Chapitre 37

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À son retour dans l'appartement de Drago Malefoy, au petit matin, Harry ferma les yeux, épuisé. Il était fatigué d'avoir des secrets et de se battre pour les conserver et il avait pris la décision de faire entièrement confiance à Malefoy.

Ils s'étaient battus durant toute leur scolarité, mais la faute était partagée. Ils s'étaient provoqués à tour de rôle et chaque dispute aurait pu être rapidement maîtrisée si l'un ou l'autre avait décidé de calmer le jeu.

Lorsque Malefoy s'était replié sur lui-même, lorsqu'il avait eu la marque sur le bras, Harry l'avait suivi obsessionnellement, ignorant les réprimandes de ses amis. Il détestait alors l'expression traquée du Serpentard, son isolement, les cernes qui noircissaient son visage. Surtout, il détestait que Malefoy ne s'intéresse plus à lui, qu'il l'évite et le fuit.

Après la bataille de Poudlard, Malefoy aurait pu profiter de la victoire de Voldemort, mais il avait prouvé qu'il était loin d'être intrinsèquement méchant. Il avait fait de son mieux et Harry était soulagé d'avoir découvert qu'il n'était pas un criminel comme tant d'autres. Tout comme Harry, il n'était finalement qu'un enfant perdu au milieu d'une guerre qu'il ne comprenait pas...

Harry pouvait décider de se méfier encore et encore, en se justifiant avec leur passé, il savait que Malefoy ne protesterait pas. Il se sentait coupable et il estimait ne pas avoir droit à la considération de Harry.

Sauf que Harry avait pour habitude de suivre son instinct et qu'il était toujours autant attiré par Malefoy, comme un papillon attiré par la lumière. Il avait le besoin d'être proche de lui et il avait une chance de se lier d'amitié qu'il ne comptait pas repousser. Ils avaient perdu trop de temps à se disputer à Poudlard et Harry comptait bien prouver à Malefoy qu'il ne l'abandonnerait pas cette fois.

Il fut tiré de ses pensées par un hurlement strident et avant même de réfléchir, il se précipita, baguette en main.

Lorsqu'il fit irruption dans la chambre de Malefoy, il constata que Hermione était réveillée et qu'elle s'était probablement battue avec Malefoy. Elle avait la baguette du jeune homme à la main et elle la pointait sur lui, probablement prête à lui lancer un maléfice.

Son arrivée brusque attira l'attention de Hermione et elle se tourna vers lui. En le voyant, elle prit une brusque inspiration, les yeux écarquillés et elle blêmit. Harry fit un pas vers elle, inquiet qu'elle puisse faire un malaise à cause du choc, et Malefoy tendit le bras, comme pour la soutenir, pensant visiblement la même chose.

Finalement, Hermione hoqueta et murmura, incrédule.

— Harry ?

Le jeune homme soupira et il se passa nerveusement la main dans les cheveux, terriblement mal à l'aise.

— Bonjour Hermione.

La jeune femme secoua la tête et son regard navigua de Drago à Harry, puis elle murmura, la voix brisée.

— Tu es mort. Est-ce que c'est une nouvelle méthode de torture ?

Harry soupira.

— Hermione. Je suis là, je vais bien. Malefoy t'a aidé à t'évader, tu te souviens ?

La jeune femme plissa les yeux, suspicieuse, mais sa main tremblante montrait qu'elle était à bout de forces et qu'elle ne tiendrait pas très longtemps. Harry avança près d'elle en douceur et il tendit la main pour récupérer la baguette de Malefoy. Il hocha la tête et il la rendit sans hésiter à son propriétaire, avant de poser la main sur l'épaule de Hermione.

— Oh Hermione... pourquoi tu n'es pas restée en sécurité ?

Une étincelle de colère apparut dans le regard chocolat et elle se tendit, le fixant avec ressentiment.

— On est revenus pour toi, idiot ! Pour te retrouver ! On ne voulait pas croire à ta mort, alors on a passé des semaines à te chercher. Partout.

Harry ferma les yeux un instant, submergé par la culpabilité et il secoua la tête, les larmes aux yeux.

— Je voulais juste que vous soyez en sécurité. C'était la seule façon...

Hermione laissa échapper un grognement de rage, visiblement furieuse contre lui. Cependant, Harry l'ignora.

— Comment as-tu pu mettre en danger ton bébé ? Tu es enceinte et tu viens...

Une larme roula sur la joue de Hermione et elle se pencha dangereusement vers lui, au risque de tomber du lit, pour le frapper à la poitrine, criant sa rage et son chagrin. Bien qu'il ne comprenne pas chaque mot prononcé, Harry entendit l'essentiel. Hermione lui en voulait de ne pas leur avoir fait confiance, de les avoir inquiété en disparaissant et d'avoir simulé sa mort.

Bien qu'il ait le cœur brisé, Harry recula pour échapper à son amie et lorsqu'elle se tut, il murmura, aussi froidement que possible.

— Rentre chez toi, Hermione. Reste en sécurité avec Ron et oublie-moi. Je n'ai pas besoin de toi, je dois... continuer seul.

Hermione le fixa un instant, les yeux écarquillés, probablement choquée de sa réponse, puis elle baissa les yeux.

— C'est vraiment ce que tu veux ?

Harry n'hésita pas un instant. Il aimait ses amis plus que tout, mais il les voulait loin de cette guerre, surtout maintenant qu'il y avait un enfant en jeu. S'il devait les perdre pour qu'ils soient en sécurité loin de l'Angleterre, alors il était prêt à l'accepter.

— C'est ce que je veux.

Hermione sembla se ratatiner sur le lit de Malefoy et elle se rallongea, en lui tournant volontairement le dos. Harry hésita à la toucher pour la réconforter, mais il savait qu'il n'était plus le bienvenu près d'elle.

Malefoy lui lança un regard noir et il se pencha vers Hermione, restant à distance prudente, sa baguette hors de portée.

— Granger ? Dès que tu te seras un peu plus reposée, je contacterai ma tante Andromeda. Elle pourra t'aider à rejoindre ta famille. Elle est déjà prévenue que tu as été blessée, mais que tu vas bien.

Hermione hocha lentement la tête et chuchota quelque chose en retour que Harry n'entendit pas. Il nota la surprise de Malefoy, puis ce dernier se pencha un peu plus et murmura quelques mots inaudibles avant de se redresser et de contourner le lit pour rejoindre Harry.

Ils quittèrent la chambre tous les deux, mais Harry ne put s'empêcher de jeter un dernier regard à la forme recroquevillée de Hermione, qui lui tournait le dos.

La porte était à peine fermée, que Malefoy lui lançait un regard sévère.

— C'était inutilement cruel, Potter. Tu n'avais pas besoin d'être aussi... dur !

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant