Chapitre 49

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C'était définitivement étrange pour Harry de se dire qu'il était allongé dans le lit de Malefoy. Bien qu'il soit confortable à souhait, il n'arrivait pas à dormir.
Il se tenait immobile et aux aguets, écoutant chaque bruit avec attention, incapable de se détendre.

Malefoy ne semblait pas avoir de problèmes. Il avait métamorphosé un fauteuil de la chambre en un lit qui semblait acceptable et il s'était allongé sans un mot de plus. Ils avaient éteint les lumières et depuis, Harry entendait la respiration régulière de Malefoy, qui semblait plongé dans un profond sommeil.

Harry soupira et se tourna, en essayant de se détendre. La présence de Malefoy était plutôt apaisante, il se sentait en sécurité en sa présence, aussi surprenant que ce soit. Son odeur était familière, tout comme le rythme paisible de sa respiration.

Il finit par tomber dans une somnolence légère, sans réussir à dormir complètement. C'est pour cette raison qu'il entendit immédiatement l'accroc dans la respiration de Malefoy et son gémissement discret.
En un battement de cœur, Harry était levé, inquiet et il s'approcha du lit métamorphosé.

Après une brève hésitation, il tendit la main pour accrocher l'épaule de Malefoy, surtout en le voyant commencer à s'agiter. À son contact, Malefoy bondit, les yeux écarquillés et le souffle court, et Harry leva immédiatement les mains en signe de paix.
— Tu vas bien ?

Malefoy sembla perplexe un bref instant, puis il grimaça et il agrippa son bras. Harry comprit immédiatement, horrifié.
Voldemort l'appelait.

Il tendit la main pour exposer la marque des ténèbres, ignorant le mouvement de recul de Malefoy et il nota les contours rouges, presque à vif, du tatouage. Il soupira et chuchota, nerveusement.
— Il t'appelle ?

Malefoy secoua la tête, s'employant à masquer sa gêne, et il marmonna en évitant le regard de Harry.
— Il est furieux.

Harry se mordilla la lèvre, en se sentant terriblement inutile. Malefoy grogna et souffla.
— Retourne te coucher, Potter.

Il lui tourna le dos, prêt à se réinstaller dans son propre lit, mais ce fut le moment que choisit la métamorphose pour prendre fin dans un « pop » sonore, le lit redevenant un simple fauteuil.
Harry ricana et il attira Malefoy en le tirant par le poignet.
— Allez, on peut partager ton lit.

Après tout, Harry avait déjà partagé un lit avec Ron et il supposait que ce serait pareil avec Malefoy. Ils s'installèrent en silence, chacun se tenant aux bords du lit.

Cette fois, la présence de Malefoy si proche de lui lui permit de se détendre plus rapidement et Harry sombra dans le sommeil.

*

Il se réveilla en sursaut, désorienté, sans comprendre ce qui l'avait tiré de son sommeil.
En entendant Malefoy gémir près de lui, il se redressa, comprenant que le jeune homme souffrait toujours.

Après une brève hésitation, il se pencha vers lui et posa la main sur son épaule en douceur, voulant l'apaiser. Malefoy haleta et ouvrit les yeux, réprimant un cri de douleur.

Harry fronça les sourcils et il ouvrit la bouche, mais Malefoy le prit de vitesse en marmonnant, les dents serrées.
— Cette fois, il appelle.


Un frisson glacé dévala l'échine de Harry et il retint Malefoy.
— Je devrais venir avec toi. Sous ma forme animagus.

Malefoy lui lança un regard agacé.
— Ne sois pas stupide, Potter ! Se précipiter pour agir est le meilleur moyen de commettre des erreurs, tu sais. Reste ici et ne fait rien de stupide, je serais de retour rapidement...

Harry voulut protester, mais Malefoy semblait suffisamment sûr de lui pour apaiser ses doutes. Il se résigna, observant Malefoy prendre sa baguette et murmurer un sort qui le vêtit de la robe noire des Mangemorts.
Ils échangèrent un dernier regard, Harry essayant de faire comprendre à Malefoy d'être prudent. L'instant d'après, le jeune homme transplanait, laissant Harry seul dans la chambre, frissonnant et inquiet.


Harry tourna en rond longuement, trouvant le temps interminable. Pour la première fois depuis la bataille de Poudlard, il regretta la perte de l'horcruxe qui logeait dans sa cicatrice, parce qu'il aurait pu avoir un aperçu de l'humeur de Voldemort — voir assister à une partie de la scène.

Un mauvais pressentiment lui tordait l'estomac et jusqu'à présent son instinct ne l'avait jamais trompé. Harry savait que Malefoy était parfaitement capable de se débrouiller, qu'il mentait à Voldemort depuis le début et qu'il s'en sortait admirablement.
Cependant, il détestait l'idée qu'il soit blessé, qu'il souffre encore une fois...

Harry se laissa tomber sur le lit de Malefoy, avec un soupir agacé. Il devait reconnaître que l'inaction lui pesait depuis sa fuite de Poudlard. Il avait accepté de rester caché sur les conseils du portrait de Rogue, comprenant qu'il devait travailler dur pour être capable de défaire Voldemort. Il avait soigné son professeur de son mieux, il avait lu des tonnes de grimoires poussiéreux en pensant que Hermione serait fière de lui — et que Ron rirait aux éclats lorsqu'il l'apprendrait — oubliant sa frustration en pensant qu'il faisait ça pour protéger ses amis.

Puis, il avait vu Malefoy par hasard.

Le croiser avait été comme un électrochoc et il n'avait pas pu rester à distance. Il avait été attiré comme un papillon par la flamme, le surveillant de près, l'épiant avec attention, avide d'en savoir plus sur lui. Il avait prétexté qu'il pourrait approcher Voldemort en le suivant, mais s'il devait être honnête, c'était bien plus que ça.
Il avait été profondément soulagé en découvrant que Malefoy était loin d'être fidèle au mage noir qui terrorisait le monde magique et il n'avait pas pu s'empêcher de l'aider. Le portrait de Rogue avait été furieux, mais Harry s'était montré convaincant, lui assurant qu'ils avaient besoin de l'aide de Malefoy pour approcher Voldemort d'assez près pour s'en prendre à lui. S'il voulait le défier sans être blessé par ses Mangemorts auparavant, il allait devoir ruser et le défier publiquement ne fonctionnerait pas.

Les blessures de Malefoy l'avaient rendu fou de rage, sans qu'il ne puisse s'expliquer. Ils n'avaient pas été amis tous les deux, mais il ne pouvait pas le laisser souffrir sans réagir.
Le comportement de Malefoy, bien loin de l'enfant gâté et prétentieux qu'il avait été, n'avait fait que renforcer la détermination de Harry de l'aider.

En quelques jours seulement, Harry avait oublié le passé. Il avait confiance en Malefoy, désormais, et il le voyait de plus en plus comme un ami. Le portrait de Rogue pourrait toujours le traiter d'idiot, il ne reculerait pas. Pas quand la sécurité de Malefoy était en jeu.

Faux SemblantsWhere stories live. Discover now