Samedi 31 mai - V2

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Île de Tory — samedi 31 mai 2025

Léna

La nuit ne fut pas aussi réparatrice qu'escomptée. Je me suis retournée sans cesse, dans un sens puis l'autre. J'aurais aussi bien pu dormir à même le sol, cela n'aurait pas fait de différence. Le matelas n'a qu'une fonction : l'isolation, délaissant son rôle premier: le confort. En pleine nuit, frigorifiée, j'ai récupéré la couverture de survie pour me réchauffer, et maintenir ma chaleur corporelle ainsi que celle d'Enzo venu se coller à moi.

Mon voisin dont les grognements témoignent d'une nuit tout aussi agitée que la mienne se réveille.

— Bien dormi ? ironisé-je.

Un bruit plaintif est la seule réponse que j'obtienne.

J'effectue quelques mouvements doux, afin de détendre mes muscles endoloris et ecchymosés par les positions peu appréciables que j'ai maintenues durant des heures.

La bouche pâteuse, je meurs de faim. Malheureusement, nous n'avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent. Avec une banane chacun, nous n'irons pas loin. J'ai hâte d'avoir des informations concernant la nourriture. Point positif, nos gourdes sont pleines. J'avale de grosses goulées pour leurrer mon estomac.

Je déplace légèrement le rideau pour jeter un œil à l'extérieur. Une douce lumière pénètre dans la cabane. Le temps est incertain, les nuages jouent avec le soleil. Pourtant, le paysage reste absolument sublime. L'extérieur ressemble au paradis, tandis que l'intérieur à l'enfer. Pourtant, les deux sont indissociables.

J'aère et l'odeur humide de la rosée du matin pénètre à travers l'ouverture de la fenêtre.

Je me change rapidement, enfile mon coupe-vent et m'attelle à la visite du camp. Hier, je n'ai pas pris le temps d'explorer les lieux. Ce matin, la curiosité d'en découvrir davantage l'emporte. Je reconnais, parmi les candidats déjà debouts, Ruby. Contente de la voir, je vais à sa rencontre.

— Salut ! dis-je en la rejoignant.

— Eh ! Salut !

— Bien dormi ?

— Je crois que mon lit me manque déjà, mais il faut croire que j'ai signé pour ça ! Tao lui par contre, fait la gueule. Ah ces hommes fragiles !

Elle rigole de bon cœur. Je ne la connais que depuis quelques heures, pourtant cette femme a le don de nous transmettre sa joie de vivre, de façon tellement naturelle que s'en est déstabilisant.

— Tu as fait le tour des infrastructures ?

— Quelles infrastructures ? blague-t-elle. Il n'y a pas grand-chose. Je te fais visiter si tu veux.

— Avec plaisir !

Accompagnée de ma nouvelle partenaire, je découvre un préau commun avec trois tables de pique-nique et un brasero.

— Voilà ! On a fait le tour, me dit-elle tout sourire. Et là-bas, la cabane que tu vois c'est le magasin Amour & Embûches. Il est fermé.

— Ah d'accord, comment tu sais ?

— C'est écrit sur la porte, j'ai voulu regarder dedans, mais on voit rien. Les fenêtres sont opaques.

— Tu es maligne !

— On est dans un jeu !

Vers dix heures, une musique retentit, suivie d'une voix.

« Jour 1 - Bienvenue ! Merci de vous rassembler sous le préau, des informations vont vous être communiquées ».

Amour et Embûches [Sous contrat d'édition]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora