Dimanche 13 juillet - V2

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Irlande — dimanche 13 juillet 2025

Léna

Le réveil est difficile. Je suis nauséeuse. Je me lève brusquement, sentant que de la bile incontrôlable remonte le long de mon oesophage. Je cours vers l'extérieur de la caravane, m'appuie à un arbre et vomis à son pied le peu que j'ai ingurgité la veille. J'ai eu envie de manger pendant des jours et des jours, recherchant la moindre miette de nourriture et hier quand je me suis retrouvée devant un plat complet de viande et de différentes salades composées, je n'ai pas réussi à avaler grand-chose. J'en avais mal au ventre. J'ai pris tout ce que je pouvais et Enzo a fini mon assiette. J'ai prétexté être malade ce qui est probablement le cas ne voulant pas que nos hôtes le prennent pour eux. Nous avons eu la chance que des habitants nous logent dans une caravane douillette dans leur propre jardin.

Enzo s'inquiète.

— Léna, ça va ?

— Pas vraiment.

— Je vois ça. Tu veux boire un coup ?

— Merci, je veux bien.

Je prends quelques gorgées, histoire de remplir un peu mon estomac.

— Tu veux manger quelque chose ?

— Rien ne me fait envie. Désolée.

— Tu dois être malade, déjà hier tu n'as pas beaucoup mangé.

— J'en sais rien. Ça me saoule.

— Tu penses qu'on va pouvoir finir l'épreuve ?

— Oui, on va y aller. Le chrono ne reprend qu'à neuf heures, je crois. Au moins, on a pu profiter d'une vraie nuit sans avoir à se presser.

Après des heures de galère et à bout de force, nous passons enfin la ligne d'arrivée de cette exploration éreintante. Je suis exténuée. J'ai donné tout ce que j'ai pu, mais cela n'a pas suffi. Quand je vois le nombre d'équipes déjà présentes, je sais pertinemment qu'on n'est pas qualifié. Je m'effondre. Je pleure. Enzo me réconforte et tente de me rassurer.

— On a fait ce qu'on a pu. Ce n'est pas grave, ce n'est pas terminé.

— C'est de ma faute, j'ai tout fait foiré. Si j'étais en forme, on serait probablement arrivés avant.

— Ça arrive, moi aussi j'ai fait foirer des épreuves.

— Donc tu avoues que je n'y suis pas pour rien.

La tête entre les mains, je me sens encore plus coupable. S'il voulait me remonter le moral, il s'y est pris comme un pied. J'aurais aimé ne jamais avoir cette position. Je me lamente, marmonne entre mes lèvres. Mon corps fait balancier tandis que l'attente est interminable, me laissant tout le loisir de ressasser ma défaite. Si seulement Ruby et Tao avaient réussi l'épreuve ils nous auraient sauvés à coup sûr, mais eux aussi sont sur la sellette. Être sur le banc de touche en même temps que nos alliés est la pire des situations. Je ne veux pas perdre maintenant mais gagner au détriment de ses amis, comment le gérer ensuite ? Je m'accroche à l'infime espoir que eux comme nous soient choisis par nos adversaires.

L'heure des éliminations a sonné. Je triture mes doigts avec nervosité. Je ne veux pas partir, pas maintenant. Pas comme Léonie et Samuel le week-end dernier. Je n'ai pas atteint mon but et malheureusement mon destin n'est plus entre mes mains. Romain et Charles nous rendront-ils la pareille ? Se souviennent-ils que nous les avons choisis lors de la toute première expédition ? Je n'en sais rien, je doute. Je me morfonds, isole mon esprit comme si je déconnectais mon âme pour que la pilule soit plus facile à avaler, mais c'est un échec. Oui, c'est un échec parce que mes oreilles captent nos noms malgré ma tentative. Nous sommes repêchés, repêchés par Lola, je n'y crois pas. Lola ! Sérieusement, elle ? J'en étais sûr, il se passe forcément quelque chose entre elle et Enzo, il n'y a pas d'autres explications possibles. Pourquoi nous garder sinon ? Personnellement, je n'ai pas d'atomes crochus avec ce couple de candidats. J'essaie de savourer cette nouvelle mettant mes doutes de côté : nous continuons l'aventure. Je les remercie du bout des lèvres. Il me reste à prier pour que Ruby ne me quitte pas. Pas elle, pas mon amie, mon alliée.

Finalement, Romain et Charles désignent Ruby et Tao et à la suite du choix du public, Ayline et Dylan nous quittent. J'ai un petit pincement au cœur car j'aimais bien ce couple, mais ma peine n'est rien comparé à celle que j'aurais pu éprouver si la pire des situations s'était réalisée. La déception et la tristesse se lit sur le visage d'Ayline. Les larmes perlent sur ses joues délicates. Dylan la console un instant puis s'éloigne d'elle pour demander au présentateur:

— Je peux dire quelques mots avant de partir s'il vous plaît ?

— Bien sûr, je t'en prie Dylan, nous t'écoutons.

— En fait, c'est à Ayline que je voudrais m'adresser.

Et il se tourne vers elle, les yeux brillants d'amour. Mon Dieu, c'est lui! Mon cerveau fait le lien avant même qu'il ne prononce quoi que ce soit. Ça ne fait aucun doute. Désormais, cela se voit comme le nez au milieu de la figure.

— Ayline, cette aventure était extraordinaire. Je sais qu'en ce moment, tu es triste d'être éliminée, mais je ne veux pas que tu partes sur une mauvaise note. Je veux que tu te souviennes de cette journée comme de la plus belle et la plus intense. Ayline, j'aimerais continuer l'aventure à tes côtés, veux-tu m'épouser ?

Il prononce cette dernière question un genou à terre, comme dans les films. Ils sont beaux. Ayline pleure d'autant plus fort, mais désormais de joie. Des larmes de bonheur ont remplacé les précédentes. Elle s'écrie : oui. Un « oui » ferme. Beau et franc, un oui du cœur.

— C'est bon, toutes les filles vont arrêter de retourner leur cabane maintenant, me souffle Enzo à l'oreille, déclenchant un fou rire.

D'un coup de coude, chacun reprend son sérieux et félicite le couple de futurs mariés.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Where stories live. Discover now