Faux Semblants

Chapitre 50

Drago s'était montré volontairement rassurant devant Potter, mais il ne pouvait pas nier qu'il était inquiet. Une convocation brutale en pleine nuit après avoir senti la fureur de Voldemort n'était jamais de bon augure et annonçait souvent des doloris en série pour les Mangemorts à sa portée.

Lorsqu'il arriva, il dut masquer son agacement en voyant son père. Ce dernier l'attendait puisqu'il s'approcha immédiatement de lui.

– Drago. Il est difficile de te rencontrer ces derniers jours.

Drago haussa les épaules en essayant d'afficher un air indifférent.

— Je suis occupé, père.

Lucius plissa les yeux, mais Drago avança, ne lui laissant pas le loisir de poser plus de questions. Son père lui agrippa le poignet, le serrant plus fort que nécessaire et le jeune homme masqua une grimace de douleur, levant juste les yeux vers l'homme en espérant que sa haine ne serait pas perceptible.

— Je ne suis pas certain que faire attendre le maître soit judicieux, père...

Lucius hésita, puis il le lâcha avec un soupir.

— Tu viendras dîner avec nous dès que possible.

Drago haussa un sourcil moqueur et il ne répondit pas, laissant son père croire qu'il obéirait. Ce dernier finit par le lâcher, mécontent, mais comme Drago l'avait souligné, ce n'était pas vraiment le moment de laisser attendre Voldemort...

Lorsqu'ils entrèrent dans la pièce où siégeait le mage noir, Drago fut presque soulagé que ce dernier lui fasse signe de le rejoindre, lui permettant ainsi de s'éloigner de son père. Devant le mage noir, il inclina la tête et il resta silencieux et immobile.

Il dut mobiliser tout son contrôle pour ne pas sursauter quand le mage noir posa une main sur son épaule et qu'il se pencha pour murmurer, de façon à n'être entendu que de lui.

— As-tu avancé sur notre petit projet ?

Drago déglutit et il murmura en retour, mentant sans vergogne.

— J'y travaille, maître. D'ici quelques heures, je pourrais vous proposer...

La main sur son épaule se serra jusqu'à le faire grimacer de douleur et il se retint de laisser échapper le moindre son. Voldemort murmura, menaçant.

— Très bien. Ne me déçois pas, jeune homme.

Drago s'inclina un peu plus et retint un soupir de soulagement lorsque Voldemort lâcha son épaule.

Il écouta à peine l'objet de ce petit rassemblement soudain, observant juste les alentours avec un œil neuf, essayant de noter tout ce qu'il pouvait sur les lieux.

Potter avait émis l'idée de l'accompagner et Drago se doutait que le jeune homme y reviendrait à un moment ou à un autre. Potter était têtu et il devait également détester être laissé en arrière, lui qui était habitué à se placer en première ligne, à être au cœur de l'action.

Il se força à se concentrer de nouveau lorsqu'il nota un peu d'agitation dans les rangs des Mangemorts, conscient que son manque de concentration pourrait lui causer de sérieux ennuis.

Voldemort appela son père à s'approcher et Drago fit un pas en arrière, méfiant.

— Lucius... as-tu des réponses à me fournir ?

Le visage de son père pâlit et il murmura, presque à contrecœur.

— Malheureusement, non, maître. Malgré mes recherches, je n'ai trouvé aucune preuve d'intrusion entre ces murs, personne d'étranger n'est venu chercher votre prisonnière.

Le visage de Voldemort se contracta de colère et il grogna, tournant sa baguette entre ses doigts. Lucius jeta un bref regard en direction de son fils et Drago sentit son cœur manquer un battement alors qu'il devinait qu'il allait d'ici peu découvrir une nouvelle trahison de son père.

Après quelques instants à ruminer son mécontentement, Voldemort afficha un sourire cruel.

— Tu mérites une punition, Lucius. Cependant, tu m'as demandé une faveur lorsque tu m'as amené cette proie de choix et j'ai accepté. Je ne reviendrais pas sur ma parole.

Drago se tendit en découvrant que c'était son père qui avait capturé Granger et qui l'avait livrée. Un frisson glacé dévala son échine alors qu'il se demanda s'il connaissait Andromeda, mais il repoussa rapidement ses pensées pour se concentrer sur le moment présent.

Voldemort laissa échapper un rire dément et il reprit, sans cacher sa jubilation.

— Puisque tu m'as supplié d'être épargné de tes prochaines punitions, je ne te toucherai pas... mais un Malefoy vaut un Malefoy, n'est-ce pas ? Je ne l'abîmerai pas trop puisqu'il travaille pour moi, ne t'en fais pas...

Drago déglutit, choqué. Il croisa le regard de son père, qui semblait plus soulagé d'être épargné qu'inquiet pour lui et il le détesta un peu plus. Avant qu'il ne puisse dire le moindre mot, le doloris le faucha et Voldemort se mit à rire.

— Ton fils est si expressif, Lucius... Je crois que je ne me lasserais jamais de le voir se tordre de douleur et se retenir de hurler...

Drago haleta lorsque le sort fut levé, essayant de reprendre son souffle. Cependant, Voldemort n'en avait pas terminé avec lui et il le tortura méthodiquement, jusqu'à ce qu'il hurle et sanglote nerveusement, en ayant l'impression que son esprit était sur le point de se briser.

Il croisa le regard de son père et ce dernier l'observait sans montrer la moindre pitié. En cet instant, Drago aurait pu le tuer sans hésiter tant sa haine à son encontre était grande...

Il reprit son souffle, conscient que sa vie ne tenait qu'à un fil. Lorsque Voldemort approcha, il se tendit, craignant recevoir d'autres sorts, mais le mage noir se contenta de le pousser du pied.

— Rentre chez toi, Drago. Je te laisse quelques jours pour te remettre de notre petite... discussion et pour terminer la potion que tu m'as promis. N'oublie pas que j'attends des résultats ou tu en paieras le prix.

Tremblant, Drago se mit à quatre pattes, observant un instant les gouttes de son sang qui tachaient le sol en pierre, puis il entreprit de se relever lentement, faisant de son mieux pour ignorer la douleur.

Son père approcha et tendit la main, comme pour l'aider, mais il l'ignora. Il ne lui accorda même pas un regard, déterminé à sortir cet homme de sa vie dès que possible, quoi que puisse en dire sa mère.

Il vacilla un instant une fois qu'il fut debout et il vit de nombreux Mangemorts détourner les yeux face à lui. Apparemment, le choix de son père d'être épargné ne faisait pas l'unanimité et Drago se demanda si ce moment pourrait être une faille dans leur fidélité.

Il le nota dans un coin de son esprit, malgré le brouillard de douleur, et il se concentra pour avancer en direction du point de transplanage, pressé de rentrer chez lui. Pressé de retrouver Potter.

Ce dernier allait être furieux et cette idée était étrangement réconfortante pour Drago, lui donnant l'impression qu'il était important pour le Gryffondor...