Jeudi 1er janvier 2026 - V2

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Essonne — jeudi 1er janvier 2026

Léna

Mon téléphone sonne, je regarde l'écran avec l'espoir que ce ne soit pas Enzo. Je n'ai pas le courage de me lever et de faire comme si tout allait bien. Je commence l'année comme j'ai fini l'autre, déprimée. Je suis rassurée quand le prénom qui s'affiche n'est pas le sien.

Quelques secondes passent avant que la connexion ne se fasse correctement des deux côtés et que je vois Ruby apparaître.

— Eh salut Ruby !

— Salut Léna ! Bonne année !

— Bonne année !

— Comment vas-tu ?

— Bien et toi ? Je vois que tu n'es pas seule ! Salut Tao.

— Salut, me répondit-il.

— Écoute, nous on va bien. On profite de notre voyage.

— Je vois ça ! Vous êtes tout bronzés et puis ce soleil.

Mes deux amis sont partis faire un voyage en amoureux. Ils ont pris un mois pour aller faire les différentes îles du Pacifique, ils rentrent bientôt. Ils y sont depuis déjà trois semaines. Presque autant de jours que je suis allongée. Pourtant, je parierai que le temps leur a paru beaucoup plus court à eux qu'à moi !

— Vous pourriez au moins faire genre que je vous manque un peu !

— Sorry, rit-elle, pas désolée pour un sou.

Je l'accompagne dans ses esclaffements et ça me fait du bien.

— On voulait t'annoncer une bonne nouvelle !

— Oh... je vous écoute ?

— On va se marier, hurlent-ils à l'unisson.

— Génial ! Je suis super contente pour vous. Racontez-moi tout !

Je m'y attendais, Ruby m'en avait parlé, mais je suis heureuse de voir qu'elle s'est lancée. Elle a fait l'émission pour mettre leur couple à l'épreuve. Elle partait du principe que s'ils résistaient dans des conditions précaires, avec du stress et de l'enjeu, alors Tao était vraiment le bon. Une manière de conforter ses choix. De plus, à ce moment-là, Tao n'avait aucune idée du secret que lui cachait sa compagne.

— Eh bien, c'est moi qui ai fait ma demande en premier, annonce-t-elle fièrement.

— Elle m'a devancé. Un genou à terre, elle m'a tendu une chevalière dans un écrin noir, poursuit-il.

— Je la reconnais bien là, ma Ruby entreprenante.

— Évidemment ! Et tu sais ce qu'il m'a répondu ? Il a sorti une petite boîte rouge écarlate avec un solitaire. Regarde-là un peu !

Elle pavane son doigt devant son objectif dans l'espoir que je l'aperçoive. L'image est plutôt floue, mais hors de question de gâcher son bonheur.

— Magnifique. Mais qui a prononcé le traditionnel oui du coup ?

— Personne ! Nous avions déjà notre réponse.

— Alors ça fait quoi d'être avec une millionnaire ? questionné-je Tao.

— Et bien je dois dire qu'elle a bien caché son jeu. Je vais pouvoir me faire entretenir jusqu'à mes vieux jours, c'est cool.

Sa réplique est rapidement suivie par un coup d'épaule de sa future femme qui ne l'entend pas de la même oreille.

— Vous êtes beaux à voir, leur dis-je en essayant de me redresser sur le canapé, grimaçant à cause de mes muscles endoloris par une position maintenue trop longtemps.

— Nous, peut-être, mais pas toi. C'est quoi cette tête ?

— Rien ne t'en fait pas.

— Tu sais, je commence à bien te connaître, on me la fait pas.

— C'est rien.

— Accouche. Enfin non, accouche pas, mais dis-moi.

— OK, OK, mais pas de stress, capitulé-je. Depuis quasiment votre départ, je suis alitée. Je n'ai pas le droit de bouger, pour le bébé.

— C'est vrai ? Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ? Tu veux que je t'envoie quelqu'un pour t'aider ?

— Tu oses me poser la question ! Tu es en vacances, je n'allais pas t'inquiéter pour rien. Je voulais que tu profites de ton séjour. Et puis, ce n'est pas grand-chose.

J'essaie de minimiser au maximum le risque que j'encours. Je n'ai aucunement envie d'être un poids supplémentaire pour mes proches. Chloé est déjà assez à mes petits soins comme ça. Je lui raconte alors mes mésaventures et lui décris mon quotidien bien loin d'être passionnant. Me lever du lit pour m'allonger dans le salon, allumer la télé et mater l'écran à n'en plus finir. Y aura-t-il assez de choses à regarder ? Parfois j'occupe mon temps en perfectionnant mes techniques de dessin sur ma tablette, mais la position n'est pas la plus appropriée. Je la rassure également sur le fait que mon amie est là pour m'aider dans les tâches quotidiennes, limitant mes déplacements.

— Voilà, tu sais tout.

— Ma pauvre, je te comprends. Et ça va mieux les contractions ?

— Écoute, j'en ai toujours de temps en temps, pour le moment ça tient alors je croise les doigts. Je suis à tout juste trente-deux semaines, c'est le strict minimum pour avoir une petite chance d'avoir un enfant viable à la naissance. Je m'accroche à ça. Je passe déjà un cap. J'avance petit à petit.

— Dès qu'on rentre, je passe te voir OK ?

— Avec plaisir. En attendant, profite de ton voyage !

— Promis. À bientôt Nana.

— Bisous les amoureux.

Elle me fait un dernier signe de la main avant de raccrocher. J'ai un léger pincement au cœur, je n'aurais peut-être pas dû lui parler de ça maintenant et lui gâcher son annonce. Elle était sur un nuage, je ne voudrais pas qu'elle en redescende par ma faute.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Where stories live. Discover now