu l'occasion de l'amadouer et il n'était pas certain que toute sa réserve de potion pourrait satisfaire le mage noir, puisqu'il voulait désormais retrouver une apparence humaine.

Drago soupira et déboucha la fiole, pour la boire avec une grimace. Voldemort avait exigé un stock important de potions antidouleur et Drago s'était longuement demandé à quel usage elles étaient destinées. Il savait que Voldemort ne se préoccupait pas de la santé ou du bien-être de ses esclaves, laissant les Mangemorts se débrouiller pour se soigner. De plus, la guerre avait pris fin et malgré un peu de résistance, il n'y avait pas eu de bataille pouvant occasionner un grand nombre de blessés.

Le jeune homme éloigna toutes ses questions en buvant la fiole, soupirant de soulagement quand la douleur qui cisaillait ses muscles s'apaisa assez pour lui permettre de transplaner. Tous ses projets de sortie oubliés, il retourna chez lui, décidé à dormir jusqu'au lendemain matin...

Faux SemblantsWhere stories live. Discover now