Samedi 7 juin Bis - V2

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Enzo

Le fourgon navette nous dépose sur le bord de la route, presque au milieu de nulle part.

— C'est par là, nous désigne la guide.

— Allez, Léna, bouge-toi. Il ne faut pas perdre de temps.

— Oh, ça va j'arrive. Je vérifie que j'ai tout.

— Remontre-moi les photos à faire s'il te plaît.

Je lui saisis des mains le carnet d'exploration qui nous a été fourni en début d'épreuve. Dedans deux images : une porte en fer forgé avec une inscription sur la pierre « The Gobbins », sûrement l'entrée du parcours et une grotte avec un escalier métallique, accompagnées de l'instruction suivante : « Au bout du chemin, récolter l'enveloppe de votre équipe, elle vous guidera pour la suite ».

Nous nous élançons sur la longue descente pour rejoindre le chemin le long de la falaise en contrebas.

Pense à garder des forces pour remonter tout ça !

La guide nous observe de loin sans intervenir. Seule la route nous indique la direction de la mer longeant quelques habitations avant de se fondre en pleine nature. La pente abrupte met nos genoux à rude épreuve.

— Ça va ? Pas trop mal ? la questionné-je.

— Non non ! T'inquiète pas pour moi, la descente je gère mais on en reparle à la montée.

— Fais attention à ne pas tomber !

Le goudron cède sa place à un chemin aménagé mélange de terre et de cailloux. De plus en plus serrés, les escaliers débouchent sur l'entrée du célèbre chemin des Gobbins. La fameuse porte forgée nous confirme que nous sommes au bon endroit. Je blottis Léna dans mes bras, collant son dos contre mon torse. J'enfuis ma tête dans son cou et capture l'instant avec l'objectif du Polaroïd. Son odeur m'enivre, j'en profite plus que nécessaire avant de la libérer. J'enferme précieusement la photo fraîchement imprimée dans la poche interne de mon coupe-vent. Premier point validé.

L'employée ouvre le passage et je m'engouffre Léna sur mes pas. A même la roche, je progresse le long de la falaise. Une rambarde me sépare du contrebas où l'eau s'écrase sur les rochers. Le paysage est superbe, mais je n'en profite comme il se doit, pressé par le temps. J'avance à bonne allure, néanmoins sans courir, c'est trop dangereux. Je fais attention où je pose les pieds sur les escaliers naturels, étroits et glissants avec pour consigne l'interdiction de tomber et de se blesser. De furtifs coups d'œil vérifient que ma coéquipière et me suit bien, qu'elle n'est pas en difficulté. Je suis agréablement surpris de voir qu'elle me talonne. Durant notre cohabitation, elle n'a jamais montré la moindre accroche avec un quelconque sport, mais finalement, sa condition physique n'est pas si mauvaise.

J'ignore au maximum les caméramans postés sur le chemin, appliquant la règle donnée par la production: ne pas interagir avec les caméras sauf si nous sommes sollicités pour. S'habituer à leur présence n'a pas été évident, bien qu'elles fassent désormais partie du décor.

Je me stoppe devant un premier pont.

Merde, Enzo ne réfléchis pas, avance.

Léna manque de me percuter. Je fonce, les yeux fermés.

Ne pas regarder en bas, ne pas regarder en bas. Enzo, rassure toi, ce n'est pas haut.

Lorsque le deuxième arrive, je prends de nouveau sur moi et presse le pas, mais mon palpitant s'emballe. Léna ne remarque pas mon mal être. Heureusement, sinon j'en entendrais parler pendant des jours. Un mec comme moi avec le vertige ! Impensable.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]حيث تعيش القصص. اكتشف الآن