Souls of Alphas

Nouvelle école veut dire nouvelle vie. Et la mienne commençait maintenant, dans ce lycée. Mais peu importe ce que je pensais, ce qui importe c'est qui je paraissais être. Et je ne voulais pas être la nunuche de service. J'avais déjà eu assez de mal à me défaire de cette image superficielle que l'on associe à toutes les filles. Bien sûr, j'étais une jolie fille, au physique considéré par beaucoup comme "parfait". Mais j'étais bien plus profonde que cela, j'étais intelligente et je ne désiraispas passer ma vie à le cacher. La seule chose que les autres filles que j'avais quelque fois considérées comme mes amies savaient savaient étaient la façon d'accorder ces chaussures à son vernis à ongle. Bien sûr, j'aurais sans doute du m'en contenter, j'aurais été bien plus normale, mais je ne pouvais pas m'y résoudre. Je n'était pas comme elles, et cela se remarquait au premier regard, je le voyais dans les yeux des autres, dans la façon qu'ils avaient de se retourner quand je marchais dans la rue afin de me voir. Je n'étais pas une pom-pom girl américaine populaire. J'étais simplement une belle fille, avec un beau corps dont je prenais soin. Mais cela, tout le monde le remarquait avant de voir cette lueur qu'il y avait dans mes yeux. J'étais ambitieuse, je savais me faire entendre, et j'en voulais au monde entier. Pour tout, pour rien. Pour m'avoir nommé Corinne, pour m'avoir fait déménager de ce lycée auquel j'avais enfin réussi à me sentir intégrée en dehors de mon apparence physique. Car si j'avais beaucoup d'amies, je ne rigolais pas franchement avec elles. Je n'avais jamais été du même monde, en réalité.

Evidemment, j'étais heureuse. Pas comme je l'avais imaginé enfant, mais je l'étais d'une autre manière qui me satisfaisait entièrement. J'étais ce que je ne voulais pas être: une fille superficielle en apparence. Je n'arrivais pas à me démarquer des autres, de peur d'être rejetée. De peur de perdre ce que toute fille de mon âge désirait: être acceptée, même si c'était pour ce que je n'étais pas.

Mais depuis, je voulais changer. Et cette nouvelle vie allait me le permettre. J'allais enfin recommencer à zéro, devenir ce que je voulais, peu importe ce dont en pensaient les autres lycéens. J'allais enfin pouvoir me montrer comme j'étais réellement. Et cela représentait pour moi une chose essentielle. Je n'avais jamais été aussi heureuse de pouvoir me recréer. Et cette journée allait être 'inauguration" de ma nouvelle personalité. J'allais enfin savoir si il fallait que je reste cette fille superficielle et légère que j'étais depuis longtemps, où si je pourrais enfin me montrer telle que j'étais. Et ça me plaisit. Le frisson que me procurait cette première journée allait sans doute être ephémère, mais je voulais qu'il reste ancré en moi, pour toujours.

Je sortis donc de mon lit, cette fois pleinement réveillée. J'enfilai un jeans et un pull que j'adorais depuis longtemps. Je me regardai dans la classe. Mes cheveux, que j'avais lavés soigneusement la veille, étaient légèrement ondulés, et les rayons du soleil y dessinaient des reflets ors là où mes cheveux étaient normalement bruns chocolat. J'adorais les laisser flotter au vent. J'avais de la chance d'avoir de tels cheveux. Ils étaient doux, et faciles à coiffer. Je me regardai dans la glace, me débarbouillai le visage et descendis à la cuisine afin de me restaurer. Cette première journée allait être décisive. Je me devais d'être en forme.

Evidemment, je ne commençais pas les cours en début d'année, mais en plein milieu. Quoi de mieux pour se faire remarquer? Nous étions le 11 janvier 2010, et je me sentais enfin prête à affronter ma "rentrée". Je pris donc mon petit-déjeuner, et remontai dans ma chambre. Là, je me maquillai, légèrement, mais tout de même assez pour que cela se voie. A dix-sept ans, on ne cherche pas à paraître gentille ou naturelle. On veut plaire.

Je finis de me préparer et sortis de la maison. L'école se trouvait prêt de chez moi, peut-être à quinze minutes. Je décidai d'y aller simplement à pied, et chaussai donc mes bottes. Je me sentais enfin prête à être moi-même. L'air frais du matin me frappa, et j'enroulai mon écharpe plus serrée autours de mon cou. Mes pas se traçaient parmis les tas de neige, et mes bottes commençaient déjà à être humides. Je regrettai d'avoir pris celles qui n'étaient pas très hautes. Mais je continuai. Je ne voulais pas être en retard dès le premier jour.

J'arrivai enfin devant mon collège, un bâtiment assez normal. Les tons gris allaient bien avec le ciel, lui aussi gris. Je remarquai que beaucoup me regardaient, sans doute surpris que j'arrive en plein milieu d'année. Mais cependant, leurs professeurs avaient sûrement du les prévenir, non? Bah, peu importait. Au moins on me remarquait, ici, pas comme là-bas, où on ignorait les autres. Je sentais qu'il me serait plus facile de m'intégrer à cette ville-ci. Je fis un mouvement ample de la tête afin de ramener mes cheveux derrière mon visage, et je remarquai une bande de garçons. Ils étaient tous très beaux, assez mystérieux. Plusieurs filles rougissaient en les regardant, et je compris qu'il devait s'agir du groupe populaire. Mais je n'y voyais aucune fille. Soudain, une bande de filles jacassantes s'avancèrent vers eux et s'asseyèrent avec aisance près d'eux. Je les haïssais; elles étaient sublimes. Bien plus que dans mon ancienne école. Ce devait sûrement être le groupe populaire des filles, et je décidai de les contourner. Je commencerais par me faire des amis assez "passe-partout", au moins je n'aurais pas d'ennuis. Puis, je m'arrêtai. Non, il ne fallait pas que je réfllchisse ainsi. J'allais être amie avec des gens qui me plairaient. Point. Je n'allais pas passer pour la fille calculatrice et froide. J'allais être moi-même. Je devais cesser de penser aussi mécaniquement.

Je continuai mon chemin tout en secouant légèrement la tête. Je regardai mon horaire, et me rendis dans la première salle de classe où j'allais avoir cour. Je commençais par deux heures de français, et les élèves étaient pour la plupart déjà regroupés autours de quelque bans, ou devant des casiers. Je me figeai, regardai timidement autours de moi, et m'assis délicatement sur le banc. Aussitôt, une fille me remarqua et s'approcha de moi avec un grand sourire amical.

Ses longs cheveux blonds ondulés contrastaient avec l'apparence morne du couloir, elle paraissait rayonnante. Elle s'arrêta devant moi, me fixa un moment, puis s'exclama:

- Jess Cooper! T'es la nouvelle?

- Corinne Brown. Oui, c'est moi.

- Parfait! Je vais pouvoir t'apprendre la vie dans ce lycée!

Je compris qu'elle rigolait, et souris avec assurance. La sonnerie retentit, et Jess me proposa de m'installer à côté d'elle, ce que je fis après m'être présentée devant la classe. Nous allions commencer la leçon de littérature quand la porte s'ouvrit à la volée sur deux garçons. Il me semblait les avoir déjà aperçus. Puis, cela me revint; ils faisaient parti de la bande populaire.

Je les dévisageai. Ils souriaient avec insouciance au prof, qui fit un moment la moue avant de les laisser s'asseoir. Le premier avait les cheveux bruns foncés, et ils étaient savamment décoiffés. Il avait un air sombre et un visage assez carré. Le deuxième était encore plus beau; ses cheveux étaient plus clairs, plus ordonnés. Leur couleur me rappelaient une plaque de chocolat au lait... Tout en m'ôtant cette idée saugrenue de la tête, je cessai de les dévisager.

- Stephen est le "chef" du groupe populaire, et Tom son meilleur ami. Et, accessoirement, mon petit copain. Pas touche! me fit-elle avec un grand sourire.

Cependant, ce n'était pas lui qui attirait mon attention. Il se dégageait de Stephen quelque chose... de presque animal. Je sombrai dans mes pensées, puis finis par m'en sortir quand le professeur me demanda d'expliquer qui était Walter Scott. Je réfléchis un moment, puis je dis d'une voix peu assurée:

- Ivanohé?

Sur ce, la sonnerie retentit, et je sortis en compagnie de Jess. L'image de Stephen me hantait encore des heures plus tard, après une journée sans incidents.