Samedi 7 juin Quater - V2

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Léna

Stepping stones, notre deuxième zone de recherche. Devant nous se dressent les rochers, fidèlement reproduits par le croquis. Ils prennent la forme de flèches plantées au cœur de la rivière, créant ainsi un petit barrage naturel. L'eau s'écoule autour de ses pierres, immergées sous quelques centimètres, avant de reprendre ses droits. Un chemin se profile à l'autre extrémité de la rive. Cependant, est-il réellement envisageable de traverser à cet endroit ? Le courant semble puissant, je redoute de glisser et de me retrouver les fesses dans le fossé.

— On s'organise comment cette fois ?

— Chacun une rive ? propose Enzo.

— Je prends celle-ci ! Bon courage.

— Bizarrement, je m'y attendais. Tu es trop prévisible !

— Petit joueur ! lui crié-je tandis qu'il court rejoindre le pont en amont.

De mon côté, je cherche, je scrute, mais ne vois rien. Je m'approche de l'eau au cas où elle soit dissimulée dedans mais aucune tache de couleur ne se démarque.

Je ne perds pas espoir et approfondis mes recherches perdant toute notion du temps. J'ai l'impression d'y avoir passé des heures, pourtant Enzo n'est toujours pas de l'autre côté.

Des bruits attirent mon attention : Ruby, accompagnée de Tao. Je m'approche, contente de voir une tête connue et sympathique. Toute excuse est acceptable pour quitter ponctuellement mon poste, penser à autre chose ne peut être que bénéfique.

— Hey les amis !

— Léna ! Comment ça va ?

— La journée est longue, mais on s'accroche. Et vous les amoureux ?

— Fatiguants, mais on y croit. Pour info Nana, il y a d'autres stepping stones juste un peu plus loin !

— Quoi ? Vraiment ?

— Tu sais que tu peux me faire confiance !

— Oh merci ! l'enserré-je dans mes bras. Vous avez déjà été à l'hermitage ?

— Pas encore.

— Alors séparez vous ! L'un doit aller de l'autre côté de la rive.

— A oui ? D'accord merci du tuyau. Tao, tu retournes en arrière pour traverser ?

— OK, j'y vais ! opine-t-il.

— Y'a un pont plus loin, t'inquiète pas. Ça fait plaisir de voir qu'on peut s'entraider. Je vais prévenir Enzo.

— Allez, on file, courage !

Elle dépose un baiser sur ma joue et file.

— On peut remercier nos potes, franchement! On aurait perdu un temps fou et surtout on se serait énervé l'un sur l'autre. C'est certain avec ton caractère de cochon, lancé-je à Enzo.

— Sûrement, mais n'y pensons pas.

— Tu sais que l'un de nous va devoir traverser ?

— Honneur aux dames !

— Ouais, ça, c'est quand ça vous arrange. Je te laisse la primeur volontiers.

Après des négociations, Enzo se dévoue et se lance.

— Fais gaffe à pas glisser !

— On s'inquiète pour moi maintenant princesse ?

— Tu me vois te porter parce que tu t'es fait mal ? Non, alors tu as ta réponse.

— Tu pourrais au moins faire semblant de tenir à ton homme ! ricane-t-il.

D'abord prudent, il accélère la cadence quand l'eau remonte sur ses chaussures, mais finalement se stoppe.

— J'espère qu'elles sont waterplouf tes chaussures, annoncé-je quand je vois l'eau qui ruisselle dessus.

— J'aime ton anglais, tu sais ?

— C'est marrant non ? Moi j'aime bien.

Il finit sa traversée, hilare.

— Pourquoi tu t'es arrêté ?

— Regarde là, me dit-il, en me désignant un point dans l'eau.

— Ils ont osé, m'écrié-je.

— C'est ton tour !

— Tu rigoles ? Tu es déjà mouillé, un peu plus ou un peu moins... je te tiens tes affaires si tu veux.

— Comme c'est généreux de ta part ! ironise-t-il.

Il retire lentement ses chaussures, ses chaussettes suivent, laissant ses orteils entrer en contact avec la terre fraîche et humide. Il remonte son pantalon avec délicatesse le bas de son pantalon, révélant d'abord ses chevilles puis ses mollets bien dessinés. Je m'attarde un peu trop sur ses gestes.

— Merci l'odeur, répliqué-je pour noyer le poisson lorsqu'il me prend sur le fait accompli, en pleine séance de matage.

— Fais gaffe, sinon je te fous à l'eau et on en parle plus.

La seconde amulette dans les mains, nous débattons sur notre lieu de couchage. Plusieurs options s'offrent à nous. Nous pourrions trouver des locaux acceptant de nous accueillir, mais bien que cette solution soit confortable les habitations sont loin et vu l'heure, ce n'est pas poli. La deuxième possibilité serait de remonter au parking, dans les locaux des sanitaires, là où nous avons rempli nos gourdes et où nous nous sommes soulagés avant de partir à l'assaut de la réserve, mais aucune garantie que le bâtiment reste ouvert la nuit. La dernière solution est de retourner à l'hermitage, en espérant que les autres équipes n'aient pas la même idée. Au moins, cet abri en pierre a le mérite de nous protéger du temps. C'est un choix purement stratégique, car en bord de rivière. La pièce manquante, les arbres enlacés.

De retour à l'Hermitage, Enzo s'assoie sur le banc, s'adosse contre le mur et d'un geste de la main m'invite à m'installer entre ses jambes. Je me blottis dans ses bras tout en nous recouvrant de notre couverture de survis. Nous engloutissons une barre de céréales avant de chercher le sommeil. Je repose ma tête contre son épaule, mon nez trouvant son cou. Grave erreur, son parfum s'infiltre dans mes narines, éveillant mes sens. Mon pouls s'accélère. Pourvu qu'il ne le remarque pas. Léna la situation devient critique. Apprend à contrôler tes hormones ! Sa chaleur m'enveloppe et exténuée, la fatigue m'emporte.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Where stories live. Discover now