Mercredi 25 Juin Ter - V2

223 39 20
                                    

Léna

Une odeur de propre flotte derrière nous de notre chambre jusqu'à la salle de restaurant. Le sourire n'a pas quitté nos lèvres. Nos bouches impatientes sont prêtes à goûter tout ce qui se trouvera dans nos assiettes. Nous nous installons sur la table dressée spécialement pour l'occasion. L'ambiance avec sa lumière tamisée, les bougies, l'emplacement isolé à la vue imprenable sur la nature, promet une soirée romantique. En arrivant, je ne peux m'empêcher de remarquer la caméra qui a été installée pour capturer les moindres faits et gestes de notre tête-à-tête. Enzo aussi a bien noté sa présence, il me regarde d'un air entendu. Il va falloir jouer le jeu à merveille et ne pas trop se laisser aller. Inutile de nier, je sais pertinemment qu'entre nous il n'y aura pas que de la comédie. J'aime être proche d'Enzo. J'aime sa présence, j'aime ses gestes et sa proximité. Chaque contact, bien que cela soit pour le spectacle, me fait frissonner. Je mens au public autant que je me mens.

Enzo tire délicatement ma chaise pour que je m'y assoie, avant de prendre place sur la sienne, en face de moi, non sans avoir préalablement déposé un chaste baiser sur mes lèvres. Mes joues rosissent probablement, je me reprends.

— Tu réalises que c'est pour nous ? lui dis-je.

— Et dire que les autres sont au campement.

— On a tout déchiré, on peut être fiers de nous.

— On a su être coordonnés et s'écouter, normal qu'on soit récompensés. Pour une fois.

— Tu penses que les précédents conforts étaient aussi bien ?

— Pas sûr, mais je risque d'y prendre goût.

Nous sommes interrompus dans notre conversation lorsqu'un serveur dépose sur la table une entrée composée de différents assortiments : les traditionnels pains à l'ail ainsi que des champignons à l'ail également. Le tout est appétissant.

— Pour un repas de couple, il aurait pu éviter l'ail, plaisante Enzo.

— J'espère au moins que tu n'as pas oublié ta brosse à dents.

Je me délecte en portant à mes papilles une première fourchette de champignons. C'est une explosion de saveurs. J'avais presque oublié les sensations que procure un bon repas. Un mois de privation et de nourriture basique et je redécouvre tout comme si c'était la première fois. Le regard brillant d'Enzo et la rapidité avec laquelle il enchaîne les mouvements de va-et-vient de l'assiette à sa bouche, me confirment que lui également, il prend du plaisir. Nous dévorons notre entrée, sans prendre le temps de discuter, des fois qu'on nous l'enlève de sous le nez.

— C'est trop bon.

— Tu m'étonnes et ce n'est qu'un avant-goût.

Après avoir englouti mon assiette de Guinness stew, je suis repue. Ce bourguignon revisité à la bière, accompagné de sa purée de pommes de terre avec ses carottes croquantes et une fondue de poireaux, était excellent.

— Je ne sais pas si je vais pouvoir toucher au dessert, l'informé-je.

— Mais si, mange, reprends des forces.

— Tu sais, mon estomac s'est habitué.

— Normalement, tu as toujours de la place pour une petite douceur. Me fais pas croire le contraire.

— On est d'accord qu'on parle bien de dessert ?

Heureusement que le serveur ne saisit pas mon sous-entendu, lorsqu'il arrive avec ses assiettes.

Un sourire en coin, je change de sujet avant qu'Enzo ait le temps de me révéler si oui ou non, sa phrase possédait un sens caché.

— Tu as qualifié le dessert de petit ? Tu as vu l'assiette toi !

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Where stories live. Discover now