Vendredi 11 avril 2025 - V2

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Essonne — vendredi 11 avril 2025

Léna

Une semaine déjà que le temps est suspendu. Que va-t-il advenir de nous ? L'aventure sera-t-elle terminée avant même d'avoir commencé ?

Heureusement avec mon travail de graphiste je m'évade et j'évite d'y penser sans arrêt. Dessiner des couvertures de roman me plonge dans des univers divers et variés, un peu comme si j'étais transporté dans un autre monde. Et puis j'aime la liberté. La liberté de bosser d'où je veux, la liberté de m'organiser, la liberté d'être mon propre patron.

J'ai très peu croisé Enzo ces derniers jours, il passe la plupart de son temps en vadrouille ou sur son ordinateur à la recherche de mission. Nos échanges sont rares, il vaut mieux ça que de continuer notre guerre. L'épreuve du casting a rapporté de la légèreté à notre relation. La cohabitation est plus agréable. Aujourd'hui, il a un shooting pour une marque de vêtement bon marché, c'est un début, malgré tout, je saute sur l'occasion pour le taquiner à ce sujet.

— Tu fais dans le bas de gamme ? lui rétorqué-je.

— C'est une grande marque je te signale.

— Grande marque, mais pas dans la qualité. Peut-être qu'il te manque un peu d'abdos qualitatifs pour ça ?

— Qu'est-ce que tu en sais ? Tu les as pas vus.

— Effectivement... mais ce genre de chose n'a pas besoin d'être vu pour être deviné, insinué-je.

— Si tu pouvais éviter d'imaginer mon corps ou plutôt de fantasmer dessus... Tiens, rafraîchis-toi les idées, tu commences à avoir chaud. Tu rougis.

Mauvais timing. Je n'ai pas prêté attention au verre dans sa main. Une douche froide dès le matin, ça réveille. Le pire dans tout ça, c'est qu'avec ses paroles, bien sûr que je m'imagine des trucs. Sa peau, est-elle douce ou rugueuse ? Que cache-t-il sous son tee-shirt noir ? Ses muscles sont-ils marqués ? Je n'ai pas eu le temps de descendre les inspecter l'autre jour.

Merde, je m'égare. Léna souviens toi ! Pas d'hommes dans ta vie. Puis je repense à mon diable de Chloé qui me répète toujours : « Un peu de sexe n'engage à rien ». Et me voilà tiraillée. Je n'ai jamais rencontré d'autres personnes depuis Aaron. Pas envie, pas besoin. Mais là, maintenant que la tentation est sous mes yeux, le challenge est un peu plus difficile à relever. Je succomberai bien juste pour le plaisir de la chair, rien de plus. Léna, reprends-toi.

La journée s'étire comme les précédentes. Le moindre moment où je n'ai pas le nez plongé dans mes projets paraît durer bien plus.

Je finis de travailler vers dix-sept heures, après avoir avancé convenablement sur mon croquis. J'ai besoin de me vider la tête. J'opte pour une petite séance en cuisine. Faire des crêpes me détend, mais surtout j'adore ça. En quittant ma chambre, je remarque qu'Enzo est déjà rentré. Je ne l'ai pas entendu, enfermée pour dessiner, la musique à fond dans mes écouteurs.

Je jette un regard furtif par l'embrasure de sa porte. Je le surprends en pleins exercices de musculation dans son tee-shirt moulant, plutôt subjectif. Sous mes yeux, un semblant de réponse à mes questionnements du matin.

— Une, deux, une, deux ! ne puis-je m'empêcher de lancer à travers le bâillement.

— C'est pas beau de m'espionner ! J'aurais pu être à poils.

— Beurk, hurlé-je.

Je m'affaire aux fourneaux pour préparer une bonne plâtrée de crêpes. Maintenant que tous les ingrédients sont à ma hauteur, je n'ai plus besoin d'aide pour attraper quoi que ce soit. Enzo en homme prévenant — si je me voile la face — ou moqueur — si je suis réaliste — est revenu il y a quelques jours avec un marchepied.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant