Faux Semblants

Chapitre 69

La détresse de Harry rendait Drago malade, parce qu'il ne savait pas comment l'apaiser. Quoi qu'il dise, il voyait son regard vert voilé d'inquiétude, et il espérait presque que la marque commence à le brûler pour plonger dans l'action et oublier le reste.

Il tenait Harry fermement, incapable de trouver les bons mots, quand quelqu'un frappa à la porte. Drago se tendit aussitôt, mais Harry déposa un baiser sur ses lèvres, avec un sourire un peu tremblant qui se voulait rassurant.

— Finalement, ta mère arrive au moment idéal.

Drago grogna, indécis.

— Reste caché.

Il ouvrit rapidement la porte et il ne sut pas s'il devait être soulagé que ce soit bien sa mère ou effrayé puisque Harry était déterminé à l'emmener près de Rogue.

Il hocha la tête avec raideur.

— Mère.

Il nota son regard scrutateur, mais elle ne fit pas la moindre remarque, le suivant juste à l'intérieur de l'appartement. Une fois la porte close, elle l'attira dans une étreinte malhabile. Dans leur famille, les gestes d'affection étaient rares et Drago se raidit, surpris.

Narcissa lui sourit tristement et se dirigea vers Harry, l'enlaçant également. Drago fut presque jaloux de noter que sa mère était plus à l'aise avec Harry qu'avec lui et il s'approcha alors que Harry murmurait quelques mots.

Narcissa les observa un instant, avant de pincer les lèvres.

— J'aimerais pouvoir vous envoyer loin de tout ça...

Drago grogna, agacé.

— Mais c'est impossible.

Il ignora le regard réprobateur de sa mère et il se crispa légèrement quand Harry prit la parole, hésitant.

— Nous voulions vous emmener quelque part. Je veux dire... je pense que nous devrions vous montrer...

Harry s'interrompit, mal à l'aise, se tortillant nerveusement comme un petit garçon qui aurait fait une bêtise.

Narcissa arqua un sourcil, avec un léger sourire.

— Où devons-nous aller ?

Drago soupira, résigné.

— Je vais te conduire, mère. Nous allons transplaner.

Narcissa les regarda l'un après l'autre, avant de hocher la tête, se posant visiblement beaucoup de questions, mais confiante.

Drago agrippa le bras de sa mère et il fixa Harry, doutant encore de leur décision. Ce dernier hocha la tête avec un sourire.

— Allons-y.

Ils transplanèrent ensemble et Drago tendit machinalement le bras à l'arrivée pour rattraper Harry. Narcissa eut un sourire amusé en le voyant stabiliser machinalement Harry, puis elle regarda autour d'elle, avant de hoqueter, stupéfaite.

— Mais... nous sommes chez Severus !

Drago fronça les sourcils, perplexe.

— Tu connais cet endroit ?

Sa mère soupira, avant d'acquiescer.

— Severus Rogue est un... ami. Il m'est arrivé de lui rendre visite.

Harry sourit et il avança vers l'escalier dissimulé. Sans la moindre hésitation, il leva l'illusion pour dévoiler l'accès à l'étage et Narcissa leur emboîta le pas, en silence.

En arrivant dans la chambre où reposait le corps inerte de Severus Rogue, Narcissa vacilla, soudain terriblement pâle. Puis, elle se précipita vers le lit et elle fixa l'homme, sans oser le toucher.

Drago resta muet de surprise, découvrant que sa mère était proche de son professeur de potion. Il l'avait ignoré et il se demandait ce qu'il allait encore apprendre au sujet de ses parents, qui semblaient devenus de vrais inconnus.

Harry prit la parole, d'une voix douce.

— Il est en vie, madame. Cependant, s'il devait se produire un incident, je voulais que quelqu'un puisse prendre le relais et prendre soin de lui.

Narcissa hocha la tête d'un air absent, sans détourner les yeux du corps inerte.

Harry reprit.

— Son portrait vous donnera la marche à suivre, il est assez... exigent sur ce qui doit être fait.

Narcissa balbutia, avec une expression perdue.

— Son portrait ?

Drago renifla et désigna le mur, où le portrait de Severus Rogue trônait. Pour une fois, le personnage peint était immobile et silencieux, fixant Narcissa Malefoy avec une expression de stupeur incongrue sur son visage habituellement inexpressif.

Narcissa cligna des yeux, avant de murmurer, d'une voix douce.

— Severus...

Harry, visiblement indifférent à ce qui se produisait entre les deux adultes, s'adressa à Rogue, d'un ton prudent.

— Madame Malefoy est digne de confiance, professeur. Elle a sauvé Hermione. Vous aviez raison de signaler que si quelque chose devait m'arriver, vous seriez le premier à en souffrir, aussi j'ai pensé qu'elle pourrait prendre le relais.

Rogue grogna, sans quitter Narcissa des yeux.

— Gamin stupide. Le but n'était pas de me trouver un gardien, mais de vous garder en sécurité...

Harry s'empourpra légèrement et il baissa la tête, alors que Drago s'approchait de lui pour l'enlacer en soutien. Drago lança un regard noir au portrait, mais ce fut Narcissa qui prit la parole, d'une voix douce.

— Ne sois pas trop sévère, mon ami. Harry pensait bien faire. Ce garçon fait de son mieux...

Drago hoqueta, son regard naviguant de sa mère au portrait de Rogue.

— Qu'est-ce qui se passe ? Mère ?

Narcissa soupira, sa main se posant sur sa gorge, puis elle murmura, d'une voix à peine audible.

— Rien d'important, Drago. Tu devrais rentrer avec Harry, je vais m'en charger.

Drago fronça les sourcils, buté.

— Je ne pense pas, non. Je veux savoir ce qui se passe ici. Tu n'as jamais parlé de...

Narcissa se redressa, les lèvres pincées. Son regard gris brillait de détermination.

— Je suis ta mère, Drago. Pas une de tes amies. Tu n'as rien à exiger. Il me semblait avoir déjà mentionné que je ne passais pas mes journées enfermée au manoir à attendre que quelqu'un daigne s'intéresser à moi.

Drago se renfrogna, se sentant presque honteux, mais il refusait de reculer maintenant. Au milieu du marasme dans lequel était plongée sa vie, il avait besoin de vérité, plus que jamais.

Harry le serra contre lui, en le regardant avec inquiétude et Drago déglutit, mais il resta campé sur ses positions, fixant sa mère d'un regard noir.

Le portrait de Rogue cracha soudain, d'un ton sec.

— Monsieur Malefoy !

Drago tressaillit et il lança un regard trahi à sa mère, avant de tourner les talons et de s'éloigner d'un pas raide. Il entendit le soupir de Harry et ce dernier lui emboîta le pas, sans un mot.

Sa réaction apaisa légèrement Drago, alors que c'était la preuve qu'il n'était plus seul.

Lorsqu'ils arrivèrent au rez-de-chaussée, Harry le fixa un instant avant de lui tendre la main. Drago leva un instant les yeux vers le plafond, puis il hocha la tête et ils transplanèrent ensemble, Harry les guidant.