Jeudi 4 septembre - V2

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Essonne — jeudi 4 septembre 2025

Enzo

À cette heure tardive de la matinée, je m'affaire en cuisine. J'ai décidé de faire concurrence à Léna en préparant des crêpes. Je me souviens de la première fois qu'elle m'en a fait, lorsqu'elle a emménagé ici, tout comme je me rappelle d'avoir perdu au jeu de celui qui en mangerait le plus. Hier, elle était surexcitée et je ne sais toujours pas comment nous en sommes arrivés là, mais elle m'a remise au défi. J'ai accepté et cette revanche je veux l'avoir. Elle dort encore profondément, comme un bébé, alors je suis aux fourneaux. Sinon, je n'aurai pas l'occasion de lui prouver que cette fois je peux gagner. Ma tablette, posée dans un coin de plan de travail, affiche une recette trouvée sur le net. Il y a autant d'ingrédients dans mon récipient qu'à l'extérieur, sans que cela ne me dérange. Pour une fois, je laisse ma maniaquerie de côté. Je suis décidé à arriver au bout de mon challenge personnel. Cette pâte à crêpes sera la meilleure qu'elle n'ait jamais mangée, mais c'est moi qui en ingurgiterai le plus.

La sonnerie de mon téléphone me coupe dans mon élan.

— Ouais ?

— Salut Enzo ! Comment ça va ?

— Hey Tao. Bien et toi ?

— Ça va, un peu la folie depuis le retour. Je ne sais plus où donner de la tête.

— Tu m'étonnes, tu as fait la une des journaux. D'ailleurs, je vous remercie encore une fois que ce que vous avez fait pour nous.

— C'est rien mec, avec plaisir. Tu verrais Ruby, je ne la contrôle plus. Depuis qu'elle m'a révélé la vérité, elle se lance dans des plans sur la comète !

— À ouais ? Et que t'a-t-elle réservé ?

— Pour le moment rien, je calme ses ardeurs, mais je pense que nous allons commencer par partir quelques semaines en amoureux.

— C'est super.

— D'ailleurs, elle essaie de joindre Léna depuis ce matin, mais elle n'a pas de nouvelles. J'espère qu'elle va bien.

— Oh oui, ne t'en fais pas, elle larve juste, elle dort encore !

— À bon ? Comment tu sais ça toi ?

Oups, je viens de me griller comme un bleu.

— Je te raconterai ça plus en détail la prochaine fois, mais elle est revenue habiter chez moi le temps de se trouver un autre logement, je pensais que Ruby te l'avait dit.

— Hum. Je vois. Tu sais Ruby me dit pas tout.

— Tu ne vois rien du tout, je te jure que c'est...

— Ruby, viens par là, Enzo est avec Léna, tu vas pouvoir lui dire de vive voix. Attends Enzo, je te mets en haut parleur.

— Salut Ruby.

— Enzo ! Je suis contente de t'entendre. J'espère que tu vas bien ! Tu peux me passer ma copine maintenant ?

— Tu vas toujours droit au but toi ! Et je ne suis toujours pas la priorité, Léna, toujours Léna, la taquiné-je.

— Désolée, mais les gonzesses d'abord !

— Bon, je vais voir si elle est réveillée.

Tandis que je mets l'appel sur haut-parleur, j'ouvre délicatement la porte de Léna, elle bouge lentement en prononçant quelques grognements qui n'ont rien de féminin.

— Léna, bouge-toi princesse, c'est Ruby !

— Ruby ? interroge-t-elle, encore endormie.

— Oui Ruby, allez debout !

Je rigole de la situation, si Ruby voyait la tête de sa copine, elle lui remonterait les bretelles et elle ne lui aurait pas permis de ronfler encore à presque onze heures. Ruby est une femme du matin, qui a la bougeotte. Sur l'île, c'était toujours l'une des plus actives et surtout des plus matinales.

Léna se redresse lentement, ouvrant un œil.

— Je te vois pas, bougonne Léna.

— Au téléphone bécasse !

Un nouveau grognement arrache cette fois l'hilarité de nos amis.

— Bon et bien maintenant que tout le monde est apte à nous écouter, on appelait juste pour prévenir que vous avez dû recevoir vos virements ! Comme promis, vous avez chacun reçu cinquante mille euros sur vos comptes bancaires respectifs.

— Quoi ? Sérieusement ? s'étonne Léna.

— Bah oui, chose promise, chose due.

— C'est l'un de mes meilleurs réveils, s'écrie Léna qui a retrouvé en un claquement de doigts toute son énergie.

Nous les remercions tous les deux chaleureusement, le sourire aux lèvres, bien qu'ils ne puissent pas le voir. Léna n'arrête pas d'exprimer sa reconnaissance, qu'elle jure éternelle à leur égard. Je mets un terme à notre échange. Léna ne gaspille pas une seconde pour me sauter dans les bras. La pile électrique est de retour. Sa batterie est rechargée, j'ai peur pour la suite de la journée.

— Hum, ça sent bon... Ne serait-ce pas des crêpes que je sens là ?

Finalement, ne vais-je pas perdre une nouvelle fois cette bataille ? Le doute s'installe, je dois en avoir le cœur net.

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz