Dimanche 10 août - V2

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Irlande — dimanche 10 août 2025

Enzo

Trouver notre amulette sur la chaussé des Géants était une épreuve difficile émotionnellement. Des heures durant, j'ai déambulé sur les rochers géométriques, parfois glissants à cause des vagues qui s'écrasent sur la rive. J'ai inspecté chaque recoin du flanc droit tandis que Léna s'occupait du gauche. La communication revient doucement entre nous sans que cela soit encore l'extase.

Le bruit de l'eau s'est imprégné dans mon esprit et je l'entends encore actuellement bourdonner dans mes oreilles. Néanmoins, cette épreuve n'était rien comparé à ce qui m'attend actuellement: un pont suspendu.

Je ne parviendrai jamais à le traverser, il est trop haut, trop long. La mer d'un bleu tout aussi hypnotisant que les yeux de ma coéquipière m'appelle. Je ne peux détourner le regard. Le pire dans tout ça, c'est que j'ai réussi à faire trois pas et que désormais si je veux retrouver la terre ferme, mes pieds figés vont devoir accepter de réagir.

— Enzo qu'est ce que tu fous !

— Je... je...

— Quoi ?

Je n'arrive même pas à prononcer une phrase tellement je suis tétanisé. Autant sur le chemin des Gobbins j'avais pu gérer mon problème, autant ici, c'est impossible.

— Léna, je ne peux pas.

— Comment ça tu ne peux pas ?

Elle me jette enfin un regard de l'autre côté du pont.

— Merde Enzo, tu as le vertige ?

Je ne réponds rien, incapable d'avouer ma faiblesse.

— Enzo, tu vas devoir venir, je ne veux pas perdre.

— Je ne peux pas.

Excédée, elle revient sur ses pas. A ma hauteur, elle fixe ses prunelles dans les miennes.

— Enzo, tu ne vas pas faire ta mauviette, et tu vas venir avec moi !

Son encouragement qui n'en est absolument pas un, n'a aucun effet.

— Désolé !

— Tiens, tu connais ce mot ? joue-t-elle.

— Léna, ce n'est pas le moment, tu vois.

— Oh mais si, j'en profite même.

Elle se rapproche tellement de mon corps en prononçant cette phrase que je suis obligée de baisser la tête pour continuer à la fixer. Son regard change du tout au tout. Si elle a pu un temps être énervée par mon incapacité à faire le moindre mouvement, gagner ne lui semble plus une obligation. Ses iris sont presque suppliant quand elle me demande:

— Pourquoi es-tu désolé au juste Enzo ?

Me tent-elle enfin la perche que j'attendais ?

Enzo, réagit. Dis quelque chose.

Ses mains trouvent les miennes. Sa poitrine frôle mon torse et déclenche des frissons. Je ferme les yeux quelques instants.

— Pourquoi Enzo ? susurre-t-elle montant sur la pointe des pieds pour coller son front contre le mien.

Tremblant, je craque.

— Léna.. je.. je suis désolée pour tout. Je n'aurais pas dû m'emporter. J'aurais dû chercher à discuter avec toi. Je m'excuse.

— Moi aussi.

Elle se plaque complètement à moi, approche ses lèvres dangereusement. Mes terminaisons nerveuses se réveillent. Elle se recule doucement, ma bouche comme un aimant suit la sienne. Sa lèvre mordue m'excite mais je ne peux pas. Je ne dois pas. Pourtant, je ne laisse pas l'écart se creuser entre nous lorsqu'elle recule encore. Cette chaleur qui m'enveloppe me pousse toujours un peu plus vers elle.

— Tu vois tu as réussi Enzo, me dit-elle alors que mon pied se pose sur de la terre.

Elle dépose un doux baiser sur mes lèvres impatientes.

— Pour la caméra, me glisse-t-elle à l'oeil.

Pourtant, le doute s'installe, je ne peux nier l'électricité entre nous.

Ce jeu aura ma peau.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Where stories live. Discover now