Mercredi 25 février - V2

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Essonne — mercredi 25 février 2026

Léna

Je me réveille en sursaut, un bruit, un plop me sort de mon sommeil. Cela fait à peine quelques heures que j'étais plongée dans les bras de Morphée. Deux heures, tout au plus. C'est bien trop peu de repos. Je ne m'y attendais pas, je n'y crois pas. Je me lève d'un bon, à cette sensation, comme une pression qui s'est relâchée. Après quelques secondes, je sens un liquide dégouliner le long de ma jambe.

Merde !

— Enzo, tenté-je. Enzo ?

Il sort de sa chambre, vêtu seulement d'un bas de jogging. Je me dirige vers la salle de bain tant bien que mal en essayant de ne pas en mettre partout, c'est peine perdue. Je sème sur mon chemin, involontairement, des gouttes tel le petit poucet.

— C'est le moment Enzo, il va falloir que tu m'emmènes.

— Euh, oui. Je m'habille. Elles sont où tes affaires ?

Il panique. Cela s'entend au son de sa voix.

— Enzo ? Zen, c'est moi qui accouche, pas toi.

— Oui, oui pardon.

Autant ces derniers jours, j'hésitais. Je passais mon temps à enregistrer la fréquence de mes contractions très rapprochées pour décider ou non si je devais partir pour la maternité. Je me suis toujours ravisée, jugeant mes contractions, pas assez douloureuses, uniquement inconfortables et épuisantes. Autant aujourd'hui, plus aucun doute n'est possible. J'ai perdu les eaux, il faut filer. Je n'ai pas vécu une grossesse calme et sans embûches. Désormais, cela fait plus de quarante semaines que je porte la vie, après une longue période alitée, stressante.

— Tu peux m'aider à mettre mes chaussures stp ?

— Bien sûr, enfin me salis pas hein ! rigole-t-il, tentant de nous détendre tous les deux avec ses propos. Comment tu te sens ?

— Pour le moment, ça va.

— Ça contracte ?

— Pas vraiment.

— Tu veux que j'appelle Chloé ?

— À la maternité, je préférerais d'abord qu'on parte, on a le temps de la prévenir après.

— D'accord.

En réalité, j'aimerais qu'Enzo m'accompagne jusqu'à la naissance de ma fille mais je suis incapable de le lui avouer.

Nous prenons la route en cette nuit fraîche de début de printemps. Enzo met la musique et nous chantons à tue-tête, décompressant. Je suis heureuse, excitée même si j'appréhende un peu. Je vais rencontrer mon bébé. C'était à la fois long et court. Plus nous nous rapprochons de la maternité, plus les contractions sont douloureuses. Je maudis cette dernière portion de trajet, avec cette route escarpée, déformée, pleine de nids de poule. Elle est interminable.

Je rentre dans le service des urgences, empruntant l'ascenseur pour rejoindre le service gynécologique. Je sonne. Une sage-femme m'accueille et me pose toute un tas de questions auxquelles j'ai du mal à répondre. J'attends la fin d'une contraction pour bredouiller quelques mots avant qu'une autre prenne possession de mon corps. L'interrogatoire s'éternise, la douleur me fait perdre la notion du temps.

Enzo reste un peu à l'écart pendant que la professionnelle vérifie mon col. Il est ouvert de quelques doigts. La poche des eaux est rompue, mais je n'avais aucun doute là-dessus. On m'installe pour un monitoring et cette fois je vois très distinctement les contractions et leur intensité sur le papier. Rien à voir avec celles constatées lors de mon hospitalisation.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant