Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]

Mercredi 3 septembre - V2

Essonne — mercredi 3 septembre 2025

Léna

Cela fait deux heures que je tourne en rond dans la maison. Chloé doit passer me prendre pour aller à mon premier rendez-vous de contrôle. Je suis excité, je ne sais même plus quoi faire de mon corps. Un coup je vérifie pour la énième fois mon sac à main, voir si j'ai bien tous mes documents ainsi que mes papiers d'identité. Un autre coup, je nettoie frénétiquement la cuisine, pour être sûre que rien ne traîne. Puis je m'attaque au salon. Tout me passe sous la main, histoire de les occuper et faire écouler le temps plus vite. C'est fou comme cet état me transforme totalement, moi qui suis bordélique sur les bords. C'est d'ailleurs un trait de caractère qui mettait Enzo hors de lui durant les premières semaines que nous avons vécues ensemble. Depuis, il s'est habitué et j'ai pris sur moi pour m'améliorer sur ce point.

— Allo ?

— Léna, c'est moi.

— Tu arrives bientôt ?

— Euh écoute bichette, je suis désolée, je crois que tu vas devoir faire sans moi.

— Quoi ? Mais tu m'avais dit que tu m'accompagnais !

— Je sais, mais je suis dans les bouchons. J'aurais vraiment voulu être là, mais je crois que je ne serai jamais à l'heure.

— Même si tu me rejoins là-bas ?

— Oui, j'en ai bien peur. Je suis désolée, désolée. M'en veux pas.

— Non, bah tu n'y es pour rien. Mais qu'est-ce que les gens foutent sur la route en plein milieu de la journée ?

— Y'a eu un accident, et je suis à l'arrêt, c'est vraiment pas de bol.

— Bon, je vais me débrouiller du coup. Bon courage pour les bouchons.

— Merci, tu me tiens au courant promis ? Tu m'appelles dès que tu sors.

— Oui, promis. Bisous

Et je raccroche, dépitée et triste qu'elle ne m'accompagne pas. Ce rendez-vous est important et tous les couples le partagent avec plaisir. Là, je me faisais une joie d'y aller avec ma meilleure amie et de me sentir soutenue dans cette grossesse. Je toque à la porte de la chambre d'Enzo. Je l'ouvre délicatement quand il m'invite à entrer. Il est en pleine séance de sport.

— Je voulais te prévenir que j'y allais, lui annoncé-je le visage fermé.

— Tu n'es pas avec Chloé ?

— Non, elle ne peut pas venir. Elle est coincée sur la route.

Je ravale la boule qui se crée dans ma gorge lorsque je prononce ces paroles. Cela m'affecte bien plus que je ne l'aurais pensé.

— Merde ! OK, tu me laisses cinq minutes ?

— Euh... mais pour quoi faire ?

— Bah, je viens avec toi. Quelle question !

— Te sens pas obligé tu sais, tu es occupé.

— Ouais, tu parles, je suis déjà musclé comme un dieu, pas besoin de faire semblant. Je me douche, j'arrive. Tu m'attends OK ?

— OK, mais dans cinq minutes, je pars.

— Fais pas genre princesse, maintenant que tu sais que je viens, tu vas m'attendre.

— Grouille-toi, tu perds du temps !

Je m'assieds sur son lit pour patienter. Mes jambes tressautent d'empressement. Il a raison, dans tous les cas, je ne pars pas sans lui, maintenant que je sais que je n'affronte pas ce contrôle seule. Certes, y aller avec Enzo est particulier, il va obligatoirement être catalogué comme le père, mais je suis soulagée. Est-ce égoïste de ma part de le laisser venir ? Et s'il entendait des remarques déplacées suite à l'émission ? La gynécologue qui me suit est une professionnelle. Je ne la vois pas faire la moindre allusion. De toute façon, ce n'est pas le genre de femme à regarder ce genre de programme télévisé. Par contre, les gens que nous croiserons dans la clinique ne se priveront pas pour exprimer leur opinion et je n'aurai aucun contrôle là-dessus. C'est un peu l'envers du décor. Je savais qu'en faisant partie de cette aventure, ma vie changerait, mais je n'avais pas réalisé à quel point. Je ne m'attendais pas à ce qu'on me reconnaisse aussi facilement dans la rue en allant faire mes courses. On est même venu me demander un autographe comme si j'étais une star alors que je n'en ai rien d'une. J'ai bon espoir que tout cela se tasse avec le temps. C'est comme une mode, elle passe. D'autres prendront ma place et je retrouverai mon anonymat.